Accusé par un enfant, il est acquitté dans le doute

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LausanneAccusé par un enfant, il est acquitté dans le doute

La justice a blanchi un jeune homme hier. Il avait été incarcéré car soupçonné d'avoir imposé une fellation à un mineur de 8 ans.

Frédéric Nejad Toulami
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Frédéric Nejad Toulami

«Je suis surpris par cette volte-face, après trois années de procédure. On se base enfin sur la pièce maîtresse du dossier: l'expertise psychiatrique.» Avocat du prévenu aujourd'hui âgé de 22 ans, Me Albert Habib semblait soulagé, mardi, lors de sa plaidoirie. Le représentant du Ministère public venait en effet de recommander la relaxe de l'accusé. Et de lui accorder des indemnités notamment pour les 23 jours de détention provisoire en début d'enquête. Dont 12 dans des conditions considérées comme illicites, car passés dans une cellule de l'Hôtel de police.

«Faux de penser que les enfants ne mentent pas»

«Le doute doit profiter au prévenu», a conclu le procureur Jérémie Müller, en soulignant qu'il était impossible de se forger une opinion certaine en raison du manque de crédibilité dans les diverses versions données par H., la présumée victime. Durant les vacances d'été 2015, H., alors âgé de 8 ans, s'est rendu un jour au domicile d'un copain. Celui-ci était absent, mais son grand frère l'a fait entrer et amené dans sa chambre où il l'aurait contraint à une fellation jusqu'à éjaculation. Me Habib regrette que, durant l'instruction, les trois procureurs qui se sont succédé se soient fondés sur un récit «dénué d'éléments crédibles». De plus, l'enfant souffrirait de troubles psy.

Le Tribunal des mesures de contrainte avait même refusé la libération de son client en raison du témoignage d'amis de H., qui ont prétendu avoir assisté à la scène, cachés dans une armoire, avant de se rétracter. Pour Me Habib, l'erreur est de penser que des enfants ne mentent pas.

Analyse de crédibilité prise en compte

«Si l'enfant dit vrai, vous avez alors de la chance et vous vivrez avec ces faits sur la conscience.» Lors de la lecture du verdict, hier, le président du tribunal, Philippe Colelough, a souhaité s'adresser au prévenu qu'il venait d'acquitter. Car ce dernier bénéficie du fait que l'analyse de crédibilité du récit lors des trois auditions de H. ne suffit pas à retenir assez d'indices probants. Cela ne veut pas dire qu'il a menti, mais un doute trop sérieux subsiste, en l'absence de témoins.

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