La grande majorité des actifs des 100 plus grands fonds de pension n’ont pas fait l’objet d’une évaluation des risques climatiques.
Si 195 pays ont ratifié l’Accord de Paris, seuls 10 % des plus grands fonds de pension publics se sont formellement engagés à s’aligner sur l’objectif de 2°C convenu dans la capitale française, selon une étude du think tank Asset Owners Disclosure Project (AODP).
Seuls 13 % des fonds de pension gérés collectivement par les 100 plus grandes caisses de retraite de la planète ont fait l’objet d’analyses, pour leur exposition aux risques liés au climat (tempêtes, inondations, vagues de chaleur, cyclones etc.)
Au total, 65 % des fonds de pension n’ont toujours pas adopté de démarche ISR (Investissement Socialement Responsable) par rapport au réchauffement climatique.
En découlent près de 10 mille milliards de dollars d’actifs non protégés contre les crises économiques qui seront causées par le réchauffement climatique, a averti l’AODP, rappelant le risque que cette situation représente pour les investisseurs.
En effet, les catastrophes naturelles, comme les inondations, les tempêtes ou la montée du niveau de la mer, peuvent avoir un impact considérable sur les biens et les infrastructures, ruiner les cours du jour au lendemain, et faire exploser les taux d’assurance en une nuit.
L’AODP a récemment publié un classement mondial des fonds de pension publics, basé sur leur prise en compte du climat : ce sont les fonds européens qui sont en tête de peloton.
L’AP7 en Suède et Varma en Finlande, les deux plus gros fonds de pension de leurs pays respectifs, ont été parmi les rares à analyser leurs investissements par rapport aux objectifs de Paris, confirmant le leadership des pays scandinaves en matière de politique climatique.
Toutefois, très peu de fonds de pension, 18 % pour être exact, ont prévu de revoir leurs engagements à la hausse en cas de mauvais résultats à l’évaluation, en recourant par exemple à des assemblées générales, à du travail collaboratif sur les résolutions climatiques les plus importantes, ou en fixant des objectifs avec échéancier à respecter.
« Les fonds de pension sont par définition supposés œuvrer sur le long terme, en investissant dans le meilleur intérêt de leurs bénéficiaires », a déclaré Paul Simpson, PDG du CDP, une organisation basée au Royaume-Uni, anciennement connue sous le nom de Carbon Disclosure Project.
« Quand vous prendrez votre retraite dans trente ou quarante ans, vous préférerez avoir le plus d’argent possible dans un monde à 4°C, ou un montant optimal dans un monde stable et sans danger ? Je préfère de loin le monde stable et sans danger », a confié Paul Simpson.
Toutefois, il a félicité les quelques rares fonds de pension qui avaient fait l’effort de tenir compte du réchauffement climatique, avant d’appeler à des « progrès plus clairs » dans leur manière de s’acquitter de leur obligation fiduciaire.
« Notre économie mondiale dépend directement des grandes caisses de retraite que nous avons évaluées », a déclaré Peter Uhlenbruch, responsable de l’engagement des investisseurs de l’AODP.
« Bien que près d’un tiers d’entre eux aient reconnu les risques physiques qui menacent leurs investissements, leurs politiques en matière de combustibles fossiles et leur engagement restent une faible réponse aux défis qui nous attendent », a-t-il ajouté.
« Ces organisations doivent avoir le courage de transformer ces connaissances en actes, en prenant des mesures concrètes dans l’engagement de leur entreprise, et en vérifiant où ils allouent leurs actifs, afin que les retraites de leurs bénéficiaires soient réellement protégées et préservées. »