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IMMIGRATION

En Israël, les demandes d’asile sont rejetées quasi systématiquement

Plus de 42 000 migrants africains vivent en Israël. Une majorité est issue de l’Érythrée ou du Soudan, des pays en guerre. Mais les chances pour que leurs demandes d’asile soient acceptées sont pratiquement nulles.

Des migrants africains manifestent devant l'ambassade du Rwanda dans la ville israélienne de Herzliya le 7 février 2018.
Des migrants africains manifestent devant l'ambassade du Rwanda dans la ville israélienne de Herzliya le 7 février 2018. Jack Guez, AFP
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Il n’est pas bon être réfugié en Israël où les demandes d’asile sont systématiquement rejetées, sans justification fondée. C’est ce que dénonce le dernier rapport publié en octobre par Hotline for refugees and migrants, une organisation non gouvernementale israélienne de défense des droits des réfugiés.

Selon des statistiques avancées par l’association, entre 2009 et 2017, seulement 52 personnes, dont une minorité d'Érythréens et de Soudanais, ont obtenu le statut de réfugié sur près de 11 000 demandes.

Près de 40 000 demandeurs d’asile vivent en Israël dont 92 % sont originaires d’Érythrée et du Soudan, des pays africains en guerre. Mais leurs demandes sont systématiquement rejetées par le ministère de l’Intérieur en se basant sur des critères flous. Selon Hotline for refugees and migrants, l’entretien du demandeur d’asile aboutit le plus souvent, selon un processus bien rodé, à un refus sous prétexte de la non crédibilité du requérant et de l’incohérence de son discours.

“Les méthodes utilisées par le ministère de l’Intérieur ont apparemment pour but de rendre les demandeurs d’asile peu crédibles” note le rapport. “Les entretiens durent de longues heures en se concentrant sur des questions mineures et des détails insignifiants ou marginaux dont le migrant n’est pas sûr de se souvenir”.

La Convention de Genève définit un réfugié comme une personne qui craint “avec raison d’être persécuté du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe ou de ses opinions politiques” dans le pays dont il a la nationalité où il réside. Mais bien que signataire de la convention, Israël semble avoir établi une autre définition de ce qu’il considère comme réfugié ou persécuté dans le but de rejeter un maximum de demandes d’asiles.

"Manque de crédibilité"

Le rapport documente quelques exemples où les autorités israéliennes dénient aux migrants leur statut de persécuté dans leurs pays d’origine. C’est le cas d’un Érythréen enrôlé de force dans l’armée pour effectuer un service militaire. Il raconte lors de son entretien avoir refusé l’ordre de ses supérieurs hiérarchiques de tirer sur des civils qui tentaient de fuir la dictature de Issaias Afeworki. Il a même exprimé son opposition en public lors d’une réunion avec ses amis. Menacé de sanctions disciplinaires, il a décidé de fuir le pays.

Après son évasion, sa mère a été placée en détention pendant plusieurs mois. Mais arrivé en Israël, après avoir traversé le Sinaï, sa demande d’asile a été rejetée. Pour les autorités, l’Érythréen a juste désobéi à des ordres militaires, il n’est pas persécuté pour des motifs politiques et ne répond donc pas à la définition du réfugié. Hors, indique le rapport, “une objection de conscience à exécuter des ordres de tuer des civils doit être perçue comme un acte politique”.

En Israël, vivre dans un camp de "rééducation" pour s’être opposé à un régime dictatorial ne donne pas non plus droit au statut de réfugié. C’est le cas d’un Birman dont la demande d’asile a été rejetée. Le demandeur a notamment déclaré qu’en tant qu’adolescent, il avait été placé dans un camp de “rééducation” parce que sa famille s’était opposée au régime au pouvoir. Son père est mort en prison et sa mère a été emprisonnée pendant quatre ans. Il a aussi décrit les violences et autres abus auxquels il était soumis dans le camp. Mais cela n’a pas impressionné les autorités israéliennes qui ont estimé que les besoins, l’éducation et la nourriture du réfugié étaient pris en charge dans le camp où il vivait. 

Pour Hotline, les autorités israéliennes ne manquent aucune occasion pour rejeter les demandes d’asile. “Toute erreur ou trou de mémoire est synonyme d’un 'manque de crédibilité', ce qui justifie par conséquent le rejet de la demande d'asile”, accuse le rapport.    

Politique anti-immigration

Le Système d’asile israélien reflète la politique antimigratoire du Premier ministre, Benjamin Netanyahou, pressé par les nationalistes de la coalition au pouvoir. En septembre 2018, selon un sondage du centre de recherche américain Pew Research Institute, 57 % des Israéliens interrogés étaient opposés à l’acceptation des réfugiés qui sont souvent traités “d’infiltrés” cherchant "à exploiter le système social”. Le terme d’ “inflitré” n’est d’ailleurs pas anodin. Il désignait initialement les Palestiniens qui venaient travailler en Israël après 1948.

Un discours politique que le Premier ministre assume volontiers. "Il n’y a pas de problème de demandeurs d’asile en Israël. Ce sont des travailleurs clandestins immigrés. Nous n’avons pas besoin d’ouvrir nos portes pour être submergés par la façon dont d’autres personnes gèrent leur économie" a-t-il affirmé lors d'un entretien en marge de l'Assemblée générale des Nations unies en septembre. 

Les autorités israéliennes veulent à tout prix dissuader les candidats au départ. Une fois arrivés en Israël, les réfugiés sont souvent enfermés dans des centres de détention à la frontière égyptienne pendant plusieurs mois. En avril, un projet d’expulsion des migrants vers des pays africains comme le Rwanda ou l’Ouganda a fait polémique. Israël proposait soit 3 500 dollars à la personne acceptant de quitter le pays, soit la prison. Cela avait suscité une levée de boucliers dans le rang des organisations de défense des droits de l’Homme et de l’opposition politique. Un accord entre l'Agence des Nations unies et le gouvernement israélien a finalement été conclu quelques semaines plus tard.

Selon les termes de l’accord, 16 250 migrants se verront attribuer un statut de résident temporaire et pourront rester en Israël, tandis que l’Italie, l’Allemagne et le Canada en accueilleront un nombre équivalent. Ils ont droit à une protection collective qui leur évite d’être expulsé mais ne leur permet pas de travailler.

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