Les arguments fusent de toutes parts à l’approche de la manifestation du 17 novembre contre la hausse des prix du carburant. Entre les intox, les exagérations et les faits vérifiés, il devient difficile de faire le tri. Petite mise au point sur les grandes questions au cœur de ce débat enflammé.
Oui
Oui
Un peu
Un tiers de l'augmentation des prix est lié à la hausse des taxes :
Mais pourquoi le gouvernement fait-il cela ?
D'abord pour supprimer l'avantage fiscal du diesel.
En 2013, il était moins taxé que l'essence (- 20 cts/l). En 2021, il le sera autant.
Mais le diesel pollue moins que l'essence, non ?
On entend souvent que les véhicules diesel consomment moins de carburant, ce qui leur permet de rejeter moins de CO2 que les voitures à essence (même si certaines sources sont plus nuancées).
Mais ce n'est pas vrai pour tous les types de pollution. Les véhicules diesel, en particulier les plus anciens, émettent plus de particules fines dans l'air. Ils seraient les principaux responsables des 48 000 morts provoqués chaque année en France par cette pollution.
Non
Pour l'essentiel
Le reste, c'est le coût de l'essence hors taxes :
Mais pourquoi cela augmente, alors ?
A cause du prix du pétrole
Le prix du baril a presque triplé depuis 2016. Cela se répercute naturellement sur le tarif à la pompe.
Oui, mais le prix du baril de pétrole est moins cher aujourd'hui qu'il y a cinq ans...
C'est vrai si l'on regarde le cours du baril en dollars. Mais il faut tenir compte du taux de change euro/dollar, qui a beaucoup varié.
En euros, le cours du pétrole se rapproche désormais des sommets atteints en 2012.
Et les raffineries et les distributeurs, ils ne se font pas de marge ?
Si, mais elles ne sont pas responsables de la hausse des prix.
Il y a deux types de marges :
- Celles des raffineries, qui varient dans le temps mais sont limitées (≈ 2-5 cts/l).
- Celles des distributeurs, qui varient fortement d'un établissement à l'autre (en moyenne 11 cts/l).
Le prix du carburant :
Là aussi, seulement en partie. Les taxes représentent depuis longtemps plus de la moitié des prix à la pompe pour l'essence :
La proportion des taxes a davantage augmenté pour le diesel, en raison du « rattrapage » de fiscalité entamé en 2014. Mais elles étaient déjà importantes il y a dix ans :
34 milliards d'euros
Ce sont les recettes totales de la TICPE, principale taxe sur le carburant, en 2018.
Elles sont réparties entre...
Financer la transition écologique, mais pas seulement :
Toutes les taxes collectées ne vont pas financer des mesures environnementales : 7,2 milliards d'euros sont directement fléchés, sur les 33,8 milliards récoltés. Les autres sont versés au pot commun du budget.
De façon assez symptomatique, les 3,9 milliards d'augmentation de la taxe sur les carburants en 2019 ne seront pas fléchés sur le budget de la transition écologique.
C'est réducteur :
L'Etat et les collectivités territoriales financent aussi la transition environnementale par bien d'autres biais.
Même versés au budget général de l'Etat, les taxes sur les carburants peuvent indirectement financer des mesures environnementales, ou d'autres mesures légitimes, comme des infrastructures de transports.
Mais il est vrai qu'un plus grand effort de transparence pourrait être fait.
Oui, vraiment.
Le CO2
Les voitures individuelles et les poids lourds sont responsables d'une partie substantielle des émissions de gaz à effet de serre en France.
La pollution atmosphérique
Les particules (ultra)fines, émises en particulier par les vieux véhicules diesel, nuisent fortement à la qualité de l'air et ont des conséquences sanitaires.
Sur 425 000 morts prématurées par an liées à la pollution de l'air en Europe, 10 000 peuvent être attribuées directement aux émissions d'oxydes d'azote (NOx) des moteurs diesel.
Même les véhicules les plus récents (essence comme diesel) ne règlent pas tous les problèmes. La voiture électrique a aussi des défauts, notamment liés au cycle de vie des batteries et à la production de l'électricité nécessaire à son fonctionnement.
Au-delà du type de moteur et du carburant utilisé, toutes les voitures polluent, à cause de l'abrasion des pneus et des freins et de leur cycle de vie global.
Pas plus qu'avant
Il est clair que la flambée récente des prix pèse sur le portefeuille des ménages. Mais rapporté au pouvoir d'achat ou au salaire minimum de l'époque, le coût de l'essence n'est pas à son plus haut niveau historique – loin de là.
Travailler une heure de smic permet actuellement d'acheter environ six litres d'essence, contre seulement trois litres il y a 40 ans.
Et ailleurs en Europe ?
La France se situe bien dans le haut du panier en termes de prix et de niveau de taxation, mais pas dans des proportions démesurées.
Les taxes représentent en effet 50 à 70 % du prix des carburants dans l'ensemble des pays membres de l'Union européenne.
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