RFI est allée voir la favela de l’espoir

A Osasco, en banlieue de São Paulo, une communauté de cinq cents familles est gérée par les seules femmes. Une aventure alternative et prometteuse, présentée sur RFI.

Par Elise Racque

Publié le 31 octobre 2018 à 17h10

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 01h14

Les Brésiliens ont élu cette semaine leur président dans un contexte de crise majeure, qui a donc porté au pouvoir un homme d’extrême droite, partisan d’éradiquer la violence… en libéralisant les ventes d’armes. Rien en revanche dans le programme de Bolsonaro pour résoudre la situation catastrophique du logement, qui a fait naître le Mouvement des travailleurs sans toit. Faute de logements sociaux, l’occupation illégale de terrains inoccupés est devenue un phénomène courant comme, avec elle, le développement de nouvelles favelas.

Face à l’insécurité et l’insalubrité de ces quartiers précaires, Irene Maestro Guimarães, issue du mouvement d’extrême gauche Luta Popular, sème l’espoir. En 2013, elle crée l’Ocupação Esperança à Osasco, en banlieue de São Paulo. Sur une colline surplombant l’énorme usine Coca-Cola, cette favela regroupe cinq cents familles. Sa particularité : elle est autogérée par des femmes. Margot Hemmerich nous emmène, pour RFI, à travers les chemins de terre ravinés de ce terrain vague devenu le lieu d’une aventure politique alternative. On y découvre une minisociété qui tient chaque semaine une assemblée populaire, et une gestion quotidienne chapeautée par un leadership féminin. L’une coordonne la distribution de l’eau, l’autre l’accès à l’école, au cinéma, ou un projet de crèche. « Nous accueillons beaucoup de mères célibataires mais aussi des couples, explique Irene Maestro. Dans un cas de violence conjugale, une commission féminine se réunit pour écouter la victime. Si elle le souhaite, l’homme peut être exclu de l’Occupation. »

Dès que quelqu’un a un problème, les autres viennent aider », confie une habitante.

Beaucoup d’entre elles arrivent ici après avoir tenté de vivre dans d’autres villages improvisés. « Ici, l’union fait toute la différence. Dès que quelqu’un a un problème, les autres viennent aider », confie une habitante. En cinq ans, aucun homicide à l’Ocupação Esperança. « On y sent une ambiance apaisée, joyeuse, avec de la musique un peu partout… C’est très différent des autres favelas où j’ai pu aller », nous explique Margot Hemmerich, qui a su transmettre cette atmosphère joyeuse dans son reportage.

Les voix des habitants et habitantes qu’elle a rencontrés transpirent l’ardeur, l’espoir et l’envie de meilleur. Mais une épée de Damoclès plane sur leurs têtes : l’accord tacite avec la mairie fête cette année son cinquième anniversaire, date à laquelle la commune est censée régulariser la situation, notamment en assurant l’alimentation en eau et en électricité. Habituées à l’adversité (elles ont été expulsées de leur premier emplacement, puis victimes d’un incendie l’an passé), les femmes d’Osasco sont prêtes à défendre leur îlot de quiétude.

on aime beaucoup Réalisation : Romain Dubrac. Emission diffusée le 4/10 dans l’émission 7 milliards de voisins d’Emmanuelle Bastide 48 mn.

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