JUSTICE - La mairie de Dijon a saisi la justice pour faire annuler le prénom "Jihad", a-t-on appris ce mardi auprès du parquet de la ville. Ce dernier a été choisi par la mère d'un nouveau-né la semaine dernière.
"Le parquet de Dijon a bien reçu le dossier de la part du maire de Dijon", a indiqué à l'AFP le procureur de la République de Dijon, Eric Mathais, confirmant une information du quotidien régional Le Bien Public dans son édition de samedi. "Nous allons ce jour délivrer une assignation en matière d'annulation de prénom à l'attention de la mère de l'enfant pour une audience devant le juge aux affaires familiales de Dijon".
"Jihad", un prénom "associé aux mouvements islamistes intégristes"
Pour justifier cette décision, le magistrat invoque la perception du mot "jihad" dans l'opinion publique. "Même si le prénom de Jihad ou Djihad est un prénom attribué dans le monde arabe et qui signifie sur le livre des prénoms du monde arabe: combat sacré; guerre sainte; travail; effort et qu'il peut donc avoir un sens positif, il n'en demeure pas moins que dans l'opinion publique et au vu du contexte terroriste actuel, ce prénom est nécessairement associé aux mouvements islamistes intégristes", a-t-il ainsi expliqué.
En outre, ce dernier a souligné craindre pour l'enfant "une stigmatisation, voire des moqueries ou des remarques désobligeantes". "S'il n'est pas accepté, j'échangerai deux lettres et je l'appellerai Jahid", avait déclaré samedi au Bien Public la mère du petit garçon. Elle avait néanmoins ajouté qu'elle se réservait "le droit de faire appel à un avocat" pour contester la décision si les motivations du refus ne lui "convenaient pas".
Un prénom déjà refusé par la justice
Le prénom "Jihad" a déjà été refusé à un couple de Haute-Garonne, par le tribunal de grande instance de Toulouse, en avril dernier. Le juge l'avait alors renommé "Jahid". Le problème s'était aussi déjà posé à Roubaix en 2016, comme l'a rapporté La Voix du Nord, en octobre 2017.
Pour rappel, les parents sont libres de donner le prénom désiré à leur enfant. En revanche, l'article 57 du Code civile stipule qu'il ne doit pas être contraire aux intérêts de ce dernier. "Si le juge estime que le prénom n'est pas conforme à l'intérêt de l'enfant ou méconnaît le droit des tiers à voir protéger leur nom de famille, il en ordonne la suppression sur les registres de l'état civil", complète l'article.
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