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TÉMOIGNAGES - "Elle avait neuf ans et elle voulait mourir" : ils racontent le harcèlement scolaire

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  • France Bleu

À l'occasion de la journée nationale contre le harcèlement à l'école, qui se déroule ce jeudi, France Bleu a recueilli vos témoignages. Insultes, brimades, moqueries, coups, déscolarisation, tentatives de suicides... Les histoires racontées montrent que le harcèlement scolaire peut conduire au pire.

La journée contre le harcèlement scolaire a lieu ce jeudi.
La journée contre le harcèlement scolaire a lieu ce jeudi. © Maxppp -

Des enfants qui s'assoient sur une gamine de CP, des ados qui réveillent leur camarade d'internat la nuit pour lui taper dessus, des élèves de maternelle qui en poussent une autre dans une bouche d'égout... Nous avons recueilli ces histoires à l'occasion de la journée nationale contre le harcèlement scolaire, qui  a lieu ce jeudi. Elles montrent surtout à quel point le harcèlement scolaire peut traumatiser les enfants et bouleverser les familles. Pour venir en aide aux victimes de harcèlement scolaire, un numéro de téléphone gratuit est mis en place : le 30 20 fonctionne du lundi au vendredi de 9h à 20h, et le samedi de 9h à 18h.

"On lui dit qu'il n'y a pas de place pour les poids-lourds" 

Marie, maman d'une petite fille de 10 ans aujourd'hui, se débat toujours avec les conséquences du harcèlement scolaire. Tout est parti de la jalousie d'une de ses camarades, qui a embrigadé les autres enfants contre la petite Ella. À 6 ans, à son entrée en CP, Ella vit un calvaire : "Quand elle était assise seule dans la cour, les autres enfants lui enlevaient ses chaussures. Quand elle faisait ses lacets, ils s’asseyaient sur elle." La petite fille perd confiance en elle, elle développe de l'eczéma en raison du stress et de l'angoisse. "Les autres enfants lui disaient 't'es malade, on s'approche pas de toi'", raconte Marie. La petite fille se réfugie dans la nourriture. "On lui a dit, 'y a pas de place pour les poids lourds ici", raconte sa mère. Ella est enfermée aux toilettes, frappée, insultée, ses vêtements critiqués, ses affaires volées ou abîmées.

"Elle avait neuf ans et elle voulait mourir"

À 9 ans, en CM1, Ella est une fois de plus enfermée dans les toilettes. Mais cette fois, elle ne veut plus en sortir. "Elle nous a dit c'est trop dur, je veux mourir", raconte sa mère, qui a encore de l'émotion dans la voix. Après plusieurs réunions avec les enseignants et les parents et des menaces de plainte, la situation se calme enfin. Ella est aujourd'hui suivie par une psychologue. "C'est seulement quand j'ai menacé de porter plainte que ça s'est calmé", explique sa maman, qui reste très attentive.

"Ma fille ne mangeait plus, ne parlait plus, et voulait se défenestrer" 

"Ma fille avait intégré un nouveau collège en quatrième après un déménagement", raconte Karine. "Elle était harcelée (coups, insultes, rabaissement...) depuis quelque temps par deux filles de sa classe. Elle ne mangeait plus, ne parlait plus, s'isolait." Un jour, Karine entre dans la chambre de sa fille : "Elle allait se défenestrer", raconte la maman, qui est arrivée à temps. "La vie pour elle n'avait plus de sens." Aujourd'hui encore, la fille de Karine est toujours victime de phobie scolaire et de dépression.

"On vous réveille la nuit, on vous tape, on vous crie dessus pour que vous ne dormiez pas"

Zaza, elle, a été victime de harcèlement dans un internat, il y a plusieurs années. "On vous réveille la nuit, on vous tape, on vous crie dessus pour ne pas que vous dormiez", explique la jeune femme, qui reste traumatisée. Pour elle, "les profs, surveillants et directeurs ferment les yeux ou détournent le sujet contre vous".

"C'est très difficile d'en parler, mais ça fait du bien"

Margaux, collégienne de 14 ans à Villers Bocage, au nord d'Amiens, souffre depuis sa naissance d'une paralysie partielle du visage. Un handicap qui fait d'elle la cible de ses camarades. "Je subis quand même des moqueries à peu près tous les jours : ils ne veulent pas me voir, me disent que je suis moche, me poussent , parfois même ils me font tomber". Le quotidien de la collégienne est un calvaire. " Me faire rabaisser tout le temps c'est compliqué", précise Margaux, qui estime que "c'est très difficile d'en parler, mais ça fait du bien."

"C'est très dur d'en parler mais ça fait du bien"

"En maternelle, elles ont poussé ma fille dans une bouche d'égout"

Élodie, elle, raconte le calvaire vécu par sa fille Elena, qui a aujourd'hui 7 ans et est en CP. "En moyenne section de maternelle,  deux filles de sa classe n'arrêtaient pas de l'embêter : 'Tu ne joues pas avec nous, tu es trop petite, tu es un bébé'. En la poussant pour la mettre à part, elles tapaient ma fille, et racontaient n'importe quoi aux autres enfants pour que personne ne joue avec elle".

Élodie raconte qu'à force d'avoir peur, sa fille ne voulait plus aller a l'école, et voulait en changer. Élodie en a parlé à son institutrice : "Elle m'a dit qu'elle n'avait rien vu'". L'année suivante, alors qu'Élodie pense que le harcèlement s'est arrêté, elle est appelée pour venir chercher sa fille à l'école. "Quand j'arrive, un animateur de garderie me dit que ces deux filles on poussé ma fille dans une bouche d'égout de la cour d'école." Elena est tombée à l'intérieur. "Elle avait la joue gonflée, un énorme bleu juste en-dessous de l'œil", raconte Élodie. 

La maman demande un rendez-vous avec la directrice et la maîtresse de sa fille : "Elles m'ont dit que ma fille allait bien, donc que c'était le principal". Elodie  écrit un courrier à l'inspection d'académie, resté sans suite concrète. "Rien ni personne n'a rien fait", se désole la maman. Le harcèlement s'est arrêté, mais "ça l'a traumatisée. Maintenant j'ai toujours peur que ça recommence, c'est vraiment angoissant", témoigne Élodie.

"Ma vie est bousillée" 

Tiffany, elle, reste traumatisée. A 28 ans, elle ne se sent pas capable de travailler. Elle a été victime de harcèlement scolaire pendant presque toute sa scolarité, notamment en raison de son poids. "Ma vie est bousillée", tranche-t-elle. "Les brimades ont commencé dès la maternelle où j'étais très timide. On me surnommait 'la muette'. Dans la cour de récré, on me demandait de m'écarter". Les moqueries contre la jeune fille s'aggravent à l’adolescence : "Au collège, on me traitait de 'Big Mama', de 'Sauvez Willy', on me disait 'va manger des gâteaux' et j'en passe." J'allais en cours et à la cantine la peur au ventre", résume-t-elle. Aujourd'hui, la jeune femme souffre de phobies sociales, de dépression et de nombreuses angoisses profondes.

>> Vous pouvez continuer à témoigner dans le post ci-dessous :

Quelques chiffres sur le harcèlement dans les collèges.
Quelques chiffres sur le harcèlement dans les collèges. © Visactu -

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