3429 Raymond Aron

portrait of French philosopher Raymond Aron shot during  a radio interview 17 September 1983.

Portrait du philosophe francais Raymond Aron le 17 septembre 1983. / AFP PHOTO / PHILIPPE WOJAZER

"La liberté est fragile. Puissions-nous nous en souvenir..."

AFP PHOTO / PHILIPPE WOJAZER

Remémorer les engagements de Raymond Aron ? Le scrupuleux sociologue n'appartient-il pas déjà au passé, à une histoire révolue et soldée ? Manifestement, Fabrice Gardel pense l'exact inverse. Dans son documentaire Raymond Aron : le chemin de la liberté, juste et rythmé, diffusé par Public Sénat, il rend présents les grands moments de la trajectoire de ce fils de la République né en 1905 de parents juifs, lorrains et dreyfusards : le séjour "fondateur" du jeune sociologue "wébérien" dans le Berlin de 1931, déjà nazifié ; la Résistance à Londres, à la tête d'une revue, La France libre ; le plaidoyer - solitaire, à droite - pour l'indépendance de l'Algérie ; le saisissement de 1967, lorsque Israël échappe in extremis à la destruction ; le soutien à VGE(*) et la lucidité sur la menace soviétique... Aron, toujours et chaque fois, est fidèle à une obsession : il est hanté par la vulnérabilité des démocraties. Utile, désormais qu'un autre opium, le narcotique nommé illibéralisme - cocktail de populisme, de fascination pour la brutalité et de rejet de l'Europe - abolit la vigilance de tant de nos contemporains.

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Aron, aujourd'hui, pourrait-il louer une salle à Broadway pour défendre l'European dream ? Sans doute ! C'est en tout cas ce que s'apprête à faire un philosophe français qui se veut combattant de la liberté, Bernard-Henri Lévy. Il y a quatre ans, il a marqué l'esprit des Vénitiens en y produisant sa pièce, assez prémonitoire, Hôtel Europe. Lundi 5 novembre, il montera lui-même sur les planches newyorkaises et y donnera Looking for Europe, prélude a une tournée paneuropéenne de plusieurs mois. De Budapest à Kiev et de Stockholm à Milan, BHL veut intensifier la bataille culturelle. Dans l'espoir de barrer l'autoroute à tous ceux qui, dans les urnes, en mai prochain, entendent balayer l'Europe des progressistes. Et humilier Emmanuel Macron. Il a raison. Oui, la liberté est fragile ! Puissions-nous nous en souvenir...

(*) Valéry Giscard d'Estaing, par Eric Roussel, Ed. de L'Observatoire.

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