Une petite révolution, votre carnet de santé sera bientôt numérique

Attendu depuis près de 15 ans, le dossier médical partagé (DMP), sorte de carnet de santé numérique, pourrait bientôt devenir une réalité pour tous les Français, la ministre de la Santé Agnès Buzyn devant annoncer mardi sa généralisation.

La rédaction avec AFP Publié le 06/11/2018 à 07:05, mis à jour le 06/11/2018 à 07:05
Adieu le vieux Carnet de Santé? Photo AFP

Lundi, elle a invité "tous les Français" à "se faire ouvrir" un DMP, soit sur internet, soit chez leur pharmacien, vantant un outil permettant des "gains de temps, peut-être des économies" en rationalisant les soins, mais "avant tout un outil de partage d'information pour faire de la meilleure médecine".

Le directeur général de l'Assurance maladie, Nicolas Revel, et le président de France Assos Santé, qui regroupe 80 associations de patients, participeront au "lancement officiel" de la nouvelle version de cet outil présenté dès 2004 par Philippe Douste Blazy, l'un des prédécesseurs de Mme Buzyn.

Mais les curieux peuvent d'ores et déjà se rendre sur le site dmp.fr, qui permet à tous les volontaires de créer leur carnet en ligne, et télécharger l'application mobile dédiée.

"Gratuit, confidentiel et sécurisé", le DMP "conserve précieusement" les informations de santé du patient, libre de les partager avec son médecin traitant et "tous les professionnels de santé" de son parcours, explique l'Assurance maladie, chargée de la nouvelle mouture, testée depuis 2016 dans neuf départements.

D'après elle, "le DMP est le seul service" qui permette de "retrouver dans un même endroit" son historique de soins des 24 derniers mois, ses antécédents médicaux (pathologie, allergies...), ses résultats d'examens (radio, analyses biologiques...), les comptes-rendus d'hospitalisation ou encore les coordonnées des proches à prévenir en cas d'urgence.

De quoi satisfaire Fabienne, 57 ans, dont l'allergie aux sulfamides (antibiotique) a failli lui coûter la vie il y a quelques années, après une opération. "Je savais que j'étais allergique à un médicament mais ne me souvenais plus lequel, alors l'anesthésiste a supposé qu'il s'agissait de la pénicilline".

Eviter ce type d'incident, mais aussi les interactions médicamenteuses dangereuses ou les actes redondants et inutiles est la vocation du DMP, également censé favoriser la coopération entre les professionnels de santé. Il est de ce fait particulièrement recommandé aux personnes atteintes de pathologies chroniques ou aux femmes enceintes.

"pas obligatoire" 

Le DMP est tombé dans le giron de l'Assurance maladie en 2016, en vertu de la loi santé de Marisol Touraine, soucieuse de refonder un dispositif au point mort malgré son coût, d'"au moins 210 millions d'euros" entre 2004 et fin 2011, selon la Cour des comptes...

Bien loin des milliards d'euros d'économies visés par M. Douste-Blazy.

La première phase de développement a déjà permis de créer 550.000 DMP en 18 mois, jusqu'à mai 2018. En y ajoutant ceux de la décennie précédente, "plus de 1,2 million de DMP" étaient ouverts au début de l'été, selon l'Assurance maladie

C'est encore loin de l'"objectif de 40 millions de DMP ouverts d'ici à 5 ans" inscrit dans un accord entre l'Assurance maladie et l'Union nationale des professionnels de santé (UNPS).

Mais plusieurs innovations devraient ôter certains freins, notamment chez les professionnels de santé, qui ont boudé la précédente version, pas assez ergonomique, trop chronophage.

Les patients pourront cette fois ouvrir eux-même leur dossier en ligne ou auprès des agents des caisses d'assurance maladie, en plus des établissements de santé et des professionnels, pour lesquels l'Assurance maladie pourrait négocier "des mécanismes d'incitation" financière, comme elle l'a déjà fait avec les pharmaciens, qui toucheront un euro par DMP ouvert.

En outre, c'est l'Assurance maladie qui injectera automatiquement dans le DMP "l'historique des remboursements" des actes et des médicaments sur les deux dernières années, alors que les précédents DMP étaient plutôt vides.

Côté patient, le DMP "n'est pas obligatoire et n'a aucun impact sur (les) remboursements", peut-on lire sur le site dmp.fr.

"Seul" le médecin traitant "peut accéder à l'ensemble des informations", le patient pouvant bloquer les professionnels de son choix, ajouter ou masquer certains documents, ou tout bonnement supprimer son DMP, dont "les données seront conservées pendant 10 ans".

Reste à voir si les hôpitaux et les cabinets médicaux disposeront de logiciels capables d'intégrer facilement des documents au DMP, et comment la protection du secret médical sera garantie.

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Nice-Matin

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