Les inégalités de richesse explosent aux États-Unis, alimentant le populisme

Bill Gates et Warren Buffet, deux des trois hommes les plus riches des États-Unis, le 27 janvier 2017 à l’Université de Columbia, à New York. ©AFP - SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Bill Gates et Warren Buffet, deux des trois hommes les plus riches des États-Unis, le 27 janvier 2017 à l’Université de Columbia, à New York. ©AFP - SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Bill Gates et Warren Buffet, deux des trois hommes les plus riches des États-Unis, le 27 janvier 2017 à l’Université de Columbia, à New York. ©AFP - SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Selon un rapport, la fortune des trois familles les plus riches des États-Unis a augmenté de 6 000% en trente-cinq ans, tandis que le revenu médian américain diminuait de 3% dans la même période. Un fossé croissant aux conséquences politiques évidentes.

On le sait, la question des inégalités est au cœur de la crise de nos sociétés, en particulier aux États-Unis où elle a assurément contribué à l’élection de Donald Trump. Mais il faut parfois des données concrètes pour réaliser de quoi nous parlons.

Un chercheur spécialisé américain, Chuck Collins, vient de publier un rapport stupéfiant : la fortune des trois hommes les plus riches des États-Unis est équivalente à celle de la moitié la plus pauvre de la population, c’est-à-dire quelque 162 millions de personnes. 

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Ces trois multimilliardaires sont Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, Bill Gates, celui de Microsoft, et le financier Warren Buffet, qui sont des milliardaires de première génération.

C’est plus spectaculaire encore pour les fortunes dynastiques : dans son rapport, Chuck Collins, qui dirige un programme de recherche sur les inégalités, estime que la fortune des trois familles les plus riches des États-Unis a augmenté de 6 000% en trente-cinq ans, tandis que le revenu médian américain diminuait de 3% dans la même période. Ces familles sont dans la grande distribution, l’alimentation, et l’énergie.

Pour Paul Volker, l’ancien Président de la Réserve Fédérale américaine, les États-Unis sont en train de se transformer en « ploutocratie », c’est-à-dire un système dans lequel le pouvoir politique est dévolu aux détenteurs de la richesse. Certains penseront que ça a toujours été le cas, mais les chiffres montrent que ça s’aggrave sérieusement.

Le paradoxe américain est qu’une partie des électeurs populaires se sont tournés vers un autre milliardaire, Donald Trump, pour incarner leur colère. Trump tient le discours qui séduit cet électorat révolté, mais sa politique fiscale n’a pas été jusqu’ici de nature à s’attaquer à la raçine de ces inégalités, bien au contraire.

Pourtant le Président américain parvient à conserver son électorat parce qu’il lui donne des gages sur d’autres plans, identitaire en défendant le nationalisme blanc, et en combattant l’immigration vécue comme une concurrence déloyale. Sans surprise, ce sont ces thèmes qu’il agite à l’approche des élections de mi-mandat.

Le débat existe rage aux États-Unis, y compris parmi les milliardaires eux-mêmes. Warren Buffet et Bill Gates se sont engagés il y a quelques années à léguer l’essentiel de leur fortune à des œuvres philanthropiques, pas à leurs héritiers. Mais à l’opposé, les grandes familles ont obtenu des changements à la loi qui facilitent la transmission patrimoniale.

Le sujet est universel, comme l’ont montré les travaux de l’économiste français Thomas Piketty. La semaine dernière, la banque UBS révélait ainsi que la Chine, officiellement communiste, produisait deux nouveaux milliardaires chaque semaine ! 

La question qui se pose est partout la même : y a-t-il un seuil de tolérance des sociétés aux inégalités ? Si la réponse est oui, nous l’avons atteint. Si la politique a encore un sens, c’est par là qu’elle doit commencer, car il n’y a pas de fatalité à l’accroissement de ce fossé abyssal.

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