Stanislas Dehaene, professeur au Collège de France, spécialiste en psychologie cognitive expérimentale, propose de comprendre les processus d'apprentissage grâce à une meilleure connaissance du cerveau. Il appelle notamment à réhabiliter la curiosité et l'erreur dans les méthodes d’apprentissage.
- Stanislas Dehaene Neuropsychologue, professeur au Collège de France
Stanislas Dehaene, nommé par le ministre Jean Michel Blanquer à la tête du Conseil scientifique de l’Education nationale, un comité en chargé d'éclairer ses décisions concernant les apprentissages et la pédagogie, est l'invité des "Matins" de France Culture. Dans son livre Apprendre ! (Odile Jacob), il défend une pédagogie basée sur les neurosciences pour augmenter les compétences des élèves.
Apprentissage et environnement scolaire
En tant que scientifique, Stanislas Dehaene insiste sur le fait qu'il y a vraiment une compétence du cerveau humain pour les apprentissages et cela dès la naissance. Le bébé est curieux, il est attiré par ce qu'il ne connaît pas, puis pendant la petite enfance les questions "Pourquoi?", "Comment ça s'appelle ?" fusent. Stanislas Dehaene s'interroge alors : "Est-ce que l'école ne tue pas progressivement la curiosité ? Par exemple, en ne fournissant pas aux enfants un environnement assez stimulant, ou en fournissant un environnement trop difficile ? Il faut créer un environnement scolaire dans lequel la curiosité de l'enfant est suscitée et récompensée."
En tant qu'enseignant, il faut se situer dans une zone juste au-delà de ce que l'enfant a compris, dans une zone d'apprenabilité. De plus, l'enfant doit être actif, engagé dans l'apprentissage. Pour bien apprendre, il faut que le cerveau fasse attention, qu'il soit engagé, génère des hypothèses, qu'il ait un retour sur erreur et qu'il puisse consolider, répéter les apprentissages. L'enfant doit donc être sollicité. "Le cours magistral n'est pas la meilleure manière de procéder. Tout ce qui peut engager l'attention de l'enfant conduit à de bien meilleurs résultats que le cours magistral."
Réduire les biais cognitifs par des gestes pédagogiques
Par la pédagogie, on peut modifier l'image de soi qu'a un élève et qui est bien souvent négative. Il est possible de lutter contre les biais cognitifs qui empêchent l'enfant de progresser. Grâce aux sciences cognitives, on peut expérimenter de nouvelles pédagogies dans les salles de classes. "La plus grande découverte des sciences cognitives est d'avoir montré que dès le plus jeune âge, avant même de parler, les petits enfants sont en train de développer des modèles mentaux."
Le cerveau synthétise pendant la nuit les apprentissages de la journée, nous explique Stanislas Dehaene, d'où l'apport essentiel du sommeil dans la consolidation des savoirs. "On comprend que le sommeil n'est pas juste réparateur mais que c'est un facteur important de l'apprentissage. Or le sommeil des enfants a tendance à diminuer. Si les enfants manquent de sommeil, ils ont tendance à être agressifs et hyperactifs."
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