Détenu plus de 3 ans: Ex-otage détenu trois ans en Syrie: «C'était l'enfer»

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Détenu plus de 3 ansEx-otage détenu trois ans en Syrie: «C'était l'enfer»

Le journaliste japonais Jumpei Yasuda, 44 ans, a retrouvé sa famille, jeudi soir. Détenu par des jihadistes durant 40 mois, il a fait part de son émotion.

Un journaliste japonais détenu pendant plus de trois ans en Syrie est arrivé, jeudi soir, au Japon, où il a retrouvé dans l'émotion son épouse et ses parents après ce qu'il a qualifié d'«enfer». Jumpei Yasuda, qui avait été libéré cette semaine puis acheminé en Turquie, a été accueilli par ses proches à l'aéroport de Narita, près de Tokyo. «Je m'excuse d'avoir été la source de tant de soucis et d'inquiétudes mais, grâce à vous tous, j'ai pu rentrer sain et sauf», a-t-il dit dans une brève déclaration lue par sa femme Myu, qui s'est courbée profondément devant les caméras et les micros.

M. Yasuda a refusé d'apparaître devant les journalistes mais a promis de tenir une conférence de presse ultérieurement pour parler de son expérience. Plus tôt, à bord de l'avion qui le ramenait de Turquie, il s'était confié à la chaîne publique japonaise NHK et avait lancé: «C'était l'enfer». «Pas seulement physiquement, mais aussi mentalement. Chaque jour je me disais ce n'est donc pas aujourd'hui que je serai libéré , et je perdais le contrôle de moi-même, petit à petit».

Il s'est excusé

Le journaliste indépendant de 44 ans était alors apparu les traits tirés, soulagé et tendu à la fois. «Depuis environ 40 mois, je n'ai pas parlé japonais, alors les mots ne me viennent pas facilement», a-t-il expliqué. Il avait aussi détaillé sur une autre chaîne ses conditions de détention, expliquant qu'il n'avait pu se laver pendant huit mois et était contraint de rester immobile pendant de longues heures.

«Je suis content de retourner au Japon mais en même temps, je n'ai aucune idée de ce qui va se passer maintenant et de la manière dont je vais devoir me comporter. Je ne sais que penser», a ajouté M. Yasuda, qui s'est excusé pour «le trouble causé». Par le passé, d'anciens otages ont été, une fois sur le sol japonais, victimes d'insultes de la part de leurs compatriotes, considérant que leur situation était due à leur imprudence.

Un bain chaud et un gros dodo

Son épouse a dit qu'il l'avait saluée à l'aéroport avec un sourire timide. «Il mange actuellement des boules de riz et du kimpira (un accompagnement traditionnel) apportés par sa mère», a-t-elle raconté à la presse. «J'ai ressenti un bonheur intense, le sentiment de la vie de tous les jours, d'une vie normale», a-t-elle ajouté. «Je veux qu'il prenne un bain chaud et dorme dans un futon cette nuit».

L'otage libéré a dit dans l'avion à la presse qu'il pensait avoir été détenu pendant toute sa captivité dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, ultime grand bastion insurgé et jihadiste du pays. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni, le journaliste japonais a été libéré dans le cadre d'un accord entre la Turquie et le Qatar.

Il a été emmené en Turquie après avoir été remis par ses ravisseurs à un groupe armé «non-syrien», a indiqué l'OSDH, ajoutant que selon certaines sources une rançon avait été versée. Le gouvernement japonais a démenti tout versement de rançon.

Japonais décapités par l'EI

Jumpei Yasuda avait été enlevé en juin 2015. Il était apparu en août dernier dans une vidéo mise en ligne par un groupe jihadiste. Vêtu d'une combinaison orangée, il était sous la menace d'hommes armés et masqués. Un autre otage, l'Italien Alessandro Sandrini, figurait également sur les images.

Début 2015, des militants du groupe État islamique (EI) avaient décapité deux Japonais, le correspondant de guerre Kenji Goto et son ami Haruna Yukawa. Le gouvernement japonais avait alors été critiqué pour avoir apparemment manqué des occasions de sauver les deux hommes.

(L'essentiel/afp)

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