Orthodoxie : après Kiev, les églises des Balkans tentées par la dissidence?

Déclaration commune signée le 19 octobre 2018 par le Patriarcat orthodoxe serbe (Irénée) et le Patriarcat grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient (Jean X) - antiochpatriarchate.org
Déclaration commune signée le 19 octobre 2018 par le Patriarcat orthodoxe serbe (Irénée) et le Patriarcat grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient (Jean X) - antiochpatriarchate.org
Déclaration commune signée le 19 octobre 2018 par le Patriarcat orthodoxe serbe (Irénée) et le Patriarcat grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient (Jean X) - antiochpatriarchate.org
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Le Patriarche de Moscou Kirill est aujourd'hui en Moldavie, pour empêcher de nouvelles divisions entre églises Orthodoxes. Deux semaines après la rupture avec Kiev, plusieurs patriarcats pourraient revendiquer leur émancipation. La mèche court en Europe, de Chisinau jusque aux Balkans…

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Alors que le Patriarche de Moscou Kirill affirmait vendredi que « la majorité absolue des chrétiens orthodoxes » soutenaient sa décision de rupture, certains analystes voient déjà se dessiner « deux mondes orthodoxes antagonistes » : l’un moscovite, l’autre "légitimiste" dans la ligne de Constantinople. 

Cette « guerre des synodes » (titrait le quotidien russe RBK) est un risque, après la reconnaissance le 11 octobre par le Patriarcat de Constantinople d'une église ukrainienne autonome de l'église russe : église « autocéphale ». 

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La plus menacée aujourd’hui est l’église orthodoxe serbe. Pour des raison liées à ses propres intérêts, la Serbie s’en tient à une ligne très favorable à Moscou, par crainte que ce qui est en train de se passer en Ukraine ne constitue un précédent pour la Macédoine ou le Monténégro.    Jean-Arnault Dérens, rédacteur en chef du Courrier des Balkans

Les conséquences de cette décision sont à plusieurs niveaux : c'est une révolution dans l'histoire et l'organisation ecclésiastique orthodoxe puisqu'elle fait évoluer une situation figée depuis 332 ans ; sur le plan des relations russo-ukrainiennes, la rupture décrétée par le Patriarche Kirill proche du Kremlin est une complication supplémentaire dans le conflit ukrainien en cours… 

Enfin, la mise en retrait du Patriarcat de Moscou vient ébranler l'équilibre des églises orthodoxes dans le monde - 300 millions de fidèles pour une quinzaine d'églises. Malgré l'existence stable de quatre patriarcats principaux et une prééminence de Constantinople, cet équilibre non fixé en droit est mouvant en Europe et la hiérarchie des églises entre elles est l'enjeu d'une lutte d'influence perpétuelle, réactivée par les tensions entre Moscou et Constantinople (bien plus que Kiev). Il est impératif pour Moscou de conserver de bonnes relations avec la Moldavie, la Roumanie, ou la Bulgarie proches de l'Ukraine. 

Le patriarche de Moscou est en visite en Moldavie, pour délivrer un message extrêmement claire : pas de sécession, pas de nouvelle division. C’est un message qui s’adresse aussi bien aux orthodoxes de Moldavie, qu’à ceux d’autres anciennes républiques communistes qui pourraient aussi être tentées de suivre le précédent ukrainien, comme l’église de Biélorussie…    Jean-Arnault Dérens, rédacteur en chef du Courrier des Balkans

Cet équilibre est particulièrement fragile dans les Balkans. Les églises du Monténégro et de Macédoine y sont pour une part affiliées à l'église de Serbie dépendante de Moscou, pour une part à vocation plus nationale ou locale, certaines affichant des velléités d'autonomie réelle… 

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Jean-Arnault Dérens @Jaderens  +  Courrier des Balkans @CdBalkans

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