ÉTATS-UNIS - Depuis la Floride, Donald Trump a encore durci son discours de campagne sur l'immigration après avoir évoqué l'envoi de 15.000 soldats à la frontière avec le Mexique.
"Il y a beaucoup de types redoutables dans ces caravanes, ce ne sont pas des anges", a lancé le président américain depuis Fort Myers, évoquant les migrants originaires de pays pauvres d'Amérique centrale qui se dirigent vers le Nord en quête d'une vie meilleure ou pour échapper à la violence.
À quelques jours des élections de mi-mandat, le milliardaire continue donc d'agiter cette menace et des chiffres qui ne cessent de bouger. Le nouveau contingent annoncé ce mercredi 31 octobre franchit une barre symbolique en égalant nombre de troupes déployées actuellement en Afghanistan.
Plus de soldats que ceux qui combattent Daech
Jusqu'ici, le Pentagone a autorisé l'envoi de 5239 soldats d'active à la frontière, pour une durée prévue de 45 jours. Plus de 2000 autres soldats ont reçu l'ordre de se tenir prêts à partir et 2100 réservistes de la Garde nationale sont déjà déployés à la frontière.
Au total, plus de 9000 soldats ont donc déjà été attribués à la défense de la frontière mexicaine et Donald Trump a affirmé que ce chiffre pourrait grimper jusqu'à 15.000. Quel que soit le nombre définitif, cette opération, nommée "Patriote fidèle", représente un déploiement massif, le plus important depuis que le ministre de la Défense Jim Mattis a pris ses fonctions il y a près de deux ans.
Si les 5239 soldats d'active sont effectivement déployés à la frontière, comme annoncé, le contingent de l'armée américaine chargé d'empêcher les migrants d'entrer sur le territoire sera trois fois supérieur à celui qui combat les jihadistes du groupe Etat islamique en Syrie.
Pour faire quoi?
Les soldats seront armés, mais ils ne sont pas supposés entrer directement en contact avec les migrants. Leur rôle sera d'apporter un soutien logistique aux garde-frontières. Le général Terrence O'Shaughnessy, chef du commandement nord (Northcom) de l'armée américaine, a indiqué que les soldats seraient là pour "renforcer" les postes-frontières et les zones avoisinantes, avec notamment la construction de barrières provisoires.
Des rouleaux de fils de fer barbelé ont déjà été déployés sur 35 kilomètres à la frontière, et le Pentagone peut en déployer d'autres sur 240 autres kilomètres, a précisé le général O'Shaughnessy. Le Pentagone envoie par ailleurs des membres de la police militaire et trois compagnies d'hélicoptères équipées de capteurs high-tech et de capacités de vision nocturne.
Selon le général O'Shaughnessy, 860 soldats sont déjà arrivés sur la base aérienne de Lackland, près de San Antonio mais "aucun des soldats de l'opération Patriote fidèle n'a encore été déployé sur la frontière", a-t-il précisé.
Menace avant l'élection
L'administration Trump affirme que l'envoi des soldats à la frontière est nécessaire pour bloquer deux "caravanes", qui rassemblent environ 6000 personnes venues d'Amérique centrale et se trouvent actuellement dans le sud du Mexique. Elles se dirigent vers la frontière américaine, où les migrants comptent faire une demande d'asile.
Le président américain, qui a placé l'immigration au centre de la campagne électorale pour remobiliser ses partisans avant le scrutin du 6 novembre, a affirmé mercredi que "les caravanes sont composées de gens et de combattants coriaces".
Plusieurs voix se sont élevées pour protester contre ces annonces, qualifiées de "coup politique". Une accusation que Mattis a rejetée mercredi. "Nous ne faisons pas de coups politiques dans ce ministère", a-t-il déclaré.
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