
Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), envoyée spéciale
Dans la salle de mariage, monsieur le maire, Steeve Briois, se tient entre les deux femmes nues qui encadrent la cheminée monumentale de leur poitrine sculptée en pierre blanche. A Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), il a été élu dimanche 23 mars sous l'étiquette du Front national – coup de tonnerre dans le bassin minier traditionnellement à gauche – et dès le lundi, à 10 heures du matin, il arpente l'hôtel de ville, en costume et cravate, comme s'il y avait toujours travaillé.
« Regardez : vous voyez bien qu'il n'y a pas de chars Panzer dans les rues », lance Jean-Richard Sulzer, pressenti aux finances municipales. Et, alors que la France entière a le regard tourné vers Hénin-Beaumont, tentant gravement d'y scruter si ce triomphe du FN dès le premier tour serait le symbole d'un monde politique en train de basculer, Briois, l'homme du jour, se lance dans un exposé minutieux : « Si un citoyen signale une ampoule défectueuse dans l'éclairage municipal, il faut la remplacer tout de suite, sans attendre six mois. C'est ça le changement, les gens doivent sentir qu'on les écoute. » Puis il fait un sourire, l'immuable sourire du brave Steeve Briois, dont nul ne l'a jamais vu se départir, dans les goûters dansants comme lors des humiliations les plus cuisantes, depuis vingt-cinq ans où il milite ici pour le FN.
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