En attendant les bus électriques, la RATP ressort les vieux diesels du garage

La refonte des lignes de bus à Paris va demander plus de véhicules en circulation. Mais la RATP n’a pas assez de bus « propres » pour assurer ce nouveau service.

 Les bus diesel dans Paris. LIGNE 82
Les bus diesel dans Paris. LIGNE 82 Le Parisien

    A l'heure où la Région Ile-de-France et la ville de Paris font la chasse aux véhicules les plus polluants, l'information fait désordre : afin de lancer la restructuration du réseau de bus parisien - aussi appelé le Grand Paris des Bus - en avril 2019, la RATP va devoir rallonger la vie… d'une centaine de bus diesel.

    Ce projet prévoit en effet de prolonger certaines lignes de bus et d'en créer de nouvelles. Le tout pour affiner le maillage de la capitale et mieux le faire coïncider avec les lieux de vie. 110 véhicules supplémentaires sont nécessaires pour assurer ce nouveau service.

    Une bonne nouvelle pour les usagers. Sauf que les réserves de bus de la RATP sont à sec. La flotte actuelle est composée de 4 700 bus dont 800 engins hybrides, 140 fonctionnant au GNV (gaz naturel) et 74 à l'électricité.

    Ces bus diesel n'auraient pas le droit de circuler dans Paris

    Alors, en attendant l'arrivée de bus propres en 2020, la Régie parisienne n'a d'autre choix que de faire reprendre du service à 104 bus diesel qu'elle devait remiser. Des engins classés Crit'Air 4 ou 5 qui n'ont donc pas le droit de circuler dans Paris ! Va-t-on les réserver aux lignes de grande couronne et garder les nouveaux engins pour la capitale ?

    Ile-de-France Mobilités - dont Valérie Pécresse est la présidente - s'en émeut en affirmant que 54,8M€ ont été débloqués en avril dernier, justement pour commander des bus propres. Une délibération du conseil d'administration du 24 avril avait d'ailleurs encouragé la RATP à accélérer la conversion énergétique de ses dépôts pour « accueillir dès 2019 des bus propres ». « C'est un scandale, estime Hervé Techer du syndicat Sud RATP. Dans ce cas, il aurait fallu que l'entreprise assume et dise qu'elle n'était pas prête pour 2019 ».

    Mais les spécialistes du secteur tempèrent. « La RATP ne peut pas commander seule des véhicules, mais avec IDFM », analyse un spécialiste. « Il faut compter entre 6 et 12 mois pour la livraison d'un bus, ajoute un autre. Et pour les électriques, c'est même douze mois et plus. Il y a un problème de disponibilité de batteries face à la forte demande dans ce secteur ».

    Le choix du constructeur n'est pas encore connu

    La RATP, de son côté, se contente de rappeler qu'elle a « lancé avec IDFM un appel d'offres massif pouvant aller jusqu'à 1 000 bus électriques » et qu'elle convertit l'ensemble de ses 25 centres bus à l'électrique et au biogaz pour un parc 100 % propre en 2025. »

    A l'horizon 2025, IDFM vise l'objectif d'un parc 100 % propre dans la zone dense (Paris, villes de petite couronne et grandes agglomérations régionales) avec un objectif de 2/3 de bus électriques et 1/3 de bus au biogaz.

    Mais le choix du constructeur ne devrait pas être connu avant le premier semestre 2019. Outre Bolloré, les industriels Irizar, Dietrich, Yutong, Solaris, Heuliez ou BYD sont sur les rangs. Puis, il faudra que l'heureux élu lance la construction des machines et donc les lignes de production dans les usines. Soit en 2020, au mieux.

    Or, le Grand Paris des Bus doit être mis en service en avril 2019. Visiblement, les ambitions politiques se heurtent à la réalité économique.