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Cette nuit en Asie : pourquoi les facs japonaises de médecine éliminaient en secret les filles candidates

Pendant des années, l'Université de médecine de Tokyo a donné des points de bonus aux candidats hommes. Elle tente aujourd'hui, sans succès, de se faire pardonner.

Des dizaines d'anciennes candidates s'organisent pour faire punir les établissements qui ont truqué leurs examens d'entrée depuis plus d'une décennie
Des dizaines d'anciennes candidates s'organisent pour faire punir les établissements qui ont truqué leurs examens d'entrée depuis plus d'une décennie (Kazuhiro Nogi/AFP)

Par Yann Rousseau

Publié le 7 nov. 2018 à 06:24Mis à jour le 7 nov. 2018 à 06:25

Accusée d'avoir truqué pendant des années ses concours d'entrée pour freiner la réussite des filles, l'Université de médecine de Tokyo a annoncé, ce mercredi, qu'elle allait tenter de réparer ses fautes en laissant notamment les candidates injustement éliminées retenter leurs chances lors du concours de sélection de 2018. Mais cette soudaine générosité ne devrait pas apaiser le courroux des anciennes élèves flouées qui ont lancé plusieurs démarches devant la justice pour toucher des dommages et intérêts.

Des dizaines d'anciennes candidates s'organisent pour faire punir les établissements qui ont truqué leurs examens d'entrée depuis plus d'une décennie. L'étendue exacte du scandale ne sera connue qu'en décembre, lorsque le ministère de l'Education aura achevé la grande enquête qu'il a lancée dans 81 établissements publics et privés pour déterminer combien avaient appliqué, en secret, cette politique discriminatoire.

Le gouvernement a déjà indiqué, sans donner de noms d'établissements, que plusieurs départements de médecine avaient systématiquement discriminé les femmes en donnant des points d'avance aux garçons.

Pas plus de 30 % d'élèves femmes

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Ces pratiques avaient été révélées en août dernier par les médias japonais avant d'être confirmées, plus tard, par la prestigieuse Université de médecine de Tokyo. Son comité de sélection s'arrangeait pour que les femmes ne représentent pas plus de 30 % du nombre total d'élèves reçus au sein de chaque promotion.

Pour justifier ces injustices, la fac a expliqué que sa priorité était de lutter contre les pénuries de docteurs dans les hôpitaux du pays. Selon elle, les femmes devenues médecins risquaient de ne pas accepter les lourdes conditions de travail exigées pour ces postes et risquaient même de démissionner pour se consacrer à leurs familles après le mariage.

Au fil de son enquête, le ministère de l'Education a découvert que d'autres trucages avaient aussi été mis en place pour limiter la sélection de candidats hommes qui avaient précédemment échoué à l'examen d'entrée. A l'inverse, certains postulants dont les parents étaient déjà passés avec succès par la fac de Tokyo semblent, eux, avoir bénéficié de points bonus pour faciliter leur admission.

Discriminations faites aux femmes

Au Japon, cette affaire a relancé le débat sur les discriminations faites aux femmes, particulièrement dans les entreprises. Soupçonnées de ne pas toujours montrer une loyauté absolue à leur employeur, elles ne sont que très rarement promues aux postes de management.

Dans les hôpitaux, elles sont aussi quasiment absentes des services les plus prestigieux. Selon le dernier recensement du ministère de la Santé, elles n'occupent ainsi que 5,2 % de l'ensemble des postes de neurochirurgiens du pays et n'ont que 4,6 % des places de chirurgie orthopédiques. Toutes spécialisations confondues, les femmes occupent 20,4 % des emplois de médecins de l'archipel.

Yann Rousseau (Correspondant à Tokyo)

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