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Amérique du Nord

"We Are Here": des juifs américains protestent contre les suprémacistes blancs

Lors d'un hommage aux victimes de la fusillade de Pittsburgh, le 30 octobre, à Miami. (photo d'illustration)

Lors d'un hommage aux victimes de la fusillade de Pittsburgh, le 30 octobre, à Miami. (photo d'illustration) - Joe Raedle - Getty - AFP

Trois jours après l'attaque perpétrée contre la synagogue de Pittsburgh, des juifs américains font entendre leur voix à travers le mouvement "We Are Here".

Ne pas céder à la peur et à l'intimidation face à la montée de l'antisémitisme, tel est le mot d'ordre du mouvement naissant "We Are Here". Alors que les Etats-Unis ont connu samedi la pire attaque antisémite de leur histoire avec la fusillade perpétrée au sein de la synagogue de Pittsburgh, qui a fait 11 morts, des juifs américains s'organisent depuis le début de la semaine autour du hashtag #WeAreHere ("Nous sommes là").

Le tueur de Pittsburgh dans le sillage de l'alt-right

Objectif: protester contre la montée de l'antisémitisme aux Etats-Unis, et les idées véhiculées par les partisans de l'alt-right, qui a émergé pendant la campagne de 2016 et se retrouve aujourd'hui nourrie par la polarisation de l'ère Trump. Cette "droite alternative" est favorable à une Amérique blanche, chrétienne et conservatrice, très active sur les réseaux sociaux, et compte notamment parmi ses rangs des suprématistes blancs.

Robert Bowers, l'auteur de la fusillade de Pittsburgh, a affirmé à la police qu'il voulait que "tous les Juifs meurent" car ils commettaient "un génocide" contre les Américains. Il était en outre actif sur le réseau social Gab, une plateforme sollicitée par l'extrême droite, où il avait publié des messages à caractère antisémite. 

Forte hausse des actes antisémites aux Etats-Unis

Les Etats-Unis ont enregistré en 2017 une hausse de 57% des incidents antisémites par rapport à 2016, soit la plus forte augmentation depuis les années 1970, selon l'Anti-Defamation League, une organisation qui lutte contre l'antisémitisme et les discriminations outre-Atlantique.

Et en cette année d'élections législatives aux Etats-Unis (les midterms, qui se tiendront le 6 novembre, ndlr), les attaques antisémites, notamment contre les journalistes juifs, se sont multipliées sur les réseaux sociaux, selon l'ADL, qui recense une série de hashtags et de mots codés utilisés par les suprémacistes blancs. Parmi les plus évidents: #NWO, pour "New World Order", un nouvel ordre mondial que les élites juives seraient censées préparer, ou "globalist", pour "mondialiste".

"Nous sommes là"

Une situation qui inquiète les quelque 5,3 millions de juifs américains recensés aux Etats-Unis, où ils se sentaient encore en sécurité jusqu'à un passé récent. Partout dans le pays, les manifestations de l'été 2017 à Charlottesville, où des néonazis avaient défilé à visage découvert, tout comme la multiplication des alertes à la bombe visant des institutions juives ont particulièrement marqué les esprits.

Mardi, plusieurs dizaines d'activistes juifs progressistes se sont rassemblés pour un sit-in pacifiste devant les portes du club des Républicains, à New York, qui avait récemment reçu les Proud Boys, une organisation suprémaciste, et l'une des composantes de l'alt-right.

"Républicains, dites aux nationalistes blancs qu'ils n'ont pas de place dans votre parti", pouvait-on lire sur leurs pancartes, sur laquelle figurait le hahstag #WeAreHere. 

Trump hué à Pittsburgh

Appelant le Parti républicain à dénoncer les suprémacistes blancs, les manifestants ont également rendu hommage aux onze victimes de Robert Bowers en récitant une prière, avant d'être délogés et arrêtés par les forces de l'ordre. 

Parallèlement à cette protestation pacifique, Donald Trump se trouvait à Pittsburgh pour se recueillir dans la synagogue où onze fidèles ont été tués. Mais le président américain a été accueilli sous les huées par des manifestants qui l'ont accusé d'attiser la haine et de désinhiber l'extrême droite avec ses discours enflammés.

Adrienne Sigel avec AFP