LIBAN - L'association ABAAD a visiblement encore du travail à accomplir au Liban. Afin de lutter contre la culpabilisation des femmes victimes de violences sexuelles, l'ONG libanaise a sorti une vidéo mettant en scène une femme venant de subir un viol. Autour d'elle, les réactions des passants sont bien réelles et filmées en caméra cachée.
Dans la rue, une femme hagarde erre, ne sachant pas où aller ni que faire. D'après ses paroles confuses, on comprend peu à peu qu'elle vient d'être violée. Les réactions des personnes qu'elles croise, au départ plutôt bienveillantes, changent quand le mot "viol" est prononcé.
Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d'article, les questions se font pressantes: "Vous êtes droguée?", "Vous avez bu?". Les hommes et les femmes autour d'elle, dont les réactions sont filmées à leur insu, deviennent même insultantes: "Elle a l'air d'une salope", "T'as vu ses yeux? Elle n'a pas honte la pute!"
#HonteÀQui?
À la fin du clip, une question sous forme de hashtag: #HonteÀQui? accompagné de la phrase: "Jugez le violeur. Pas la victime." Publiée sur Facebook et sur Youtube ce lundi 5 novembre, la vidéo a déjà été vue plus de 760.000 fois. Une preuve que le débat est ouvert et le clip parlant.
Ce n'est pas la première fois que l'association ABAAD (perspectives en arabe) permet d'ouvrir le débat dans la société libanaise. Créée en 2011, l'ONG s'est fixée comme mission l'égalité de genre et l'émancipation des femmes.
Article 522 du code pénal
C'est notamment grâce à son militantisme qu'avait été abrogé en août 2017 l'article 522 du code pénal ayant trait aux viols, agressions, rapts et mariages, qui permettait auparavant à un violeur d'échapper à la prison s'il épousait sa victime.
L'ONG avait accroché sur la célèbre corniche de Beyrouth 31 robes de mariées aux palmiers de la promenade. "31 robes car il y a 31 jours dans un mois et chaque jour, une femme risque d'être violée et d'être forcée d'épouser son violeur", avait alors affirmé à l'AFP Alia Awada, responsable de la campagne pour ABAAD. Reste désormais à changer les mentalités, ce qui prend plus de temps.
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