Dans les campagnes françaises, les stigmates toujours visibles de la Grande Guerre

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Dans les campagnes françaises, les stigmates toujours visibles de la Grande Guerre

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Soldat déguisé en combattant de la Grande guerre lors d'une cérémonie d'hommage en 2016 à Douaumont
Soldat déguisé en combattant de la Grande guerre lors d'une cérémonie d'hommage en 2016 à Douaumont
© AFP - Jean-Christophe Verhaegen

Au-delà des cohortes de morts et des millions de blessés, la Première Guerre mondiale, ses obus et ses munitions chimiques, ont aussi détruit des pans entiers de l'environnement dans plusieurs régions. Dans le nord-est de la France, certaines terres sont aujourd'hui durablement contaminées, depuis plus de cent ans.

À première vue, c'est une clairière en pleine forêt de Spincourt dans la Meuse, entourée de barbelés. En fait, rien ne pousse vraiment à cet endroit... Il y a un siècle, c'était le coté du champ de bataille qu'occupaient les Allemands, qui utilisaient des obus à gaz, "présents sur place en quantités considérables", explique Bernard Stoufflet, de Meuse Nature Environnement.

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Ce lieu, baptisé "la place à gaz" est connu des pouvoirs publics, des forestiers, et des protecteurs de l'environnement. Ils connaissent aussi très bien son histoire. "Dans les années 20, l'armée a recédé à un ferrailleur ces quantités astronomiques d'obus", raconte Bernard Stoufflet. "Comme il voulait récupérer la ferraille qui compose l'obus, il a eu l'idée de faire un grand feu... et de brûler tout ça."

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Soit près de 3 millions de tonnes d'obus actifs déjà rouillés, dégradés, à traiter. Et de manière très pragmatique, il fallait donc récupérer les matières qui pouvaient l'être : métal, TNT, nitrate d'ammonium...

"Restaurer la mémoire" pour éviter de nouvelles pollutions

Mais les explosions ont aussi libéré les substances chimiques des engins : dérivés d'arsenic, dioxines et autres métaux lourds. Autant d'éléments qui se retrouvent aujourd'hui dans le sol. Et pas seulement dans la "place à gaz", confie Daniel Hubé, géologue au BRGM :

On en est pour l'instant au début de l'étape connaissances : comment est-ce qu'on en est arrivé à cette situation ? Avoir oublié une pollution sévère avec ce type d'activité industrielle, pendant près de 100 ans ? Y'a-t-il d'autres sites de ce type en France ?

Les agents du BRGM ont donc été missionnés "pour essayer de restaurer cette mémoire et pour éviter la découverte fortuite d'autres pollutions, et pouvoir les gérer en connaissance de cause". Ils ont également découvert trois zones de brûlage dans le Nord, et une autre dans un champ de la Meuse.

Des terres contaminées, à exproprier et condamner, ou à excaver et traiter.

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