L’homophobie gagne du terrain en banlieue

Les actes homophobes sont en très nette augmentation dans les cités. Les associations se mobilisent contre la loi du silence.

    « Qui veut porter P'tite fiote ? Madame, voulez-vous PD ou j'ai aussi sa variante pédale ? » Sur les marches du parvis de l'hôtel de ville de Gennevilliers, Terrence Katchadourian distribue les tee-shirts de son association « Stop Homophobie ». « Ce sont les insultes que l'on reçoit tous les jours, donc autant les imprimer sur des tee-shirts pour qu'on les voit », ironise le secrétaire général.

    Un rassemblement contre l'homophobie était organisé ce samedi après-midi dans la ville populaire du nord des Hauts-de-Seine. Un événement rarissime en banlieue, né à l'initiative de Lyes Alouane.

    En mai dernier, cet habitant de la cité-jardins avait osé briser la loi du silence. Il avait raconté dans nos colonnes son quotidien d'homosexuel en banlieue, fait d'insultes, de crachats et d'agressions. Il a depuis rejoint Stop Homophobie, qui l'avait aidé dans ses démarches.

    « Il y a des initiatives et des manifestations à Paris mais en banlieue, rien. Être homo en banlieue n'a rien à voir », insiste Lyes. Ce jeune assistant commercial de la RATP a déposé une vingtaine de plaintes. Toutes classées sans suite. « Ça a débuté le jour où j'ai mis sur Facebook une photo de mon copain et moi, se souvient-il. J'ai reçu des jets de bouteilles, des crachats et des insultes. En Seine-Saint-Denis, je suis tombé dans un guet-apens, je m'en suis sorti avec cinq points de suture ».

    Ce rassemblement, qui n'a attiré qu'une vingtaine de personnes sous un ciel gris, Lyes le veut surtout symbolique. « Je suis là pour dire qu'il ne faut pas abandonner la banlieue, qu'on est ici aussi chez nous. On doit être libres de marcher en ville, en banlieue et à la campagne », espère-t-il au micro.

    560 agressions homophobes en Ile-de-France recensées par Stop Homophobie

    Mais on est encore loin du compte. En 2017, Stop Homophobie avait recensé 447 agressions homophobes en Ile-de-France. « Depuis le début de l'année, on en est à 560 dont 320 en banlieue, précise un responsable. On ne parle pas des insultes mais des agressions publiques avec au moins une claque, un coup… Sur ces 560 cas, seuls 75 ont donné lieu à des plaintes. Beaucoup n'osent pas porter plainte et des fois, la police ne les prend pas… »

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    Les élus de Gennevilliers étaient présents en nombre au rassemblement. « Je veux que tous les modes de vie soient respectés, insiste Patrice Leclerc, le maire PCF de Gennevilliers. Attention, il n'y a pas plus d'agressions de ce type à Gennevilliers qu'ailleurs mais une seule victime d'acte homophobe est une victime de trop. »