À Furn el-Chebbak, le foul medammas de « Bonheur du ciel »

Tôt le matin, dans une ruelle de Furn el-Chebbak, un groupe de personnes âgées discute devant un petit restaurant orné de ballons jaunes et bleus, sous un panneau où l’on peut lire : « Bonheur du ciel » et « Petit déjeuner et dîner ». Ces personnes sont venues pour inaugurer, à l’occasion de la Journée mondiale pour l’alimentation de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), un nouveau restaurant distribuant gratuitement des repas à tous ceux qui en ont besoin. Après une bénédiction du lieu, le père Majdi Allaoui, fondateur de l’association « Bonheur du ciel » à l’origine de cette initiative, donne le signal pour le service du petit déjeuner. Des bénévoles préparent et servent, avec l’aide du père, revêtu d’un tablier bleu, des bouchées à base de pâte et du foul medammas (préparation de fèves) avec des pois chiches.

Ce n’est pas le premier restaurant de ce genre qu’ouvre l’association dont la mission est de venir en aide à tous ceux qui sont dans le besoin, qu’ils soient toxicomanes, sans-abri, orphelins ou rescapés de la torture. Elle en compte en effet plusieurs à travers tout le pays et assurait déjà ce service à Furn el-Chebbak avec une pizzeria. Cependant, le choix a été fait de la fermer, car elle ne répondait pas suffisamment, selon le père Majdi, aux besoins des habitants du quartier. « De nombreuses personnes âgées vivent ici, explique-t-il. La plupart d’entre elles doivent prendre des médicaments le matin au cours du petit déjeuner. » C’est pourquoi la décision a été prise de remplacer la pizzeria par ce restaurant, qui sert petits déjeuners et dîners tous les jours sauf le mercredi et le dimanche. S’adapter, en fonction du lieu, à ceux qui en ont le plus besoin, telle est l’exigence qui oriente les projets de Bonheur du ciel. Ainsi, une boulangerie installée près d’une école à Sin el-Fil peut distribuer près de 700 manakich aux enfants le matin.

Donateurs

C’est en présence de Rizkallah Samaan, fils du président du conseil municipal de Furn el-Chebbak, qu’a lieu l’inauguration du restaurant. La mairie, qui soutenait déjà la pizzeria, se réjouit des activités de l’association qui vient en aide à la population. Elle s’implique ainsi en payant le loyer et en participant au financement de la nourriture. En fait, ce sont souvent les municipalités qui viennent solliciter l’aide du père Majdi et de son association lorsqu’elles constatent des besoins particuliers au sein de leur population, indique Carol Bou Sakr, responsable des restaurants de Bonheur du ciel.Pour le reste, l’association s’appuie essentiellement sur les donateurs particuliers, qu’ils apportent une aide financière ou matérielle. Ainsi, le nouveau restaurant de Furn el-Chebbak peut fonctionner grâce à des gens comme Naaman Bakhos qui a fait don, à cette occasion, des équipements de son ancien restaurant.

Face à la cherté croissante de la nourriture au Liban, le but de l’association, explique Carol Bou Sakr, est d’une part de satisfaire un besoin élémentaire, ce que certains peinent à faire. Mais d’autre part, le but est de permettre aux plus démunis d’utiliser leurs ressources financières pour autre chose, comme des médicaments ou un loyer. C’est pourquoi « Bonheur du ciel » avait tenté de tenir un salon de coiffure et un pressing gratuits : cela permettait de réduire la pression financière quotidienne. Cependant, ces projets ont été peu soutenus car les gens n’y voyaient pas directement d’utilité essentielle. Rien n’arrête l’élan du père Majdi, qui annonce l’ouverture prochaine de deux restaurants, l’un à Tripoli et l’autre à Jdeidé.

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