Municipales : une alliance inédite à l'assaut de Villejuif la rouge
Les candidats écolo, centriste et divers gauche se rassemblent derrière l'UMP Franck Le Bohellec. La nouvelle liste n'a qu'un objectif : renverser Claudine Cordillot, maire communiste.

C'EST DU JAMAIS-VU. Au lendemain du premier tour des élections municipales, une liste ultra-panachée s'est constituée à Villejuif. Elle regroupe quatre candidats jusqu'alors adversaires : l'UMP Franck Le Bohellec (17,2 %), l'UDI Jean-François Harel (15,8 %), l'ex-socialiste Philippe Vidal (10,6 %) et l'écologiste Natalie Gandais (10,4 %). L'accord inédit n'a qu'un objectif, détrôner la communiste Claudine Cordillot (32,7 %), maire depuis 1999. Et renverser la ville, rouge depuis 1925.
La décision a été officialisée hier après-midi, après plusieurs heures de tractations entre les quatre formations politiques locales. Et c'est finalement le plus plébiscité dans les urnes, Franck Le Bohellec, dirigeant d'entreprise de 47 ans, qui prend la tête du putsch. « Nous déposerons notre liste en préfecture dès ce mardi matin », annonce-t-il.
Sans attendre, les quatre colistiers se sont réunis pour une photo de famille à 17 h 30, hier. « C'était incroyable, presque émouvant, raconte Philippe Vidal. Des Villejuifois nous ont même applaudis. Avec cette union, nous allons réussir à faire ce que les habitants attendaient depuis des décennies. » Le cliché collector sera bientôt diffusé en 50 000 exemplaires.
« Cette alliance repose sur des convergences de programmes », insiste Franck Le Bohellec, pour revenir aux choses sérieuses. Sept points, principalement la fiscalité, la sécurité et le développement économique, seront donc mis en valeur sur le futur matériel de campagne. Mais attention : « Il n'y aura aucun logo de parti », prévient-il. C'est peut-être mieux ainsi. Car sitôt le mariage célébré, hier, le bureau exécutif national d'EELV a suspendu Natalie Gandais, ainsi que son bras droit, Alain Lipietz, ancien député européen et éphémère candidat des Verts à la présidentielle de 2002. L'étiquette écolo a été remise à Claudine Cordillot dans la foulée. Une sentence exceptionnelle, aussi rare que le mélange vert-bleu sur la palette politique.
De toute façon, Natalie Gandais n'avait « pas l'intention de demander l'investiture pour le second tour », estimant ne pas « faire alliance pour des couleurs, mais pour des valeurs ».
Aucune punition à craindre pour Franck Le Bohellec. Christian Cambon, patron de l'UMP dans le Val-de-Marne, s'amuse de ce « rassemblement un peu pétillant ». « A Villejuif, on a toujours eu des logos mais pas de second tour. Pour une fois qu'on en a un, on ne va pas se plaindre ! » La plaisanterie n'est pas du goût de Fabien Guillaud-Bataille, secrétaire départemental du PC : « C'est une alliance sans foi ni loi. Quand on se range derrière l'UMP, on est de droite. » Voilà pourquoi Claudine Cordillot, à la tête d'une coalition PC-PS-MRC-PG, répète qu'elle mène « la seule liste de gauche » du second tour. « Les masques sont tombés, les Villejuifois ne seront pas dupes. »
Sur les réseaux sociaux, certains internautes, comme Claire, expriment déjà leur étonnement : « Je n'ai pas voté vert pour ensuite aller embrasser la droite ! » Pour d'autres, la liste d'union est « une excellente chose, quand on voit l'état de la ville. » Et puis, Franck Le Bohellec garde en mémoire « le score qui nous gêne tous : celui du Front national » avec 11,2 %. Pour Jean-François Harel, « on ne peut pas faire mieux que cette démonstration d'union citoyenne » pour contrer cette percée.