La Nasa annonce la mort du télescope spatial Kepler, le chasseur d'exoplanètes

Grâce à Kepler qui a révélé l’existence de nombreuses exoplanètes, les astronomes conçoivent actuellement des instruments capables de décrire ces dernières et de chercher des signes de vie extraterrestres.

De Nadia Drake
Publication 6 nov. 2018, 10:08 CET
Cette illustration représente le télescope spatial Kepler se déplaçant dans notre système solaire.
Cette illustration représente le télescope spatial Kepler se déplaçant dans notre système solaire.
PHOTOGRAPHIE DE Illustration by NASA

Kepler, le télescope spatial de la NASA et l’un des premiers chasseurs de planètes a pris une retraite bien méritée. Après neuf années passées à observer les étoiles, l’agence spatiale a annoncé la semaine dernière que Kepler était à court de carburant. Le télescope va donc rester en orbite dans le sillage de la Terre et ne s’approchera jamais à moins d’1,6 million de km de la planète bleue.

« Le premier chasseur de planètes de la NASA, le télescope spatial Kepler, est à court de carburant », a annoncé Paul Hertz, directeur du département d’astrophysique de la NASA lors d’une conférence de presse le 30 octobre dernier. « Ceci n’est pas une surprise. Cet événement marque la fin des opérations de Kepler et de la collecte de données scientifiques. »

Dire que Kepler a révolutionné notre compréhension de l’Univers n’est pas exagéré. Au cours de sa mission, le télescope a démontré que des planètes extrasolaires, aussi appelées exoplanètes, tournaient autour de presque chaque étoile dans le ciel et qu’environ 20 % d’entre elles présentent une taille et une orbite semblables à celles de la Terre. Cela signifie que grâce à Kepler, nous avons appris que les planètes sont une conséquence courante de la formation des étoiles et non pas le résultat d’un événement rare et peu probable.

« Grâce à l’incroyable travail de Kepler, nous savons désormais qu’il existe de nombreuses petites planètes en orbite dans la zone habitable d’autres étoiles », a indiqué Victoria Meadows de l’Université de Washington, en faisant référence à la zone entourant une étoile où les scientifiques savent que les conditions sont favorables à la vie. « L’avenir de la science relative aux exoplanètes s’annonce très prometteur. »

Maintenant que le meilleur chasseur de planètes de la Terre a fermé les yeux, les astronomes vont être occupés à analyser et à comprendre les données collectées par Kepler, à préparer de nouvelles missions et à concevoir de nouveaux instruments. La nouvelle génération de télescopes chasseurs de planètes devrait permettre aux scientifiques de se concentrer sur la description de ces mondes qui se cachent dans le ciel.

Les scientifiques sont après tout toujours à la recherche de quelque chose d’insaisissable : une planète de la galaxie qui présente des signes de vie.

« Nous allons définir la composition de ces exoplanètes, de leur centre jusqu’aux bords de leur atmosphère avec un degré de détail jamais atteint », a indiqué Jessie Christiansen de Caltech. « Kepler a levé le voile sur les nombreux systèmes planétaires et planètes qui nous entourent. Il est désormais temps de vraiment les explorer. »

 

UNE MISSION LANCÉE IL Y A PRÈS DE 10 ANS

Placé en orbite en 2009, Kepler a passé quatre années a observé la même zone du ciel de l’hémisphère nord, à la recherche de brèves baisses d’intensité de la lumière émise par les étoiles, qui est provoquée par le passage d'exoplanètes. Kepler a permis de confirmer l’existence d’environ 2 300 planètes dans le champ stellaire, de révéler que ces corps célestes sont communs, que les planètes sont rarement seules et que l’univers abrite une variété extraordinaire de mondes étranges et inattendus.

Toutefois, en 2013, Kepler a perdu une partie d’équipement essentielle qui l’aidait à observer sans mal le ciel étoilé. Au lieu de cesser de fonctionner, Kepler a commencé à effectuer différentes observations. Ainsi, dans le cadre de sa mission K2, le télescope pivotait par alternance afin d’observer plus d’un demi-million d’étoiles, ainsi que les planètes de notre environnement cosmique.

Mais ces deux dernières années, le temps de Kepler était compté. Les scientifiques en charge de la mission savaient que le télescope finirait par épuiser ses réserves de carburant. Comme il était impossible de remplir le réservoir de Kepler, celui-ci a cessé ses observations il y a un peu plus de deux semaines, tandis que les équipes se hâtaient de récupérer les dernières données collectées par le télescope.

« Nous avons collecté toutes les données scientifiques possibles et les avons récupérées sans encombre », a confié Charlie Sobeck du Ames Research Center de la NASA. « À la fin, il ne restait plus aucune goutte de carburant pour faire autre chose. »

 

DE NOMBREUSES DONNÉES À ANALYSER

Même si Kepler ne fournit plus aucune nouvelle donnée aux scientifiques, les mystères qu'il a révélé restent à élucider. Les scientifiques doivent encore analyser plus de neuf années de données collectées lors de la première mission de Kepler et de ses programmes d’observations K2 et tenter de comprendre le plus grand recensement planétaire jamais réalisé.

L’une de ces scientifiques est Lauren Weiss, de l’Université d’Hawaï. Elle entame un projet destiné à étudier les planètes en orbite autour d’une centaine d’étoiles observées par Kepler dans le but de déterminer leur masse et leur orbite, l’architecture de ces systèmes dans leur ensemble et la façon dont les planètes apparaissent là où elles se trouvent.

« Il s’agit de la seule façon de comprendre si notre système solaire tout entier est commun ou rare : décrire en totalité l’intérieur des systèmes planétaires et ensuite faire le lien entre ces planètes et les exoplanètes que nous avons encore à découvrir », a-t-elle expliqué.

 

À LA RECHERCHE DE LA VIE

Maintenant que nous savons que des milliards de systèmes solaires comme le nôtre existent, les scientifiques estiment qu’il est temps de vraiment connaître quelques-uns de ces mondes lointains d’un point de vue statistique, mais aussi pour découvrir leur composition et leur histoire.

« Grâce à Kepler, nous savons que des planètes de la taille de la Terre existent presque partout », confie Courtney Dressing de l’Université de Californie. « Il est temps de se mettre à la recherche des zones habitables près des étoiles afin de trouver nos voisins les plus proches ».

En ce moment, la mission de la NASA baptisée TESS surveille 200 000 étoiles proches et cherchent à décrire les planètes les plus lumineuses. À l’avenir, ce travail de description pourrait être réalisé à l’aide d’instruments tels que le prochain télescope spatial James-Webb ou encore les télescopes au sol géants en cours de conception, à l’instar du Télescope géant européen, du télescope géant Magellan, ou du fortifié Télescope de Trente mètres.

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    De prochaines missions, au cours desquelles seront utilisées des optiques spéciaux afin de bloquer la lumière des étoiles, aideront les Terriens à capturer directement l’image des exoplanètes et à rechercher des signes de vie sur celles-ci, a expliqué Jessie Christiansen. Mais pour l’instant, les scientifiques ne s’ennuient pas : les informations intrigantes ne manquent pas.

    « Actuellement, nous utilisons aussi les télescopes spatiaux Hubble et Spitzer afin d’étudier l’atmosphère des exoplanètes et nous trouvons quasiment toujours des données nouvelles et intéressantes », a indiqué Jessie Christiansen.

    Debra Fischer de l’Université de Yale a déclaré que l’une des raisons principales pour lesquelles les scientifiques s’intéressent fortement à l’atmosphère extraterrestre est la recherche de signes de vie ailleurs que sur Terre, notamment dans les biosignatures qui pourraient être présentes dans les nuages extraterrestres.

    Pour l’instant, les scientifiques ne disposent pas d’instruments capables de facilement détecter ces indices potentiels, mais plusieurs missions pouvant les repérer, comme HabEx ou LUVOIR sont en cours de développement. Celles-ci devraient décortiquer la lumière provenant de planètes éloignées et déterminer leur composition chimique grâce à un processus appelé spectroscopie.

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