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Biodiversité : 5 gestes pour agir sans attendre le gouvernement

Oiseaux, mammifères, poissons, reptiles, amphibiens… En 44 ans, la faune sauvage a décliné de 60%, révèle WWF. Voici 5 gestes pour tenter d’y remédier, à son échelle.

Aude Le Gentil
A l'état sauvage, les éléphants d'Asie sont en danger (ici dans la parc national de Kaudulla, au Sri Lanka).
A l'état sauvage, les éléphants d'Asie sont en danger (ici dans la parc national de Kaudulla, au Sri Lanka). © Reuters

Les scientifiques l’appellent la "sixième extinction". Une disparition massive des espèces sur Terre, imputable à l’Homme. Le nouveau rapport publié mardi par le Fonds mondial pour la nature (WWF), intitulé "Planète Vivante", accrédite cette perspective. Les experts de la Société zoologique de Londres ont observé un effondrement de la biodiversité. Entre 1970 et 2014, le nombre de vertébrés sauvages a chuté de 60%. Ce chiffre était de 58% lors du précédent rapport, en 2016. Et la flore ne se porte pas mieux : 20% de la forêt amazonienne a disparu en 50 ans.

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En cause, la surexploitation des espèces (surpêche ou braconnage) et la dégradation des habitats. Déforestation, agriculture intensive, extraction minière ou encore urbanisation contribuent à chasser les animaux de leur environnement. S’ajoutent les catastrophes climatiques, les maladies ou encore les espèces invasives.

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Pour contrer ce déclin, des solutions existent. Les quotas de pêche ou les aires protégées ont permis de sauvegarder certaines espèces, comme le thon rouge. Mais pour le directeur de WWF international, ces mesures au cas par cas ne suffisent pas. "L'approche doit changer, souligne-t-il auprès de l'AFP. Car nous voici face à une accélération sans précédent des impacts. (…) Cela signifie arrêter la déforestation, renverser la perte de biodiversité!" WWF réclame aux gouvernements et entreprises un "accord pour la nature", du même type que l’Accord de Paris sur le climat. En attendant, des petits pas concrets peuvent être adoptés pour la biodiversité, à l’échelle individuelle. En voici cinq.

1- Diminuer sa consommation de viande et de poisson

Quel est le problème?

La consommation de viande et l’élevage sont l’un des principaux dangers pour la biodiversité. Car pour nourrir ces bêtes, il faut de l’espace, de l’eau et de la nourriture, autant de besoins qui conduisent à la déforestation et à l’épuisement des ressources. Dans un rapport de 2013, la FAO estimait à 14,5% la part des émissions de gaz à effet de serre dues au secteur de l’élevage. Au total, 70% de la surface agricole mondiale sert au pâturage du bétail ou à la production de céréales pour l’alimentation animale.

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La forêt amazonienne en pâtit particulièrement. Toujours selon la FAO, 91% des terres grignotées en Amazonie sont dédiées aux pâturages ou à la culture du soja. Même menace pour les poissons. Dans son rapport de 2018 , la FAO considère qu’31% des stocks de poissons sont surexploités dans le monde.

Concrètement, on fait quoi?

La solution peut venir, au moins en partie, de l’alimentation, en devenant flexitarien (consommation occasionnelle de chair animale) ou végétarien (zéro viande ni poisson). Ce changement de régime alimentaire a un réel impact environnemental. Le WWF a ainsi calculé l’empreinte carbone d’un panier de courses, pour une famille de quatre personnes :

  • Avec une alimentation standard et un budget de 190 euros, cette famille rejette 109 kg d’équivalent CO2.
  • Avec le même budget, ce chiffre chute à 68 kg d’équivalent CO2 pour un régime flexitarien et 53 kg d’équivalent CO2 pour un régime végétarien.

2- Priorité aux aliments bio

Quel est le problème?

Pesticides, fongicides et herbicides éliminent les nuisibles des champs… mais ravagent aussi la biodiversité alentours. Insectes pollinisateurs, oiseaux et petits mammifères disparaissent. Les abeilles, par exemple , sont notamment victimes des produits néonicotinoïdes. "93% des points de contrôle des cours d’eau français sont contaminés par des pesticides, tout comme 70% des eaux souterraines, note le WWF sur son site. Le taux de matière organique du sol français ne cesse de diminuer ces dernières années et la biodiversité s’étiole."

Concrètement, on fait quoi?

D’où l’intérêt d’une alimentation biologique pour la biodiversité, et si possible de saison. Et tant qu’à faire, autant bannir également les pesticides de son jardin. Toujours au rayon des supermarchés, les consommateurs peuvent bannir le soja et l’huile de palme, ennemis numéro 1 des forêts tropicales et des orang-outangs. Pas facile, tant ils sont omniprésents dans les rayons des supermarchés. Des alternatives plus durables existent, certifiées par des labels comme RSPO ou Greenpalm. "Le soja, l’huile de palme et l’élevage bovin génèrent 80% de la déforestation opérée sur la planète aujourd’hui", confirme Marco Lambertini à l’AFP.

3- Haro sur le plastique

Quel est le problème?

Bouteilles, sachets, touillettes, pailles… le plastique à usage unique est partout. La semaine dernière, le Parlement européen a sonné le glas de certains objets, jetés sitôt utilisés. Chaque année, 8 millions de tonnes de déchets - en plastique essentiellement - échouent dans les océans, calcule l’ONG SurfRider. Ils mettent des années à se décomposer, libèrent des microparticules toxiques ou étouffent poissons et tortues.

Concrètement, on fait quoi?

Pour tous ces produits, il existe souvent un équivalent durable : une tasse pour la machine à café, un cabas pour les courses ou encore des savons solides plutôt qu’un flacon de gel douche.

Lire aussi : Pollution plastique : ce que la France a déjà fait, ce qu'il reste à faire

4- Ne pas acheter n’importe quel type de bois

Quel est le problème?

Pour couvrir sa terrasse ou meubler sa maison, la plupart du bois utilisé provient de forêts tropicales. Leur surexploitation contribue à la destruction de la biodiversité et à l’émission de CO2. Prudence, donc, avant l’achat de bois exotiques de type teck, wengé ou ébène.

Concrètement, on fait quoi?

Pour s’y repérer, les labels FSC et PEFC garantissent que le bois provient bien d’une gestion forestière durable. A privilégier, également, les essences locales comme le chêne ou le châtaignier. Bonus : ces arbres sont peu sensibles aux insectes et champignons, explique le WWF. Ils n’ont donc besoin d’aucun traitement chimique.

5- Ne plus jeter n’importe où ses mégots

Quel est le problème?

Fumer tue… et pollue. En 2017, l’association SurfRider a identifié les mégots comme les principaux déchets retrouvés dans les fonds marins, les lacs, les rivières ou sur les plages. Selon le ministère de la Transition écologique, 20.000 à 25.000 tonnes de mégots sont jetés chaque année en France. Or, ils ne sont pas biodégradables. La plupart des filtres contiennent des milliers de substances chimiques toxiques pour les écosystèmes et sont composés de matières plastiques, comme l’acétate de cellulose, qui peuvent mettre plus de 10 ans pour se dégrader. Au final, un mégot peut polluer 500 litres d’eau.

Concrètement, on fait quoi?

Difficile, pour les fumeurs, d’arrêter la nicotine du jour au lendemain. A défaut, les consommateurs peuvent utiliser des filtres biodégradables et penser à bien jeter leur mégot dans une poubelle ou un cendrier de poche. L’association Cigarette Butt Pollution Project va plus loin et exige l’arrêt des filtres en plastique.

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