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Près de 300.000 locataires de HLM font partie des 20% les plus riches

La France compte près de 16% de logements sociaux

La France compte près de 16% de logements sociaux - AFP

Si les locataires dans le parc social sont globalement plus pauvres et plus âgés que la moyenne, près de 3% d'entre eux disposent de revenus plutôt confortables.

Quel est le profil des occupants de HLM ? L'Insee publie ce mercredi une note précise sur le logement social qui permet de mieux s'en faire une idée. Au total, la France comptait en 2016 pas moins de 4,5 millions de logements sociaux, soit près de 16% du parc de logements occupés. Les HLM permettent ainsi de loger 10,7 millions de personnes.

Globalement, ces logements sociaux sont concentrés dans les grandes agglomérations. Aussi, 57% du parc social est situé dans les grandes unités urbaines de plus de 200.000 habitants. A tire de comparaison, ces grandes unités urbaines "ne rassemblent que 40 % des logements occupés sur l’ensemble du territoire". C'est en région parisienne (et en particulier dans la banlieue proche de Paris), dans le Nord et dans quelques grandes agglomérations comme Lyon, Nantes et Marseille, que la part de logements sociaux est la plus importante. "La ville de Paris concentre 5% du parc occupé des bailleurs sociaux (et 4 % du parc total de logements en France) et la petite couronne 12 % de ce parc (contre 6 % du parc total de logements)", détaille d'ailleurs l'enquête de l'Insee.

Ghettoïsation dans les quartiers prioritaires

Cette concentration peut même virer à la ghettoïsation. En particulier dans les quelque 1.200 quartiers prioritaires de la politique de la ville initialement listés via la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014 (on en dénombre aujourd'hui un peu plus de 1.500). "Dans ces quartiers, 68 % des logements sont des logements sociaux", souligne l'Insee. Et à eux seuls, ces quartiers pèsent 31% du parc HLM occupé actuellement.

Par ailleurs, l'âge moyen du locataire HLM, à 50 ans, est plutôt élevé. La même année, l'âge moyen des Français était en effet de 41 ans selon une autre étude de l'Insee. "Les ménages dont la personne de référence a entre 38 et 53 ans sont surreprésentés parmi les locataires du parc social. Avant 38 ans, on est surtout locataire dans le secteur libre et au-delà de 53 ans, plutôt propriétaire occupant", rappellent les auteurs de l'étude.

Un niveau de vie médian de 15.100 euros

Mais c'est du côté du niveau de vie des occupants que les données pourront surprendre. Globalement, en moyenne, le niveau de vie médian (50% des locataires sont au-dessus, 50% en dessous) des locataires de logements sociaux est faible et atteint 15.100 euros par an. Pour rappel, le niveau de vie prend en compte l'ensemble des revenus disponibles d'un ménage, y compris les aides sociales, auxquelles on retranche les prélèvements et impôts. Ce niveau de vie est ensuite rapporté à la taille et la composition des ménages et exprimé par individu. Assez logiquement, les locataires dans le secteur privé (17.900 euros) et les propriétaires occupants (23.300 euros) disposent d'un niveau de vie médian supérieur aux personnes qui résident dans des HLM.

Sur ce graphique, on voit d'ailleurs que, globalement, le parc HLM répond plutôt bien à sa vocation sociale. D'ailleurs, le taux de pauvreté (part des personnes en-dessous du seuil de pauvreté, qui correspond à 60% du niveau de vie médian) s'élève à 35% chez les locataires HLM, contre 23% chez les locataires du privé et 7% chez les propriétaires.

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Entre surloyer et mixité sociale

En revanche, près de 3% des occupants du parc social font partie des 20% les plus riches. Contactés par BFM Lavieimmo, les auteurs de l'étude estiment que cela représente près de 300.000 personnes. "Les deux tiers d’entre eux résident dans l’unité urbaine de Paris", précise aussi l'Insee.

Comment cela est-il possible ? Si les logements sont attribués en fonction des revenus lorsque les personnes obtiennent un logement HLM, ces ressources évoluent avec le temps, sans que cela ne les pousse nécessairement à partir. "Si leurs ressources dépassent de 20% les plafonds d’attribution liés au type de logement qu’ils occupent, un supplément de loyer de solidarité peut leur être facturé", indique la note de l'Insee. Impossible de savoir par contre ce que représente en moyenne ce surloyer et combien paient ces locataires aisés. Mais il y a fort à parier que les loyers versés sont généralement inférieurs à ce qu'ils paieraient dans le secteur libre. Sinon, ils auraient tout lieu de déménager. "Plus généralement, les occupants les plus aisés du parc social résident essentiellement (92%) dans les grands pôles urbains. L’avantage monétaire lié à des loyers moins élevés que ceux du secteur libre n’incite sans doute pas ces locataires à changer de logement, malgré les suppléments de loyers qu’ils peuvent avoir à acquitter", remarquent sobrement les auteurs de l'étude.

Certes, depuis la loi Égalité et Citoyenneté de 2017, pour les ménages habitant en zones tendues et dont les ressources sont supérieures à un certain niveau, "le maintien dans les lieux n’est plus garanti". Mais en fonction des critères fixés par les communes, cette option reste parfois très théorique. Par exemple dans la capitale, "71% des Parisiens sont éligibles à au moins un type de logement social", indique ainsi la mairie de Paris. Le plafond de revenus est donc de base assez élevé.

Par ailleurs, ces locataires plus aisés ont aussi un intérêt pour les bailleurs sociaux : ils rééquilibrent la balance en versant plus de loyers par rapport à des ménages très pauvres. Enfin, les ménages les plus riches sont plutôt de moins en moins nombreux dans cette situation. En 30 ans, de 1984 à 2013, le profil des occupants du secteur social a largement évolué. Sur la période, selon une autre étude de l'Insee, la part des ménages appartenant aux 25% les plus riches dans les HLM est passée de 12,6% à 5%. Ce qui n'est pas non plus sans poser des problèmes de mixité sociale.

N.B. : dans une première version de son étude, l'Insee mentionnait le chiffre de 2% des occupants du parc social faisant partie des 20% les plus riches, avant de le corriger pour porter cette proportion à 3%.

(Avec Diane Lacaze)

Jean Louis Dell'Oro