"La ferme de l'horreur": des bénévoles portent plainte contre une association pour maltraitance animale

Revest-les-Roches : des plaintes ont été déposées contre Artémis. Des ex-bénévoles dénoncent les conditions de vie des animaux. Faux, dit l'association qui porte plainte pour diffamation.

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Stéphanie Gasiglia Publié le 29/10/2018 à 08:10, mis à jour le 29/10/2018 à 08:12
Une âne famélique DR

Que se passe-t-il au "refuge" de l'association Artémis, installé dans le petit village de Revest-les-Roches? Une plainte a été déposée fin juillet pour "sévices graves ou actes de cruauté envers les animaux" et "non respect des règles sanitaires et réglementaires".

Parallèlement, le procureur de la République de Nice a été alerté pour ces mêmes faits, mais aussi pour de fortes suspicions d'"escroquerie". Le dossier monté par d'anciens bénévoles (dont tous les prénoms de ceux qui ont dénoncés les faits ont été changés) et des associations de protection animale est long comme un jour sans fin…

Cette plainte a été déposée par une association de protection animale qui ne souhaite pas que son nom soit divulgué. La Société de défense des animaux (SDA) de Patrick Villardry, elle, se porte partie civile.

"C'est horrible ce qui se passe là-bas"

Tout est parti d'un post Facebook. Un bénévole, qui a travaillé au sein du refuge Artémis, de mars à juillet cette année, a commencé à alerter l'opinion publique en postant photos et vidéos sur les réseaux sociaux. Petit à petit, d'autres bénévoles - entre 2015 et 2018 - se sont fait connaître. Tous dénoncent les mêmes faits. Tous expliquent pourquoi ils ont quitté l'association.

"C'est la ferme de l'horreur", entame Pauline, bénévole pour Artémis en 2016. "C'est horrible ce qui se passe là-bas", renchérit Juliette, qui y a travaillé quelques mois, peu après.

"Il y a plus de 180 animaux dont des animaux sauvages et exotiques et trois ou quatre personnes pour s'en occuper", peste de son côté, Pierre, qui a œuvré au sein du refuge six mois cette année. "Parfois les animaux ne mangent pas pendant plusieurs jours et la nourriture n'est pas adaptée en plus".

Il renchérit: "En six mois, je n'ai jamais vu un seul vétérinaire venir soigner le moindre animal." Et de raconter des scènes épouvantables. Dont certaines ont été filmées et remises à la police.

Un poney famélique et affaibli, des chèvres mortes, un alpaga agonisant, des chevaux très maigres, un sanglier dans un cagibi, des chiens entassés en cages… "Quand on s'est rendu compte de ce qui se passait, on est restés un peu pour récolter des preuves", poursuit Pierre. "Plusieurs animaux décèdent au refuge chaque mois, ils sont enterrés dans le vallon", assure, de son côté, Juliette.

Ces bénévoles ont également beaucoup de questions sans réponse. "Artémis ne détient pas les "capacités" obligatoires pour s'occuper de certains animaux, ou en tout cas, n'est pas en mesure de les produire. Il n'y a pas de tout-à-l'égout, comme c'est obligatoire pour un refuge, du coup les animaux vivent dans leurs excréments et mangent dedans", détaille encore une jeune femme qui a "travaillé" au refuge.

"Je suis démuni"

Une chèvre morte dans son enclos et ses excréments. Photo DR.

Quant au maire de Revest-les-Roches, il avoue son impuissance. René Gildoni indique: "Les gendarmes y sont allés plusieurs fois. Un jour, j'ai voulu y aller pour expliquer des procédures à la responsable, j'ai été mordu par l'un de ses chiens, je n'ai pas porté plainte, mais on m'a dit que j'aurai dû. J'essaie de me procurer le registre d'entrée et sortie des animaux, je n'ai jamais réussi à y avoir accès. Je suis démuni dans cette affaire".

Célia, d'une association de défense des animaux, partie prenante dans ce dossier, avoue, elle, son inquiétude: "Il faut que les animaux soient saisis, ils sont pour certains en danger imminent. D'autres associations sont en capacité de les accueillir dans de bonnes conditions. Nous sommes vraiment très inquiets, cela ne va pas assez vite".

"C'est un lourd dossier"

Un alpaga agonisant. Photo DR.

Une enquête est-elle déjà ouverte? Une source à la DDPP, la direction départementale de la protection des populations confie en tout cas: "C'est un lourd dossier, des instructions sont en cours, des PV ont été dressés, on surveille de très, très, près. Il y a des accusations qui sont portées qui sont fausses ou alors qui ne sont plus d'actualité. D'autres en revanche sont vraies. Comme pour toute affaire, tout n'est pas forcément tout noir dans ce dossier".

Un dossier qui pourrait bien avoir d'autres ramifications.

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Var-Matin

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