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Elections de mi-mandat : un nombre record de candidates dans l’Amérique de Trump

Propos sexistes et menaces sur les droits des femmes ont mobilisé les candidates pour les élections du 6 novembre.

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Publié le 30 octobre 2018 à 17h22, modifié le 31 octobre 2018 à 06h24

Temps de Lecture 7 min.

La présidence Trump s’est ouverte, le 21 janvier 2017, sur une marée de bonnets roses dans les rues de Washington et d’ailleurs, une marche inédite de femmes protestant contre son investiture. Vingt-deux mois plus tard, la même marée rose – et bleue, aux couleurs du parti démocrate – s’apprête à déferler, sur le Congrès, cette fois, à l’issue des élections de mi-mandat.

Un an après la vague #metoo, Donald Trump est toujours en délicatesse avec l’électorat féminin. A trois semaines du scrutin, mardi 16 octobre, il a renouvelé ses attaques contre la sénatrice démocrate Elizabeth Warren et a adressé une bordée d’insultes à l’actrice pornographique Stormy Daniels, qu’il a appelée « Horseface » (Face de cheval)… Ces remarques sont lancées à un moment où le scrutin du 6 novembre s’annonce comme un référendum plutôt « contre » que « pour » le président, relève une étude de Pew Research.

Le dernier épisode de notre série : Article réservé à nos abonnés Midterms J – 7 : Trump juge les « médias bidon » responsables du climat de violence politique
  • Record de candidates au Congrès

Un constat s’impose, la saison des primaires pour le cycle électoral de 2018 s’est terminée sur un record : 257 femmes ont décroché une investiture pour le Congrès pour les élections de mi-mandat, relève le Center for American Women and Politics de l’université Rutgers (CAWP). Cette vague n’est pas sans rappeler l’année 1992, qui est restée dans les mémoires comme « l’année des femmes » : 51 candidates avaient fait leur entrée au 103e Congrès des Etats-Unis (47 à la Chambre, 4 au Sénat), doublant la représentation féminine au Parlement.

Ce phénomène avait été interprété comme une réponse au choc ressenti par les femmes face à la manière humiliante dont avait été traitée Anita Hill, une jeune professeure d’université afro-américaine qui accusait de harcèlement le juge Clarence Thomas, pressenti pour entrer à la Cour suprême. En 2018, l’élément déclencheur est Donald Trump, par ses propos sexistes, les menaces qu’il fait peser sur les droits des femmes ou ses positions rétrogrades, sur l’avortement notamment.

  • Alexandria Ocasio-Cortez, l’espoir du parti démocrate

Membre des socialistes démocrates américains, Alexandria Ocasio-Cortez est la star des candidates démocrates à la Chambre. A la fin de juin, elle a bousculé l’establishment démocrate en remportant les primaires du parti dans la 14circonscription de New York, face à Joseph Crowley, 56 ans, élu à la Chambre des représentants depuis 1999. Son discours a séduit les communautés afro-américaines, asiatiques et latino-américaines du Bronx. Son élection en novembre semble une formalité, et elle s’apprête à devenir, à 28 ans, la plus jeune élue du Congrès. Elle pourra prétendre incarner le « futur du parti démocrate ».

A 28 ans, Alexandria Ocasio-Cortez est en passe de devenir la plus jeune élue du Congrès et d’incarner le « futur du parti démocrate ».
  • Duel de candidates en Pennsylvanie

La Pennsylvanie, qui est l’un des onze Etats sans élue, œuvre à corriger cette anomalie. Deux candidates se présentent dans la 5circonscription : l’ancienne procureure Pearl Kim, pour les républicains, et l’avocate Mary Gay Scanlon, 59 ans, pour les démocrates. Si Pearl Kim l’emportait dans cette circonscription qui vote largement démocrate, elle deviendrait la première personne d’origine asiatique à représenter la Pennsylvanie au Congrès, note le CAWP. Sur CNN, elle a expliqué qu’elle soutenait le mouvement #metoo et la lutte contre les violences sexuelles, combat qui, selon elle, devrait transcender les partis.

  • Trois candidates amérindiennes

La démocrate Deb Haaland, issue de la tribu Pueblo of Laguna, se présente dans la première circonscription du Nouveau-Mexique.

En plus d’être l’année des femmes, 2018 devrait être celle des Amérindiennes, note le site Indian Country Today. Debra Haaland, 58 ans, issue de la tribu Pueblo of Laguna, au Nouveau-Mexique, se présente dans la première circonscription. Cette démocrate, en passe d’être élue face à Janice Arnold-Jones dans une circonscription aux mains des démocrates et où Hillary Clinton l’a emporté en 2016 avec 17 points d’avance, défend le droit à l’avortement et veut une réforme de l’immigration.

Yvette Herrell, républicaine de la tribu Cherokee, se présente dans la 2circonscription du Nouveau-Mexique (favorable aux républicains), face à la démocrate Xochitl Torres Small. Elle se définit comme « une chrétienne conservatrice » et réclame un renforcement des contrôles aux frontières et l’expulsion des clandestins.

Sharice Davids, qui appartient à la nation Ho-Chunk du Wisconsin, est en position de l’emporter. Cette ancienne championne de MMA (arts martiaux mixtes), qui revendique aussi son homosexualité, qui entre en lice pour le parti démocrate dans la 3e circonscription du Kansas face au candidat sortant, Kevin Yoder, est bien placée selon les sondages – portant sur de faibles échantillons – qui lui donnent entre 8 et 12 points d’avance.

Analyse (édition abonnés) : Article réservé à nos abonnés Les candidates démocrates à l’assaut de l’Amérique de Trump
  • Musulmanes, afro-américaines et latino-américaines

Minnesota. La démocrate Ilhan Omar, Américaine d’origine somalienne et de confession musulmane, part à la conquête de la 5e circonscription, qui comprend la ville de Minneapolis. Née à Mogadiscio en 1982 et installée aux Etats-Unis depuis l’âge de 14 ans, elle a été élue à la Chambre des représentants du Minnesota en novembre 2016. Lors de la primaire du printemps, elle a reçu le soutien d’Alexandria Ocasio-Cortez. Ilhan Omar devrait remporter l’élection – ayant levé plus de fonds que son adversaire, Jennifer Zielinski, et faisant campagne dans une circonscription considérée comme acquise aux démocrates – et devenir ainsi l’une des deux musulmanes à entrer au Congrès.

Michigan. Rashida Tlaib, candidate musulmane d’origine palestinienne, native de Detroit, est l’aînée d’une famille de quatorze enfants. Elle est la première de sa famille à faire des études supérieures. Elle est élue au parlement du Michigan depuis 2008. Sans opposant dans la 13e circonscription du Michigan, qui comprend des portions de Detroit, Rashida Tlaib, qui a fait campagne avec Ilhan Omar, sera élue.

Massachusetts. Ayanna Pressley et Jahana Heyes sont en passe de devenir les premières Afro-Américaines à représenter des Etats de Nouvelle-Angleterre au Congrès. Ayanna Pressley n’a pas d’opposant dans la 7e circonscription du Massachusetts (une portion de Boston) dans laquelle elle se présente. Comme nombre de candidates, elle a, à 44 ans, bousculé l’establishment démocrate. Elle s’est imposée face à Michael Capuano, élu depuis 1998, sur un argument fédérateur : « Une circonscription jeune et majoritairement non blanche a besoin d’une voix nouvelle à Washington. »

Connecticut. Pour sa part, la démocrate Jahana Hayes, candidate dans la 5e circonscription du Connecticut, fait figure de « survivante », comme les aiment les Américains : fille d’une mère toxicomane, mère à 17 ans, elle a reçu des mains de Barack Obama, en mai 2016, le titre d’enseignante de l’année 2016. Comme beaucoup d’enseignants, elle s’est portée candidate pour protester contre les politiques éducatives au niveau fédéral et s’est imposée dans les primaires face à une représentante de l’establishment démocrate, Mary Glassman. Un de ses chevaux de bataille : l’idée de Donald Trump de répondre aux fusillades dans les écoles en puisant dans le budget fédéral alloué à l’éducation pour armer les enseignants.

Texas. Deux candidates latino-américaines sont en passe d’être élues au Texas : dans la 16e circonscription (celle d’El Paso), Veronica Escobar, 47 ans, ancienne juge du comté d’El Paso, s’est lancée pour sa première candidature à la conquête du siège de représentant détenu par Beto O’Rourke, lui-même candidat au Sénat face à Ted Cruz. A elle seule, sa candidature résume la somme des angoisses qu’a fait naître l’élection de Donald Trump : « Je m’inquiète pour la planète. Je m’inquiète pour les immigrants. Je m’inquiète pour les femmes. Je m’inquiète pour la communauté LGBT. Je m’inquiète pour El Paso et la frontière. Et je ressens un sentiment d’angoisse très intense », dit-elle. Dans la 29e circonscription (Houston), favorable aux démocrates, Sylvia Garcia devrait être élue.

  • Première sénatrice en Arizona et au Tennessee

La républicaine Martha McSally et la démocrate Kyrsten Sinema s’affrontent pour reprendre le siège du républicain Jeff Flake, qui ne se représente pas.

L’Arizona aura pour la première fois une sénatrice : les deux partis envoient en effet chacun des candidates à la bataille, la républicaine Martha McSally étant opposée à la démocrate Kyrsten Sinema pour prendre le siège du républicain Jeff Flake, qui ne se représente pas :

La républicaine Marsha Blackburn, qui est la première femme à décrocher l’investiture dans le Tennessee pour un siège au Sénat, en remplacement de Bob Corker, deviendrait, si elle remporte l’élection, la première sénatrice de cet Etat du Sud ; mais elle ne fait pas de son sexe un argument de campagne, préférant être appelée… congressman.

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  • Gouverneur : le pari de Stacey Abrams

En cas de victoire, Stacey Abrams deviendrait la première gouverneure afro-américaine dans l’Etat sudiste et conservateur de Géorgie.

Les élections au poste de gouverneur sont plus compliquées pour les candidates : 22 Etats n’ont jamais eu de femme à ce poste et, actuellement, seules six femmes occupent cette fonction de chef de l’exécutif. En 2018, douze démocrates et quatre républicaines sont candidates à un poste de gouverneur.

A 44 ans, la démocrate Stacey Abrams, élue à la Chambre des représentants de Géorgie, se présente dans cet Etat sudiste et conservateur : elle s’est fait repérer lors de la convention démocrate de Philadelphie en 2016, parlant de sa passion pour le service public. Et elle est depuis entrée dans l’histoire en devenant la première Afro-Américaine à décrocher l’investiture d’un parti pour un poste de gouverneur. Mais la bataille s’annonce difficile : l’Etat n’a pas élu de gouverneur démocrate depuis 1998, et Donald Trump s’y est imposé en 2016.

Dans l’Idaho, Paulette Jordan, candidate démocrate, pourrait, elle aussi, entrer dans l’histoire. Si elle l’emporte face au républicain Brad Little, elle sera la première Amérindienne (de la nation Cœur d’Alene), première femme – et premier candidat démocrate depuis le gouverneur Cecil Andrus (1987-1995) – à s’imposer dans ce bastion républicain.

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