Cette pathologie d’origine auto-immune affecte plus de 100 000 personnes en France (et 400 000 en Europe), selon l’association pour la recherche sur la sclérose en plaques (Arsep).

Sur les 5 000 nouveaux patients diagnostiqués chaque année dans l’hexagone, les trois quart sont aujourd’hui des femmes, contre seulement la moitié il y a cinquante ans. Le changement de mode de vie est sûrement en cause : le tabagisme féminin, le recul de l’âge de la première grossesse, l’alimentation industrielle et le surpoids sont incriminés. Mais on sait aussi que le manque d’ensoleillement et la génétique jouent aussi un rôle important dans le développement de la maladie. En outre, les hormones masculines (testostérone) semblent exercer un effet protecteur dont ne bénéficie pas les femmes. 

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La SEP, une maladie aux symptômes évolutifs

La sclérose en plaques (SEP) est caractérisée par des poussées inflammatoires qui détruisent progressivement la gaine (myéline) qui entoure les fibres nerveuses du cerveau, du nerf optique et de la moelle épinière. Résultat : la transmission des messages entre le système nerveux central et le corps est altérée. Des troubles visuels, sensitifs ou moteurs apparaissent alors. Chez quelques patients, des perturbations de l’humeur sont plutôt observées.

Au cours des premiers stades de la maladie, les symptômes surviennent brutalement lors des poussées* mais ils s’estompent voire disparaissent peu après.

Mais au fil du temps, les fibres nerveuses ne parviennent plus à se réparer et les symptômes s’installent définitivement : diminution de la force musculaire dans un membre, fourmillement ou absence de sensation dans un bras ou une jambe, perte d’équilibre, vertiges, fatigue extrême, réduction du champ visuel, problèmes urinaires…

Les symptômes et l’évolution de la maladie diffèrent selon les individus. Certains subissent une aggravation progressive, d’autres connaissent des périodes de rémission et de rechute.

Consulter vite pour contenir la maladie

Les premiers signes apparaissent entre 20 et 40 ans. Il est préférable de se faire diagnostiquer rapidement (par un neurologue) car plus la sclérose en plaques est détectée tôt, plus longtemps la qualité de vie quotidienne pourra être préservée.

Il n’existe à ce jour aucun médicament susceptible de guérir cette affection, mais de nouveaux traitements de fond sont capables de juguler l’hyperactivité du système immunitaire, donc de freiner l’évolution des symptômes : des immuno-modulateurs ou des immuno-suppresseurs qui réduisent de 30% à 70% la fréquence et l’intensité des poussées.

Et lors des pics inflammatoires, des corticoïdes en perfusion sont prescrits pour limiter la destruction des nerfs. "La sclérose en plaques d’aujourd’hui n’a donc plus rien à voir avec celle d’il y a quinze ans", selon le Pr Thibault Moreau, président du comité scientifique de la Fondation Arsep lors de notre interview en 2018, depuis remplacé à ce poste par Pr Jean PELLETIER.

Pas d'incidence sur la fertilité

"Une femme atteinte de sclérose en plaques peut adopter une contraception hormonale et envisager une grossesse normale", estime le Pr Moreau. Jusque dans les années 1960, avoir un enfant lui était contre indiqué.

Mais on sait aujourd’hui que cette maladie n’est pas héréditaire et que les symptômes régressent de manière spectaculaire au cours de la grossesse (-70% au cours du 3ème trimestre). En revanche, les poussées reprennent de plus belles dans les mois qui suivent l’accouchement chez 27% des patientes, avant que l’évolution de la maladie reprenne son cours habituel. Des études scandinaves ont en outre montré qu’allaiter n’aggrave pas non plus la maladie et n’empêche en rien la reprise des traitements de fond.

*des études ont montré qu’elles interviennent préférentiellement en période prémenstruelle