Iran : nouvelle vague de convocations et d’arrestations de journalistes

Reporters sans frontières (RSF) dénonce une nouvelle vague de répression des autorités iraniennes contre les journalistes, notamment pour des publications sur les réseaux sociaux. En moins d’un mois, plusieurs d’entre eux ont été convoqués et trois journalistes arrêtés cette semaine pour leurs écrits sur les réseaux sociaux.

« RSF demande la libération immédiate des journalistes détenus arbitrairement et exhorte le régime à mettre fin à la répression contre la liberté d’information, dénonce Reza Moini, responsable du bureau Iran/Afghanistan de RSF. Entraver la liberté de la presse et arrêter des journalistes ne peut en aucun cas être une solution pour lutter contre la corruption.”


Le 5 novembre 2018, Massoud Kazami, ancien journaliste du quotidien Shargh, a été arrêtée à son domicile par des agents en civil lors d’une perquisition où des documents et les disques durs des ordinateurs ont été saisis. La famille n’a toujours pas été informée des motifs de l’arrestation et ne sait pas non plus où la journaliste est maintenue en détention. il publiait régulièrement des tweets dans lesquels elle critiquait la situation du pays et les politiques des différentes fractions du régime. Son compte Twitter est inaccessible depuis son arrestation.


Le 29 octobre 2018, Saba Azarpeyk l’ancienne journaliste du mensuel Téjarat-é-Farda et du quotidien Etemad a été arrêtée par des agents du ministère des Renseignements également lors d’une perquisition à son domicile. Dans la foulée, son compte Twitter et sa page sur la messagerie cryptée Telegram ont été fermés.

Sur les réseaux sociaux, documents à l’appui, la journaliste avait récemment accusé de corruption et de favoritisme l’ex-ministre des Mines et de l’Industrie et du commerce, Mohammad Shariatmadari, figure trouble des services de renseignement, tout nouvellement nommé à la tête du ministère du Travail. Ces révélations fracassantes sont intervenues juste avant un vote de confiance du Parlement, le 27 octobre dernier. Elles ont provoqué un tollé chez les internautes, notamment au sein de la classe politique. Le jour même, le vice-ministre des Renseignements, dans une lettre au président du Parlement, annonçait avoir déposé plainte contre la journaliste en raison de la publication de ces documents, sans pour autant remettre en cause leur véracité. La journaliste a été libérée provisoirement le 31 octobre en versant une caution.

La journaliste avait déjà été arrêtée le 28 mai 2014. Après plus de 80 jours passés à l’isolement, elle avait été libérée le 20 août après le versement d’une caution de 200 millions de tomans (soit environ 190 000 euros), en attendant son jugement.


Les journalistes en province ne sont pas épargnés non plus par cette vague de répression. Ejlal Ghavami, journaliste indépendant, a été condamné le 16 septembre à huit mois de prison ferme par la deuxième chambre du tribunal de la ville de Sanandaj (province du Kurdistan iranien), accusé de «publication de fausses informations destinées à troubler l'opinion publique». Il avait publié trois articles sur les réseaux sociaux, évoquant la situation des prisonniers d'opinion dans la province du Kurdistan. Le journaliste avait été jugé le 20 août 2018.


Dans la même ville, le 6 octobre 2018, Kazem Imanzadeh, directeur du site d’information Hivanews a été convoqué par la 1ere chambre du tribunal de la ville de Sanandaj à la suite d’une plainte déposée par les gardiens de la révolutions, pour « publication de fausses informations destinées à troubler l'opinion publique ». Le journaliste est libre en attendant son verdict.



L’Iran se situe à la 164e position sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018 de Reporters sans frontières.

Publié le
Mise à jour le 20.11.2018