Luz : " Je suis revenu à la plume et l'encrier, je veux entendre le trait en train de se faire"

Luz  - JL. BERTINI
Luz - JL. BERTINI
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Dans son nouvel album dessiné "Indélébiles", Luz nous raconte de l’intérieur la joyeuse ambiance qui régnait à l’hebdomadaire satirique, le désordre magnifique, et l’émulation qu’ont su lui apporter des dessinateurs aguerris comme Cabu ou Gébé.

Avec
  • Luz Dessinateur satirique, auteur de bandes dessinées

« Dessiner toute une vie, ça laisse des traces » : de 1992 à 2015, Luz a dessiné pour Charlie Hebdo. Enfin, il égrène ses souvenirs. 

Dessiner toute une vie, ça laisse des traces. Des chiures, des biffures. On commence, on monte à Paris, on n’est qu’un brouillon de soi-même. Une page à noircir. On rencontre des gens, des talents, des parents. Indélébiles.» Luz « Il était une fois un petit gars qui aimait tellement dessiner qu’il était monté à Paris pour en faire son métier. Les téléphones n’étaient pas encore portables. Il fallait avoir une montre au poignet pour être à l’heure, alors, souvent, on ne l’était pas. On n’appelait pas ça encore les années 90 puisqu’on était en train de les vivre. C’était il n’y a pas si longtemps. Pour le petit gars, ça a duré 23 ans. Pour d’autres, ça dure encore. Un vieux journal renaissait, une incroyable aventure repartait pour les uns, démarrait pour les autres. Indélébiles. Toutes ces années. Tous ces copains. 

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Durant son écriture, le livre s’est appelé Mon journal. Car il tenait à la fois du journal intime mais aussi parce Luz y racontait SON Charlie Hebdo. Un autre titre a circulé : une sacrée bande de cons. La lecture du livre permettra à tous de vérifier pourquoi. Et puis un jour, une histoire est arrivée, et là, Indélébiles s’est imposé. 

Je n'ai pas eu beaucoup de courage dans ma vie, mais j'ai eu celui d'aborder Cabu

On accumulait les couvertures pour trouver la Une. J'appelle ça le mur des lamentations, un mur fait d'une mosaïque de dessins et une communion autour pour trouver le bon

L'idée de ce qu'est Charlie a été enfermé dans une symbolique qui m'agace. C'était un journal bouillonnant qui a été  coulé dans la glace d'une tragédie. Il y avait pour moi la nécessité de dire : on s'est bien marrés.

Le 7 janvier, c'est une glace sans teint qu'il fallait briser. Est-ce que j'aurais fait Indélébiles s'il n'y avait pas eu l'attentat? Peut-être que s'ils étaient vivant, j'aurais écris beaucoup plus de blagues  pour les faire rigoler.

J'ai commencé à dessiner au pinceau, avec l'encrier. C'est d'une très grande sensualité, on n'entend rien. Le marqueur lui est sonore. Le feutre pinceau c'est la sensualité que je pouvais emmener dehors. je suis revenu au "pic-pic", le bruit de la plume dans l'encrier quand il n'y a plus d'encre. Je veux entendre le trait en train de se faire, comme Cabu. 

Un dessin ce n'est jamais une ligne droite, c'est forcément une courbe 

Maintenant j'ai une palette d'émotions que je ne connaissais pas. J'ai envie d'utiliser la mélancolie, l'hystérie, le noir profond. 

Lectures 

Luz, « Indélébiles », éditions Futuropolis

Archives 

Reportage dans la rédaction de « La Grosse Bertha », émission « Là-bas si j’y suis », France Inter, 1992

Cabu au micro de Patrice Tourne, dans « A voix Nue », France Culture, 2007

Noëlle Herrenschmidt au micro de Laure Adler, émission « Hors Champ », France Culture, 2010

« L’An 01 », film réalisé par Jacques Doillon, Alain Resnais et Jean Rouch.

Références musicales 

Renaud, « Hexagone »

Charles Trenet, « La tarentelle »

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