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A 79 ans, elle signe un CDI dans une crêperie car le restaurateur ne trouve pas de personnel

Une retraitée de 79 ans a signé cette semaine un contrat de travail de 25 heures par semaine avec une crêperie de Concarneau (Finistère).

Jacqueline Dervoust n'a pas besoin d'aide pour traverser la rue. A 79 ans, cette Bretonne continue de se rendre au travail tous les matins et vient même de signer un CDI de 25 heures par semaine dans une crêperie de Concarneau, rapporte Le Télégramme

A un âge où elle pourrait paisiblement profiter de sa retraite, cette habitante de Concarneau qui faisait des crêpes sur les marchés depuis 1986 n'envisage pas de rester à la maison. "C’est un pied dans la tombe, assure-t-elle au Télégramme. Je n’ai jamais arrêté de travailler. J’ai besoin de ça." 

"J'ai proposé cinq CDI, personne n'en a voulu"

Et la crêperie Mam’Breizh de Concarneau, Jacqueline la connait bien puisqu'elle y travaillait depuis 2016 en CDD. "J’ai croisé Jackie qui travaillait avec sa bilig dans un supermarché du coin. Je lui ai proposé du boulot, explique Hubert Poupard, le patron de la crêperie. Elle a enchaîné les CDD chez moi et me demandait toujours de ne pas l’oublier. Cette fois, je n’avais plus le droit de lui faire un nouveau CDD, alors on s’est mis d’accord sur un CDI pour qu’elle reste."

Mais pourquoi embaucher en CDI une personne de 79 ans dans une région (la Bretagne) où le taux de chômage touche tout de même 7,5% de la population active? Car selon le patron de la crêperie ne trouverait personne. "Je ne trouve pas de personnel, explique Hubert Poupard au Télégramme. Ils veulent tous bosser quatre mois l’été et toucher les allocations emploi derrière. J’ai proposé cinq CDI à l’issue de la saison, personne n’en a voulu. Je ne vous parle même pas de ceux qui refusent de bosser le soir ou les week-ends et encore moins de ceux qui, l’été, vous disent qu’ils ne veulent pas travailler pendant les Vieilles Charrues." 

Pourquoi ne pas augmenter les salaires?

Une pénurie de main d'oeuvre que confirme les chiffres de Pôle Emploi au niveau national. En France, il y aurait eu 200.000 à 330.000 abandons de recrutement en 2017 faute de candidat dont 110.000 à 181.000 sur des contrats durables. Principalement dans la restauration d'ailleurs puisque ce serait 100.000 postes qui ne trouveraient pas preneurs dans ce secteur selon l'Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH). 

Pourquoi ne pas alors augmenter les salaires dans ce secteur pour rendre ces métiers plus attractifs? Très difficile selon André Daguin, le président de l'UMIH, qui assure que les bilans des entreprises du secteur sont très moyens et qui plaide pour un allègement de charges (sociales et administratives) pour redonner de l'air au secteur. Un secteur pourtant choyé par l'Etat qui avait instauré un taux de TVA réduit (5,5%) au secteur. Réduction qui aurait bénéficié principalement aux entreprises du secteur selon un rapport de 2018 de l'Institut des politiques publiques (IPP).

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco