POLEMIQUELa surexploitation de la plus grande forêt du Nord dénoncée par une députée

Nord: La surexploitation de la plus grande forêt nordiste dénoncée par une députée

POLEMIQUELa députée En marche du Nord, Anne-Laure Cattelot, en assez de voir la forêt de Mormal ratiboisée et met en cause la gestion de l’Etat…
Gilles Durand

Gilles Durand

L'essentiel

  • A l’instar d’associations locales, une députée (LREM) du Nord s’inquiète de la surexploitation d’une forêt de l’Avesnois.
  • La députée Anne-Laure Cattelot dénonce la gestion de l’Office national des forêts.
  • La parlementaire souhaite lancer une mission d’information sur le sujet, à l’Assemblée nationale

Volée de bois vert contre l’Office national des forêts (ONF). Dans une vidéo postée sur son profil Facebook, une députée du Nord met en cause la gestion de la forêt de Mormal, dans l’Avesnois, reprochant des coupes rases un peu trop fréquentes et « intempestives ». Voilà plusieurs mois que des associations locales comme Mormal Forêt Agir militent pour la sauvegarde de cette forêt estimant que son exploitation trop intensive.

« Quand ils viennent couper, on a l’impression d’être à côté d’un réacteur nucléaire et on se retrouve avec un paysage désertique », se plaint un riverain de Sars-Bara, un lieu-dit qui jouxte cette forêt de 90 km2, la plus grande du Nord. Une nouvelle étape de l’industrialisation des forêts publiques puisque Mormal appartient à l’Etat ?

La filière bois du conseil régional

En face du village, ce sont plus de 7 hectares de forêt (environ quatorze terrains de foot) qui viennent ainsi d’être coupés d’un seul tenant. « Plus loin, c’est une parcelle encore plus grande qui a été totalement rasée », déplore-t-il.

Une parcelle de bois totalement coupée, en forêt de Mormal, dans le Nord.
Une parcelle de bois totalement coupée, en forêt de Mormal, dans le Nord. - Mormal Forêt Agir

La députée (LREM) Anne-Laure Cattelot a décidé de monter au créneau pour dénoncer, à son tour, « la surexploitation des ressources naturelles de cette forêt ». Un combat qui risque de se heurter à la politique du conseil régional, lequel souhaite, depuis quelques années, mettre en place une filière bois.

« Je ne suis pas contre l’exploitation du bois, mais de façon raisonnée, et si possible, par des entreprises de la région, explique Anne-Laure Cattelot. Certains pays comme la Suisse ou la Slovénie ont interdit les coupes-rases pour préserver la biodiversité. D’autres comme la Belgique et l’Allemagne les ont limités. Nous pourrions en faire de même. »

Un « aménagement forestier » non respecté

La députée demande à réguler les coupes : « On pourrait ne prélever que des arbres sélectionnés pour ne pas dénaturer la forêt, plutôt que de tout détruire et de gaspiller le bois ».

En ligne de mire, elle vise l’ONF qui a en charge la gestion de cette forêt domaniale. Les coupes de bois sont ainsi programmées dans un document de gestion appelé « aménagement forestier ». Il établit le programme des actions sur une période de 20 ans. Selon la députée, l’« aménagement forestier » de Mormal est planifié de 2014 à 2033. « Or, en quatre ans, on a déjà coupé et sorti la moitié de ce qui est prévu », affirme-t-elle.

Des associations locales dénoncent une surexploitation de la forêt de Mormal qu'elles jugent «en danger».
Des associations locales dénoncent une surexploitation de la forêt de Mormal qu'elles jugent «en danger». - G. Durand / 20 Minutes

Totalement détruite lors de la Première Guerre mondiale et surexploitée durant la Seconde, la forêt de Mormal héberge, aujourd’hui, des cerfs et se positionne comme un des principaux atouts touristiques d’un territoire en difficulté économique.

Une mission d’information à l’Assemblée nationale ?

« Je vais demander des comptes à l’ONF, notamment sur la nature des contrats avec les sociétés de bûcheronnage », souligne la députée nordiste, un brin frondeuse aussi vis-à-vis de l’inertie du ministère. Elle envisage d’ailleurs de lancer une mission d’information sur le sujet, à l’Assemblée nationale.

Contacté, l’ONF n’était pas joignable. Cet office, fort de 9.500 professionnels, est, par ailleurs, dans le collimateur du gouvernement qui a proposé, pour 2019, la suppression de 226 postes.

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