Plus de six semaines après son audition, une des victimes supposées reçoit encore de nombreuses menaces alors que le juge, accusé d'agressions sexuelles vient d’être intronisé à la Cour Suprême.

Plus de six mois après son émouvante audition au Sénat, retransmise en direct et regardée par des millions de téléspectateurs, les avocats de Christine Blasey Ford ont fait état de sa situation actuelle à NPR, la radio publique américaine, le 8 novembre : « les menaces qui pèsent sur Mme Ford persistent ».

Des menaces réelles

En effet, elle a été contrainte de déménager à quatre reprises au cours du mois dernier et fait appel à un service de sécurité privé. Par ailleurs, Christine Blasey Ford n’a toujours pas retrouvé son poste de professeur de psychologie à l'Université Palo Alto en Californie du Nord.

Christine Blasey Ford, professeure de psychologie de 51 ans était sortie du silence en septembre dernier aux Etats-Unis et avait accusé Brett Kavanaugh, candidat au poste de juge à la Cour suprême de l’avoir agressé sexuellement en 1982.

Auditionnée au Sénat le 27 septembre, elle avait raconté avec émotion comment Kavanaugh l'aurait plaquée sur un lit durant une fête puis touchée, avant d'essayer de lui enlever ses vêtements, une main sur sa bouche pour l'empêcher de crier.  

J'étais sûre qu'il allait me violer.

L’affaire qui avait tenu en haleine le pays s’était terminée par la confirmation de la nomination du juge Kavanaugh suite à une enquête du FBI qui n’avait trouvé « aucune trace de comportement inapproprié » de la part de l’homme mis en cause. Ce dernier avait nié toutes allégations mais avait déclaré que sa réputation était détruite à jamais.

Vidéo du jour

Double peine

Alors que les avocats de Christine Blasey Ford confient qu’elle travaille toujours pour remettre sa vie sur des rails, le contraste d’expérience entre l’accusatrice et  Kavanaugh est flagrant. Ce dernier a pu intégrer la Cour Suprême dès le lendemain de son élection et a pu se mettre au travail immédiatement. Le 8 novembre s’est tenue sa cérémonie d’investiture à laquelle assistait le président Donald Trump.

Le même qui avait déclaré un mois plus tôt : « Au nom de notre nation, je souhaite présenter des excuses à Brett et à l'ensemble de la famille Kavanaugh pour la douleur et la souffrance terribles que vous avez été contraints d'endurer. » Une carte de victimisation que Brett Kavanaugh n'avait pas hésité à brandir devant la commission. 

C'est pourtant Christine Blasey Ford qui subit, aujourd’hui, de lourdes conséquences à la suite de cette affaire. Une différence de traitement malheureusement peu surprenante, les accusatrices étant souvent plus prises pour cible que leurs supposés agresseurs. Christine Blasey Ford avait bénéficié du soutien de nombreuses célébrités, qui avaient partagé en masse une photo d'elle prêtant serment devant la commission qui l'a auditionnée.