La gymnaste Simone Biles lors des championnats de gymnastique à Boston le 19 août 2018

La gymnaste Simone Biles lors des championnats de gymnastique à Boston le 19 août 2018

afp.com/Tim Bradbury

Installés aux Etats-Unis depuis près de quinze ans, où ils se sont forgés une solide réputation d'entraîneurs en accompagnant notamment Madison Kocian vers l'or olympique par équipes et l'argent olympique aux barres asymétriques en 2016, et Alyssa Baumann vers l'or mondial par équipes en 2014, Cécile (39 ans) et Laurent Landi (41 ans), tous deux anciens gymnastes, quittent mi-2017 le club où ils exerçaient avec un projet : ouvrir leur propre gymnase.

Publicité

Un coup de téléphone reçu à la fin de ce même été va tout chambouler.

"Un club en Arizona se vendait, on était en train de faire les démarches pour l'acheter quand la vice-présidente de la Fédération américaine (de gymnastique) nous a envoyé un message en nous disant qu'elle avait une question à nous poser. J'ai regardé Laurent et je lui ai dit: +Mais qu'est-ce qu'on a fait ?", racontait Cécile Canqueteau à l'AFP fin 2017.

"Le lendemain, elle nous a dit que Simone voulait reprendre sérieusement l'entraînement, avec Tokyo pour objectif final, et qu'elle avait donné notre nom quand on lui a demandé si elle avait des idées d'entraîneurs en tête", sa coach de longue date Aimee Borman étant partie en Floride, poursuit-elle.

- "Impossible à refuser" -

Surpris - "ça ne nous avait même pas traversé l'esprit une seule fois" - mais séduits par le défi - "on nous propose d'entraîner la meilleure gymnaste au monde, c'est impossible à refuser en tant qu'entraîneurs" - le couple fait quatre heures de route jusqu'à Houston pour y rencontrer Biles, qui a mis de côté la gym après les JO-2016, et sa mère adoptive, Nellie. C'est dans la banlieue de la ville texane, à Spring, que les parents de la quadruple championne olympique en titre (concours général, sol, saut, par équipes) ont construit un imposant complexe sportif, le "World Champions Centre".

"En discutant avec elle du projet, de ses objectifs, on a bien vu qu'elle ne rigolait pas, qu'elle voulait vraiment revenir, se souvient Cécile Canqueteau. Elle veut le faire pour elle, elle veut se faire plaisir, ça lui manque."

Quand elle reprend l'entraînement début novembre dernier, Biles "n'a pas grandi" et s'est rassurée en testant une partie de ses éléments. Elle s'est remise à la musculation depuis deux mois et est en bonne forme physique. Mais à 21 ans, la championne américaine aux dix couronnes mondiales doit se réhabituer à la rudesse du haut niveau.

Elle doit aussi gérer la tourmente soulevée par l'affaire Nassar, elle qui révèle en janvier faire partie des victimes du médecin condamné à plusieurs lourdes peines de prison pour avoir agressé sexuellement des centaines de gymnastes pendant deux décennies, un des plus graves scandales de l'histoire du sport américain.

- Retour éblouissant -

"Après m'être autant amusée pendant mon année sabbatique, quand je me suis de nouveau retrouvée enfermée au gymnase, je me suis dit: +Je vais devoir faire ça tous les jours ?+ Avant, je ne connaissais que ça, mais maintenant que j'ai goûté à la liberté, c'est devenu un petit peu plus difficile. Mais ça se passe bien", explique la gymnaste texane depuis Doha, où elle fait son entrée en lice aux Mondiaux-2018 vendredi pour son grand come-back.

"C'est une expérience incroyable d'entraîner une fille qui a des qualités physiques énormes. On a des projets sur des éléments qu'elle n'a pas forcément déjà faits en compétition mais qu'on la pense largement capable de faire, résume Cécile Canqueteau. C'est aussi un gros risque qu'on prend parce que si elle n'est plus la machine à gagner qu'elle était avant, ce sera forcément de notre faute."

Pour l'instant, Biles a été plus vite que la musique qu'elle avait imaginée.

"Physiquement, je suis en meilleure forme (qu'avant), c'est fou", s'étonne-t-elle.

Aux Championnats des Etats-Unis mi-août, fraîchement de retour à la compétition, elle a ébloui en s'offrant son cinquième titre au concours général - du jamais-vu - et en raflant les cinq titres en jeu, dont son tout premier aux barres asymétriques. Certainement pas étranger au fait qu'auprès de Landi, l'Américaine a trouvé un spécialiste du seul agrès qui résiste encore à sa maestria (aucune médaille internationale, une seule finale mondiale, en 2013). Plus pour longtemps ?

Publicité