Historique

Terre : la disparition des vertébrés par zone

par Aurélie Delmas
publié le 30 octobre 2018 à 21h06

Néarctique : le meilleur du pire

L’évolution de 875 espèces de vertébrés terrestres et d’eau douce a été observée dans le Néarctique, entre 1970 et 2014. Alors que près d’un quart des populations (23 %) a disparu de cette écozone couvrant l’Amérique du Nord et le Groenland, le rapport du WWF souligne qu’il s’agit de la région qui s’en sort le mieux ! D’autant que l’érosion a ralenti entre 2010 et 2014. L’évolution varie selon les populations entre + 11 % et - 47 % sur cette période. Comme partout ailleurs, la menace principale qui pèse sur les animaux sauvages d’Amérique du Nord est la perte ou la dégradation des habitats. Cela représente 61 % des risques pesant sur les mammifères, lesquels doivent aussi faire face à une exploitation excessive (environ 20 % de la menace), au changement climatique (10 %), le reste correspondant aux autres espèces et aux maladies.

Paléarctique : le virage des années 90 

Après le Néarctique, le Paléarctique (qui regroupe l’Europe, l’Afrique du Nord, l’Asie jusqu’à l’Himalaya et une partie du Moyen-Orient) est la zone où le déclin est le moins important. Mais les 576 espèces d’animaux vertébrés terrestres et d’eau douce observées ont toutefois vu leurs populations décroître fortement : entre - 6 % et - 50 %, pour une chute moyenne des populations de 31 % depuis 1970. Cette baisse est plus particulièrement marquée depuis le milieu des années 90. En cause ? D’abord la destruction ou l’altération des milieux naturels, qui représentent la principale menace sur les populations de mammifères (42 %), d’oiseaux (presque 60 %), de poissons (70 %) et enfin de reptiles et autres amphibiens (76 %). Cette dernière catégorie d’animaux est aussi particulièrement sensible à la pollution (15 % du niveau de menace).

Néotropical : la chute vertigineuse

Cette région, couvrant l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale et les Caraïbes, est celle qui a subi le déclin le plus dramatique avec une baisse de 89 % des populations étudiées. Autrement dit, chaque année entre 1970 et 2014, les 689 espèces de vertébrés observées ont perdu 4,8 % de leur population. Si la dégradation des habitats est à nouveau très importante dans cette disparition généralisée (plus de 60 % des menaces pesant sur les oiseaux), l’exploitation des espèces par les humains a aussi des conséquences graves dans cette zone, avec près de 40 % des menaces pour les mammifères. Enfin, en modifiant les écosystèmes, le dérèglement climatique affecte les populations d’oiseaux (15 %) et de reptiles (11 % des menaces). Les populations des espèces d’eau douce (amphibiens, reptiles, poissons…) ont d’ailleurs chuté de 94 % dans la zone néotropicale.

Afrotropical : le drame des années 80

L’écozone afrotropicale, qui regroupe la partie de l’Afrique située au sud du Sahara, Madagascar et une partie de la péninsule arabique, abrite de nombreuses espèces endémiques - qui vivent sur un territoire bien délimité -, comme les lémuriens. Or, plus de la moitié des populations des 320 espèces observées pendant plus de quarante ans ont disparu. Plus précisément 56 %, avec une diminution très intense dans les années 80. Les espèces d’eau douce (amphibiens, reptiles et poissons) y ont été sévèrement décimées, avec une baisse des populations estimées à 75 %. Si l’on observe la population des mammifères, on constate que ces derniers ont été particulièrement victimes de l’exploitation humaine (40 % des menaces qui pèsent sur ces populations), ainsi que de la dégradation de leurs habitats naturels (42 %).

Indo-Pacifique : des maux d'ailleurs

Le bassin Indo-Pacifique est la deuxième zone la plus durement touchée par l’effondrement des populations de vertébrés après l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud. Au sein des 488 espèces observées, pas moins de 64 % des populations ont disparu. Dans ces régions tropicales et subtropicales, les reptiles et autres amphibiens sont fortement menacés par les maladies et les espèces dites «invasives» - venues d’un autre écosystème - (40 % des menaces environ), dont la propagation dépend fortement des activités commerciales et des transports maritimes. Les mammifères, eux, sont surtout victimes des activités humaines à travers la dégradation de leur habitat (55 %) et la pollution (30 %). Le rapport souligne que la perte des forêts s’est accélérée dans les forêts tropicales, très riches en biodiversité.

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