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Par Florence Chédotal
Publié le 28 octobre 2018 à 11h55
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«- Bonjour, je vous appelle car j’aimerais parler à ma fille.
- Pour quel motif ?
- J’aimerais savoir où elle a rangé la sauce tomate pour les pâtes à midi ».
Des moments à vous couper le souffle, mais pas le sens de l’humour ou de la repartie, ces deux institutrices en ont vécu quelques-uns. Elles rassurent d’entrée toutefois : il s’agit de « cas isolés ».
À force de s’échanger des anecdotes « entre deux portes ou dans la salle des maîtres », Sandra Guillot-Duhem et Sabrina Petit ont réuni dans un petit livre plein d’humour, Parents casse-couilles des « perles » qui montrent que les parents sont parfois plus difficiles à gérer que les enfants ! « Même si parfois cela peut être interprété comme de la provocation ou de la nonchalance, j’ai toujours pris ça avec de l’humour », confie Sandra Guillot-Duhem, devenue thérapeute énergétique, après 17 ans passés dans des classes de maternelle et d’élémentaire.
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Rien à voir avec un éventuel ras-le-bol. « Ma fille ayant des troubles d’apprentissage, je suis passée à mi-temps. Puis la thérapie énergétique m’a plu. J’ai décidé d’exercer. C’est un chemin de vie ».
Elle se souvient de ses premiers pas comme institutrice. « Au début, on a un petit peu peur des parents. On n’a pas la maturité... On appréhende. Mais j’ai toujours eu de bonnes relations avec eux ». Elle s’amuse de ce cadeau de Noël reçu : un rouge à lèvres parce qu’ils me trouvaient « fade » et l’air un « peu malade » ! « A l’époque, j’étais jeune et timide, je n’ai pas su quoi dire. Je suis restée comme deux ronds de flan. Aujourd’hui, j’aurais ri », confie l’ex-institutrice de 42 ans.
Car il « faut dédramatiser. Ce n’est rien de grave au fond ».
Au début, on a un petit peu peur des parents. On n’a pas la maturité... On appréhende. Mais j’ai toujours eu de bonnes relations avec eux
Déroutant alors, on va dire. Comme cette maman qui réclame que de la moquette soit posée dans la cour pour que son enfant ne s’écorche plus les genoux. Et des coussins sur les chaises s’il vous plaît.
Une autre qui demande à la maîtresse de ne pas mettre sous l’eau la tête de sa fille à la piscine pour ne pas abîmer son brushing.
Ou ces parents qui sollicitent un service à la carte : finir plus tôt le vendredi pour pouvoir partir en week-end, décaler l’heure de rentrée du matin pour éviter les bouchons, signer des autorisations d’absence car les billets d’avion sont moins chers pendant la période scolaire...
Et que dire de cette cantine trop bruyante, où les brocolis sont trop « forts en goût » ?
"Vous me dites que mon enfant est très agité en classe. Mais moi je pense qu’il s’ennuie et qu’il est précoce."
"Bonjour, madame, c'est mon mari qui viendra au rendez-vous ce soir, il vous aime bien et vous trouve charmante..."
"Mon enfant pourrait-il entrer le premier à la cantine car en ce moment, il fait froid dehors ?"
"Pourriez-vous priver les enfants violents de récréation ?"
Aujourd’hui mère à son tour, Sandra Guillot-Duhem avoue elle-même se censurer quand elle se sent vouloir mettre le nez dans la pédagogie. « Ma fille ayant des troubles de l’apprentissage, je rencontre souvent des équipes d’enseignants. Je me rends compte que parfois je vais trop loin. C’est vrai que ce n’est pas facile, mais il faut faire confiance ».
Elle reconnaît que les parents sont de plus en plus « inquiets » pour leurs enfants et cherchent, pour certains, à les surprotéger. Ce qui peut expliquer quelques « remarques bizarres ». « On ne sait pas trop de quoi sera fait l’avenir. Je crois qu’il faudra habituer les enfants à avoir plusieurs métiers ». L’école n’a pas fini de devoir rassurer les parents...
"Parents casse-couilles" de Sandra Guillot-Duhem et Sabrina Petit (Les éditions de l’Opportun).
Florence Chédotal
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