Comment Mélenchon peut invectiver impunément sur son blog

Le patron de La France insoumise contourne la loi pour tenir des propos outranciers sur son blog sans pouvoir être inquiété. Explications.

Par

Les petites astuces de Jean-Luc Mélenchon pour ne pas être atteint par les plaintes en diffamation (Photo d'illustration). 

Les petites astuces de Jean-Luc Mélenchon pour ne pas être atteint par les plaintes en diffamation (Photo d'illustration). 

© CHRISTOPHE SIMON / AFP

Temps de lecture : 3 min

« L'ère du peuple », le blog de Jean-Luc Mélenchon, l'autorise-t-il à dire tout et n'importe quoi ? Il semblerait que le patron des Insoumis ait trouvé une petite astuce pour éviter de payer les pots cassés de ses propos outranciers. Comment ? Tout simplement en ne remplissant pas les mentions légales obligatoires figurant sur son site internet, empêchant ainsi toute poursuite judiciaire… Explications.

Le point du soir

Tous les soirs à partir de 18h

Recevez l’information analysée et décryptée par la rédaction du Point.

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

Comme l'avait raconté Le Point , Jean-Luc Mélenchon est en effet visé par plusieurs plaintes, notamment celle d'un journaliste de la rubrique « international » du Monde, Paulo Paranagua, que l'homme politique avait qualifié d'« assassin repenti » à la suite d'un article qui lui avait déplu. Mais alors qu'en 2017 Paranagua entend porter l'affaire en justice, il a toutes les peines à constituer sa plainte…

Absence de mentions légales

L'huissier mandaté pour l'occasion constate en effet : « Aucune des mentions légales obligatoires n'apparaît [sur son blog, NDLR], à savoir les nom, prénoms et domicile de monsieur Mélenchon, le nom du directeur de la publication et, le cas échéant, celui du responsable de la rédaction et enfin l'adresse et le numéro de téléphone de son prestataire d'hébergement. » En clair : le journaliste du Monde n'a aucun moyen légal de faire valoir ses droits.

Paranagua ne désarme pas et dépose une plainte pour non-mise à disposition du public d'informations identifiant l'éditeur et l'hébergeur d'un service de communication en ligne au public, une infraction passible d'un an d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende. En mars 2017, le procureur classe cependant la plainte sans suite, au motif que l'hébergeur du site est désormais déclaré sur le blog et Mélenchon présenté comme le « directeur de la publication ».

En clair : le chef de file des députés Insoumis a mis sa situation en conformité aussitôt la plainte reçue, afin d'éviter les ennuis. Comme quoi, Jean-Luc Mélenchon n'est pas toujours maltraité par la justice, comme il le laisse entendre depuis des jours… En réalité, l'homme politique est même très malin. Il sait que, si son adresse ne figure pas sur son blog, les convocations judiciaires ne lui parviennent pas. Et ce, d'autant plus que le chef de La France insoumise snobe régulièrement la justice, se permettant de sécher ses convocations devant le juge dans les contentieux de presse dans lesquels il est mis en cause.

Mélenchon ne devrait pas pouvoir se cacher derrière son immunité parlementaire

Bien décidés à obtenir gain de cause, Paulo Paranagua et son avocat, Me Vincent Tolédano, ont donc décidé d'agir au civil et de réclamer 10 000 euros de dommages et intérêts à l'homme politique. L'avocat considère en effet que Jean-Luc Mélenchon est de mauvaise foi et qu'il met tout en œuvre pour empêcher l'action en justice de personnes qui seraient éventuellement calomniées par ses écrits outranciers.

De plus, ajoute Me Tolédano, Jean-Luc Mélenchon ne devrait pas pouvoir se cacher derrière son immunité parlementaire en de pareils cas, sous peine de commettre un délit passible d'une peine d'emprisonnement. La loi sur la liberté de la presse, en son article 6, est en effet très claire : « Si le directeur de la publication jouit de l'immunité parlementaire [...], l'entreprise éditrice doit nommer un codirecteur de la publication choisi parmi les personnes ne bénéficiant pas de l'immunité parlementaire. » Comprendre : un lampiste qui endosserait la responsabilité pénale des propos excessifs du patron du parti.

Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaires (35)

  • Statler&Waldorf

    ... Et idem pour les blog de sa meute.

  • patachon91

    En mélangeant la cause et les effets, on finit par se ranger du côté de Mélenchon.

    1. L'audience médiatique est celle qu'il a voulu donner et s'offrir de manière spectaculaire par la vidéo de sa perquisition, s'intronisant persécuté, invectivant tout le monde, petite entrée en matière préparant le reste de ses éructations filmées, journalistes invités en sus,

    2. Renvoyant ensuite des flots de démentis aux médias, il a les a poussé à répondre à ses invectives en investiguant plus avant ses dénégations puisqu'il s'est aussi intronisé avocat, juge d’instruction, procureur et tribunal à la fois,

    3. Ce faisan, et compte tenu des points douteux que recèlent son dossier, ces médias les ont mis en lumière pour démonter ce qui pouvait être à l'origine d'enquêtes préliminaires, les conduisant à mettre en lumière ces points et lui donnant alors le beau rôle dans faire des médias à charge et complices...

    4. Et ce que vous appelez un acharnement médiatique a été allumé par lui et lui seul, son grand mérite étant d'avoir été suffisamment provocateur pour conduire les médias à exposer ce qui, depuis la commission des comptes de campagne, a été transmis au parquet pour enquête.

    Bref, Mélenchon a su, à minima, utiliser sa redoutable éducation politique de base, formé qu'il a été à l'agit-prop.

  • patachon91

    Que les incongrus soient, à la fin, victimes de leur propre illusion, cela en est la dernière démonstration.

    Qu'ils se montrent incapables d'utiliser eux mêmes leur propre incongruité est plutôt une bonne nouvelle...

    Il existe tant de précédents : poher, balladur, fillon, les Le Pen...

    To be continue...