Pour empêcher la caravane de migrants centraméricains fuyant la violence et la misère dans leurs pays de pénétrer sur le territoire américain, le président Donald Trump entend les placer dans « des villes de tentes » et les contenir avec plus de 5 000 militaires, dont l’envoi à la frontière mexicaine a été annoncé par l’armée.

« S’ils demandent l’asile, nous allons les retenir jusqu’à ce que leur cas soit examiné. Nous les retiendrons, nous allons construire des villes de tentes, nous allons dresser des tentes partout là-bas », a dit le président américain lundi 29 octobre sur Fox News. « Quand les gens verront ce qui se passe, on aura bien moins de personnes qui viendront. »

Une caravane de migrants d’Amérique centrale aux portes des États-Unis

« Nous n’allons pas construire des structures et dépenser des centaines de millions de dollars, nous allons mettre des tentes, elles seront très bien, et ils (les migrants) devront attendre, et s’ils n’obtiennent pas l’asile, ils s’en vont », a-t-il insisté.

« C’est seulement le début de cette opération »

Cette annonce suivait celle de l’armée américaine, qui mettait en œuvre le projet sécuritaire du président à propos des migrants honduriens. « D'ici à la fin de la semaine, nous allons déployer plus de 5 200 soldats à la frontière sud-ouest » qui s’ajouteront aux 2 100 membres de la Garde nationale déjà mobilisés, a affirmé lors d’une conférence de presse le général Terrence O’Shaughnessy.

« C’est seulement le début de cette opération », a ajouté le commandant de la zone militaire nord-américaine, en confirmant un chiffre bien plus élevé que les 800 évoqués la semaine dernière.

Cette opération, baptisée « Patriote fidèle », doit permettre de renforcer les postes-frontières du Texas à la Californie et apporter un soutien logistique aux agents du service des douanes et de la protection des frontières (CBP) sur d’autres zones moins bien protégées.

Le président américain avait répété ces dernières semaines que des troupes supplémentaires étaient nécessaires à la frontière américano-mexicaine, se servant de cette caravane pour défendre sa politique anti-immigration dans la perspective des élections législatives du 6 novembre, qui pourraient être favorables à ses opposants démocrates.

« Une action qui va terroriser et militariser les communautés vivant à la frontière »

L’ACLU, la puissante organisation de défense des libertés civiques, a dénoncé la volonté de Donald Trump de « forcer l’armée à promouvoir son programme anti-immigration et de division ».

« L’envoi de forces militaires à la frontière sud est un énorme gaspillage de l’argent des contribuables et une action qui va terroriser et militariser les communautés vivant à la frontière », a affirmé, Shaw Drake, conseiller de l’ACLU à El Paso (Texas).

Les autorités mexicaines ont indiqué avoir reçu 1 743 demandes d’asile depuis l’entrée de la caravane de 7 000 personnes, pour la plupart honduriennes, sur le sol mexicain. Elle a pris le départ du Honduras le 13 octobre. Selon l’ONG Pueblos Sin Fronteras, qui voyage avec les migrants, la caravane ne comptait plus dimanche que 4 000 personnes, certaines ayant décidé de s’arrêter en route ou ayant préféré retourner en Amérique centrale.