ENERGIECet autocar ne roule pas au diesel mais au marc de raisin

Landes: En alternative au diesel, un carburant au marc de raisin testé sur un autocar

ENERGIESur la ligne entre Dax et Mont-de-Marsan, un autocar alimenté par un biocarburant à base de marc de raisin va être testé. Le transporteur va surveiller de près la consommation du véhicule et les contraintes liées à l’entretien…
Illustration de grappes de raisin.
Illustration de grappes de raisin.  - LUIS ROBAYO / AFP / AFP
Elsa Provenzano

Elsa Provenzano

L'essentiel

  • Dans les Landes, la régie des transports va tester un carburant à base de marc de raisin sur un véhicule, pendant un mois et sur 9.000 km.
  • Sa consommation et les contraintes d’entretien vont être observées pendant la période de l’expérimentation. Cette mixture locale qui dégage beaucoup moins de dioxyde de carbone (-95 %) et d’oxydes d’azote (-50 %) qu'un carburant classique.
  • Au prix de 0,85 euro le litre, le tarif de ce biocarburant pourrait séduire plusieurs transporteurs à la recherche d’alternatives au diesel.

Au pays de la vigne, le raisin trouve toutes sortes de débouchés. Un autocar au moteur adapté va être prêté par le constructeur Scania à la société publique locale (SPL) Translandes et alimenté par un biocarburant fabriqué à base de marc de raisin.

Un autocar va rouler au marc de raisin sur la ligne entre Dax et Mont-de-Marsan.
Un autocar va rouler au marc de raisin sur la ligne entre Dax et Mont-de-Marsan.  - Régie des transports landais, Trans-Landes

C’est l’entreprise girondine Raisinor qui fabrique depuis 2010 ce carburant appelé ED95, à partir de peaux et pépins issus du pressage des raisins et fermentés. La SPL Translandes va tester pendant un mois, sur sa ligne entre Dax et Mont-de-Marsan, cette mixture locale qui dégage beaucoup moins de dioxyde de carbone (-95 %) et d’oxydes d’azote (-50 %) qu'un carburant classique. « Pour les émissions de polluants, on est mieux placés que toutes les énergies alternatives », fait valoir Jérôme Budua, directeur de Raisinor France.

9.000 kilomètres pour faire ses preuves

« On va observer le comportement du véhicule, le confort et sa consommation, ce dernier poste est l’un des plus importants pour nous, il représente 12 % de nos charges », souligne Alain Cazeneuve, directeur général de SPL Translandes, dont l’autorité organisatrice est la région Nouvelle-Aquitaine. En un mois, le véhicule va parcourir environ 9.000 kilomètres et donnera le temps au transporteur de se faire une idée sur ce biocarburant.

Ce type de carburant comporte des inconvénients déjà connus comme un entretien plus fréquent et un remplacement des injecteurs à intervalle plus rapproché. « Mais le prix de ce produit, 0,85 euro le litre, peut être fixé sur les prochaines années par Raisinor », pointe le directeur de SPL Translandes. Une visibilité dans le temps qui intéresse ce transporteur à la recherche d’alternatives au diesel.

La société dispose déjà d’une cuve compartimentée dans sa station qui pourrait accueillir très vite cet ED95. « L’idée est de profiter du renouvellement de la flotte, au rythme de quatre à cinq véhicules par an et pas de tout changer du jour au lendemain », précise Renaud Lagrave, vice-président à la Région chargé des infrastructures, des transports et de la mobilité.

Un mix énergétique recherché par les transporteurs

La société de transports regarde aussi du côté du gaz naturel pour véhicules (GNV) qui pourrait alimenter une dizaine de ses 250 véhicules d’ici 2020, mais il est alors nécessaire de prévoir l’installation d’une station spécifique. Elle privilégie à cette heure le gaz naturel et le marc de raisin, estimant l’électricité et l’hydrogène comme des solutions trop coûteuses. « Beaucoup de transporteurs sont intéressés par ces nouveaux carburants, relève Renaud Lagrave. Ils ne souhaitent pas recourir à un seul d'entre eux mais plutôt à un mix énergétique ».

Si les alternatives existent depuis longtemps, leurs commercialisations commencent timidement. « Il y a eu une bagarre avec Bercy qui refusait de reconnaître ce carburant qui n’utilise pas d’énergie fossile et qui voulait caler les prix sur ceux existants pour les carburants classiques », explique Renaud Lagrave.

Une production limitée

« Il n'y en aura pas pour tout le monde! » prévient le directeur de Raisinor, qui traite les déchets de distilleries vinicoles. Compte tenus des volumes, l'entreprise peut alimenter en énergie 1.500 à 2000 véhicules par an. Une belle marge de progression existe néanmoins puisque début 2018 une vingtaine seulement roule au marc de raisin.

Ce bioethanol a été testé sur une ligne La Rochelle-l’île de Ré, sur laquelle opèrent neuf autocars, et il va être pérennisé, a annoncé la région. Un signal fort pour Raisinor, qui installe une production d' E95 à Coutras, en Gironde.

Si la région Nouvelle-Aquitaine est pionnière sur ce biocarburant, Raisinor commence à travailler avec d'autres régions viticoles comme l'Occitanie et PACA.

Sujets liés