Le 9 novembre, "jour du destin" allemand | PROGRAMME | DW | 07.11.2018
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PROGRAMME

Le 9 novembre, "jour du destin" allemand

1918, 1923, 1938 ou encore 1989... Cette semaine dans Vu d'Allemagne, on fait un tour d'horizon des 9 novembre de l'Histoire allemande avec l'historien Guilhem Zumbaum-Tomasi. // Reportage en Irlande du Nord, où les artistes redoutent la fermeture de la frontière entre leur territoire britannique et la République d'Irlande après le divorce entre le Royaume-Uni et l'UE.

Depuis 1989, la date du 9 novembre est liée à la chute du Mur de Berlin. Mais il y en a eu d'autres, des 9 novembre marquants, dans l'Histoire allemande récente. En Allemagne on parle même du "Schicksaltag", littéralement le "jour du destin", pour évoquer cette date.

9 novembre 1918 : l'Allemagne révolutionnaire

Et pour respecter la chronologie, on commence par le 9 novembre 1918, dont on célèbre cette année le centenaire. Pour les Allemands, c'est une date bien plus importante que le 11 novembre, jour où l'armistice a été signé pour mettre fin à la Première guerre mondiale. 

Fin octobre, à Kiel, dans le nord du pays, un soulèvement de marins qui refusent d'être les dernières victimes d'une guerre déjà perdue entraîne une révolution dans tout le pays. La classe politique se trouve prise en étau, l'empereur Guillaume II a déjà pris le chemin de l'exil.

"Le 9 novembre 1918, le pouvoir à Berlin a le choix entre écraser cette révolte ou accepter et changer le régime politique", explique Guilhem Zumbaum-Tomasi, chargé de l'éducation historique et politique au Mémorial Friedrich-Ebert de Heidelberg...

Friedrich Ebert est justement à la tête du parti social-démocrate en ce 9 novembre 1918. Chargé par le chancelier Max Bade de trouver un nouveau modèle politique, il envisage une monarchie parlementaire, mais est devancé par Scheidemann qui proclame la république à la fenêtre du Reichstag. Et le même jour, Karl Liebknecht annonce l'avènement d'une république socialiste. 

Philipp Scheidemann proclamant la république à la fenêtre du Reichstag

Philipp Scheidemann proclamant la république à la fenêtre du Reichstag

Entre ces trois scénarios, celui de la monarchie parlementaire fera long feu avec l'abdication de l'empereur. Les révolutionnaires spartakistes conduits par Karl Liebknecht seront écrasés quelques mois plus tard par l'armée.

Le 19 janvier 1919 ont lieu les premières élections au suffrage universel, c'est la première fois que les femmes peuvent y participer. La République de Weimar est proclamée la même année, en août 1919.

Malgré ses faiblesses, en particulier sur son système politique, elle aura donc apporté, entre autres changements, le droit de vote des femmes.

"Ce droit existe toujours et entraîne l'émancipation politique des femmes. Les relations entre syndicats et entreprises datent également de la République de Weimar, tout comme la liberté de la presse", rappelle Guilhem Zumbaum-Tomasi.

9 novembre 1923 : le coup d'État manqué d'Adolf Hitler

Cinq ans après la révolution allemande et la fin de la monarchie, un autre 9 novembre va faire son entrée dans l'Histoire: la tentative de coup d'État menée par un certain Adolf Hitler en Bavière.

Pour cette tentative ratée, Adolf Hitler écope de cinq de prison, mais il ne passera que neuf mois derrière les barreaux. C'est pendant cette courte période qu'il rédige "Mein Kampf" où il expose sa théorie et son programme politique.

C'est en prison que Hitler dicte le texte de son programme politique

C'est en prison que Hitler dicte le texte de son programme politique

Il entame la réforme de son parti, le NSDAP, qui lui permettra de poursuivre son ascension politique et de prendre le pouvoir légalement moins de dix ans plus tard, en janvier 1933. 

9 novembre 1938 : la "catastrophe avant la catastrophe" pour les juifs d'Allemagne

Le 9 novembre 1938, cela fait donc plus de cinq ans que le parti national-socialiste est aux manettes. La propagande nazie bat son plein et prétend vouloir rendre à l'Allemagne sa grandeur.

Les juifs font déjà l'objet de chicanes, mais en novembre 1938, un événement se produit qui sert de prétexte pour passer à une nouvelle étape dans la persécution. Les historiens parlent de "catastrophe avant la catastrophe" - celle qui annonce l'Holocauste.

Le 7 novembre, un jeune juif allemand d'origine polonaise commet un attentat à Paris contre un diplomate de l'Ambassade d'Allemagne. C'est le point de départ d'un déferlement de violence contre la population juive d'Allemagne et d'Autriche.

Le mouvement commence en Hesse, dans le centre de l'Allemagne, avant de se propager dans le reste du territoire, encouragé par les autorités. Jusqu'à la fameuse nuit du 9 novembre, connue sous le nom de "Nuit de cristal", pour le bruit des vitrines qui explosent durant les pogroms perpétrés par la SA, la SS, la police secrète et le Service de sécurité nazis.

Dans la nuit du 9 novembre, 1406 synagogues sont brûlées à travers le pays, comme ici à Chemnitz

Dans la nuit du 9 novembre, 1406 synagogues sont brûlées à travers le pays, comme ici à Chemnitz

"Entre le 9 et le 12 novembre on pille les synagogues, on les détruit... Des membres de la SS et SA attaquent des juifs. Il y a des morts, des viols, des arrestations. Certains sont envoyés dans des camps de concentration où il y a également des viols et des tortures", raconte Guilhem Zumbaum-Tomasi.
 
Selon l'historien, cette date marque un point de non retour pour les juifs sous l'Allemagne nazie. "Jamais dans un pays civilisé une chose pareille ne s'était passée. Après novembre 1938, il était clair que les juifs ne pouvaient plus vivre en Allemagne. Les mesures ordonnées par l'État, la population qui participe... les juifs ne pouvaient plus compter sur la solidarité."

Après novembre 1938, les juifs vont être systématiquement persécutés, avant d'être déportés en masse et exterminés dans des camps de concentration. Un crime contre l'humanité dont l'Allemagne d'après-guerre aura du mal à se remettre.

Une exposition au musée Topographie de la Terreur de Berlin pour marquer le 80ème anniversaire de la nuit de cristal

Une exposition au musée Topographie de la Terreur de Berlin pour marquer le 80ème anniversaire de la nuit de cristal

Il faudra d'ailleurs attendre jusque dans les années 1970 pour que les pogroms de novembre 1938 fassent l'objet de commémorations officielles. 

80 ans plus tard, le travail de mémoire est toujours d'actualité. Une étude vient notamment d'être menée à Düsseldorf pour recenser toutes les victimes de la région de Rhénanie du Nord-Westphalie. Elles sont plus nombreuses que les chiffres connus jusque là. Les chercheurs ont pris en compte les victimes directes, mais aussi celles qui ont subi les conséquences des persécutions de novembre 1938.

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Le Brexit vu par les artistes et curateurs d'art d'Irlande du Nord

Avec le Brexit, finie la libre circulation des biens et des personnes entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande

Avec le Brexit, finie la libre circulation des biens et des personnes entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande

À cinq mois de la date envisagée pour la sortie officielle du Royaume-Uni de l'Union européenne, la question de la frontière entre l'Irlande du Nord, territoire britannique, et la République d'Irlande, membre de l'UE, constitue toujours un des principaux obstacles à la conclusion de l'accord de divorce. 

Un modèle a bien été évoqué, celui du "backstop", qui éviterait le retour d'une frontière physique entre les deux parties de l'île en assurant le maintien dans l'union douanière et le marché unique de l'Irlande du Nord, mais Londres estime que cela porterait atteinte à son intégrité territoriale.

Parmi les secteurs qui risquent d'être touchés par un rétablissement de la frontière, il y a celui des artistes et organisateurs d'expositions pour qui la séparation serait un obstacle majeur à la circulation des oeuvres et des idées.

Un reportage à Belfast de Melissa Chemam.

Et selon un sondage révélé en début de semaine par la chaîne Channel 4, 54% des citoyens britanniques se prononceraient aujourd'hui pour un maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne. Le sondage a été effectué en ligne auprès de 20.000 personnes dans tout le territoire. Il est présenté comme le plus grand sondage d'opinion indépendant sur le Brexit.