VENTREComment prendre soin de son microbiote intestinal pour éviter des maladies

Comment prendre soin de son microbiote intestinal pour éviter de nombreuses maladies

VENTRECe que l’on met dans notre assiette influe directement sur notre microbiote intestinal, donc sur notre état de santé…
L'alimentation influe sur l'état de notre microbiote intestinal, dont l'équilibre assure une meilleure santé.
L'alimentation influe sur l'état de notre microbiote intestinal, dont l'équilibre assure une meilleure santé. - DELAHAYE CATHERINE/SIPA
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

L'essentiel

  • Depuis quelques années, on sait que le microbiote intestinal a une influence sur notre état de santé général.
  • Un microbiote déséquilibré peut être la voie d’entrée de nombreuses pathologies, intestinales mais pas seulement, de la maladie de Crohn au diabète de type 2 en passant par la dépression et des troubles cardiovasculaires.
  • C’est pourquoi prendre soin de son microbiote permet de prendre soin de sa santé.

Ce n’est plus un secret : le ventre est notre deuxième cerveau. Et mieux vaut ne pas le contrarier, sous peine d’enchaîner les désagréments en cascade. Maux de ventre, fatigue, prise de poids et bien d’autres maladies auxquelles on ne penserait pas sont directement provoquées par un microbiote intestinal déséquilibré. Qu’est-ce qui met à mal notre microbiote ? Quelles conséquences un microbiote raplapla a-t-il sur notre état de santé général ? Et comment rectifier le tir ? On vous explique la marche à suivre.

Environ 2 kg de micro-organismes

Mais déjà, qu’est-ce que le microbiote au juste ? Autrefois appelé flore intestinale, notre microbiote « abrite 40.000 milliards de bactéries », apprend-on du biologiste André Burckel, auteur du régime Burckel pour la santé du microbiote intestinal *, (éd. Médiclaro). La flore intestinale est un « ensemble de bactéries, virus, parasites et champignons non pathogènes », indique l’Inserm, pour un poids total moyen d’environ « 2 kilos de micro-organismes », qui représente « 2 à 10 fois plus que le nombre de cellules qui constituent notre corps ». Mais certaines bactéries sont meilleures que d’autres.

Et chacun a un microbiote intestinal unique, « influencé par le mode d’accouchement, l’allaitement, le patrimoine génétique, le tabac, l’alcool, le stress, en plus de l’alimentation et des médicaments », détaille André Burckel dans son ouvrage. Sans compter qu’il évolue en fonction de l’âge.

De multiples impacts sur la santé

Sans surprise, cet ensemble de bactéries présentes dans notre microbiote favorise la bonne digestion des aliments que l’on ingère, mais il fait bien plus encore. Lorsqu’il est équilibré, c’est-à-dire riche en bonnes bactéries, il est l’allié de notre santé. Mais en cas de déséquilibre, il peut être à l’origine de nombreuses maladies. « Un microbiote intestinal déséquilibré va jouer un rôle variable dans le développement de nombreuses pathologies, expose le Pr Harry Sokol, gastro-entérologue au service de gastro-entérologie et nutrition à l’Hôpital Saint-Antoine à Paris. Évidemment, son implication est plus grande dans le développement de maladies intestinales inflammatoires, telles que la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique. Mais le microbiote est également lié à des maladies hépatiques et métaboliques telles que l’obésité et le diabète de type 2. On sait par ailleurs que le microbiote est également lié au développement de maladies inflammatoires extra-intestinales telles que l’arthrite ». Mais aussi, et c’est plus surprenant, « à des maladies cardiovasculaires ou encore à la dépression ». Ainsi, l’Inserm rappelle que « des études ont déjà montré l’importance du régime alimentaire dans le fonctionnement et la composition du microbiote intestinal, venant directement impacter le lien entre l’intestin et le cerveau, cette relation jouant un rôle clef dans les troubles dépressifs ».

Comment expliquer le lien entre microbiote intestinal et maladies extra-intestinales ? « Le microbiote est présent en très grande quantité dans le corps et il bâtit une part très importante de notre système immunitaire, répond le Pr Sokol. Ses bactéries produisent un très grand nombre de molécules qui sont absorbées dans la circulation. Elles vont alors aller dans le foie puis atteindre la circulation générale. Ainsi, beaucoup de molécules d’origine microbienne peuvent atteindre toutes les régions du corps, et même passer la barrière hémato-encéphalique, et ainsi rejoindre le cerveau, avec sur l’ensemble du corps une action bénéfique ou délétère selon l’état du microbiote ».

Le rôle important de l’alimentation

D’où l’importance de prendre soin de son microbiote intestinal. Comment ? « En le nourrissant avec des prébiotiques, dont se nourrissent les bonnes bactéries intestinales », prescrit André Burckel dans le cadre de son régime éponyme. En pratique, pas besoin de se ruiner en compléments alimentaires, « une alimentation variée riche en fibres, présentes dans les fruits et légumes, permet au microbiote de trouver sa ration de prébiotiques, indique le Pr Harry Sokol. Il est également recommandé de limiter ses apports en aliments riches en graisses animales, qui vont favoriser le développement de bactéries moins favorables au microbiote. Et de miser sur les aliments fermentés, comme la choucroute fraîche, les conserves lacto-fermentées ou encore le kéfir, boisson fermentée, riche en probiotiques : c’est-à-dire qu’ils contiennent directement des micro-organismes permettant de rétablir l’équilibre de son microbiote », poursuit le gastro-entérologue, qui « déconseille les aliments ultra-transformés, riches en additifs chimiques suspectés d’avoir des effets délétères pour le microbiote et la santé ».

Des pistes thérapeutiques à explorer

Mais si un microbiote en bonne santé permet de tenir à bonne distance un certain nombre de maladies, des greffes de microbiote peuvent-elles être utilisées à des fins thérapeutiques pour soigner ou calmer certaines pathologies ? C’est exactement la piste explorée par le Pr Harry Sokol. « Une étude menée sur la transplantation fécale chez des patients diabétiques a ainsi montré une très légère amélioration de leur pathologie, dévoile le gastro-entérologue, qui a mené l’étude. À ce stade, cela signifie que la transplantation fécale n’est probablement pas la solution thérapeutique, mais qu’un traitement plus ciblé sur un type particulier de bactéries présentes dans le microbiote pourrait être développé avec succès à l’avenir, et que cette piste thérapeutique pourrait avoir des applications multiples ».

* Le régime Burckel pour la santé du microbiote intestinal, éditions Médiclaro, en librairie le 1er novembre, 12,90 euros

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