Bagnolet : le maire réquisitionne les locaux de la CPAM pour loger les Baras

Tony Di Martino a réquisitionné ce lundi les locaux de l’assurance maladie pour y loger le collectif de migrants qui occupe illégalement les lieux depuis fin septembre.

 Bagnolet, ce lundi 5 novembre. Le collectif des Baras s’est installé dans les locaux de la sécurité sociale. Le maire (PS) a pris un arrêté de réquisition.
Bagnolet, ce lundi 5 novembre. Le collectif des Baras s’est installé dans les locaux de la sécurité sociale. Le maire (PS) a pris un arrêté de réquisition. LP/E.M.

    A l'instar du maire de Montreuil, l'édile (PS) de Bagnolet, Tony Di Martino, a réquisitionné lundi les locaux de la Caisse primaire d'assurance maladie de sa commune. Un bâtiment occupé illégalement depuis le 28 septembre par les Baras, un collectif de travailleurs migrants sans papiers, qui errent depuis 2012 entre les communes de Montreuil, Bagnolet et Les Lilas.

    « Cette situation dure depuis bien trop longtemps, souffle l'élu. Début octobre, j'ai écrit à la préfecture pour lui demander de réquisitionner les locaux. Mais vu que je n'ai eu aucune réponse, j'ai décidé de le faire moi-même. Une nouvelle expulsion des Baras risquerait de provoquer des troubles à l'ordre public. On parle de plusieurs dizaines de personnes à la rue, en plein hiver bientôt. »

    Tony Di Martino souhaiterait qu'une convention d'occupation précaire soit signée pour permettre aux Baras de rester en échange d'un loyer. Sa réquisition a été saluée par les 96 migrants qui dorment actuellement à la CPAM. « Cela va nous permettre de gagner un peu de temps, même s'il y a des risques que cet arrêté soit contesté devant le tribunal », décrit Yacouba Camara, un des porte-parole du collectif, qui était d'ailleurs assigné ce lundi - comme 10 autres migrants - au tribunal d'instance de Pantin par la Caisse primaire d'assurance maladie de Seine-Saint-Denis. Mais l'audience a été reportée au 13 novembre faute d'avocat pour représenter les Baras.

    Un site en vente

    Avant de savoir que les débats seraient renvoyés, le conseil de la CPAM 93 a demandé la libération des lieux « le plus rapidement possible ». « Entre janvier et septembre 2018, 2 600 usagers se sont rendus dans ces locaux qui étaient jusqu'alors ouverts au public les mardis et vendredis. Or, cette occupation empêche la CPAM de rendre sa mission de service public », a-t-il souligné. Depuis, l'organisme a réorienté ses usagers vers ses antennes de Montreuil, Les Lilas et Noisy-le-Sec. « Nous avons proposé à la caisse maladie d'assurer ses permanences en mairie », précise Tony Di Martino. « La CPAM se moque de nous. Ces locaux sont toujours fermés! Et le site est à vendre », ironisent de leur côté des habitants de Bagnolet venus apporter leur soutien aux Baras au tribunal.

    « Le site est bien à vendre », confirme la CPAM précisant qu'elle va « étudier toutes les conséquences que pose ce nouvel arrêté ». « Nous avons été approchés par une association bouddhiste spécialisée dans la collecte de fonds. Mais tant que les lieux seront occupés, la transaction sera suspendue », poursuit-elle. L'organisme cherche d'ailleurs un nouveau local dans la commune pour continuer à y proposer ses services une fois la vente actée.