MONSTRESophia est la preuve que l’homme n’a pas (encore) trop de souci à se faire

VIDEO. Sophia le robot est la preuve que l’homme n’a pas (encore) trop de souci à se faire

MONSTREL'intervention de Sophia le robot était l'un des rendez-vous les plus attendus du Web Summit...
Ben Goertzel et Sophia le robot pendant le Web Summit, le 7 novembre 2018, à Lisbonne.
Ben Goertzel et Sophia le robot pendant le Web Summit, le 7 novembre 2018, à Lisbonne.  - FRANCISCO LEONG / AFP
Laure Beaudonnet, à Lisbonne

Laure Beaudonnet, à Lisbonne

L'essentiel

  • Ben Goertzel a présenté les dernières évolutions de Sophia le robot. Il en a aussi profité pour dévoiler son petit frère, Han.
  • Sur la scène, le célèbre humanoïde a étonné le public avec ses grimaces un peu flippantes et son humour.
  • Sophia a obtenu la citoyenneté saoudienne en 2017, mais son créateur voudrait aller encore plus loin.

Tout avait si bien commencé. Ben Goertzel, directeur scientifique de Hanson Robotics, est un habitué du Web Summit de Lisbonne. Le voir discuter avec sa créature, Sophia le robot, star mondiale depuis qu’elle a obtenu la citoyenneté saoudienne, est aussi attendue au « Davos des geeks » qu’un spectacle de Céline Dion sur la scène du Caesar Palace de Las Vegas. Enfin presque.

Sur la scène principale, le scientifique aux longs cheveux bouclés s’adresse à ses deux robots -il a également présenté le petit frère, Han. Sophia, qui a laissé ses jambes à Las Vegas, fait le show. Elle montre à la foule ses nouvelles compétences. Non seulement elle est capable de reproduire la plupart des expressions faciales de l’humain -tristesse, dégoût, peur, colère…-, mais elle peut aussi reconnaître celles de son interlocuteur (quand il force le trait). Le public est conquis.

Bientôt le droit de vote pour les robots ?

Devant cette séquence, difficile de ne pas s’interroger sur le futur des robots. Et Ben Goertzel voit les choses en grand. Pendant la conférence de presse organisée après la démonstration publique, il dévoile les ambitions de SingularityNet, l’entreprise qui travaille sur l’idée d’une intelligence artificielle décentralisée. Le cerveau artificiel de Sophia est relié à la plateforme de SingularityNet, un « AI mind cloud » (un nuage d’esprits artificiels). « Le AI mind cloud connecte tous les produits du studio de SingularityNet avec les « pensées » de Sophia et des autres robots. Vous avez une sorte d’organisme biologique digital où toutes les intelligences artificielles de la plateforme apprennent les unes des autres », explique-t-il. En gros, plus il y a de robots et d’IA, plus le réseau devient intelligent. Ca sent le Westworld à plein nez. Est-on à l’orée de voir apparaître des Dolorès dans nos rues ? Sophia n’est-elle que la version archaïque de l’héroïne de la série déjà culte de HBO ?

Ben Goertzel joue la surenchère. Si ses machines sont intelligentes et si elles singent nos émotions, pourquoi n’auraient-elles pas le droit de vote ? « Nous discutons avec Malte pour imaginer un test qui permettrait à une intelligence artificielle de devenir citoyenne d’un pays démocratique », explique-t-il. « Nous n’y sommes pas encore mais nous entamons le processus avec les Maltais. Avec du temps, cela pourrait mener les robots à devenir des citoyens à part entière, à respecter les règles d’une démocratie et même à voter ». Sky is the limit, comme on dit.

Un vautrage et de l’espoir pour les humains

L’intelligence de Sophia progresse vite mais elle n’est pas encore au point, précise-t-il. Et, pas de chance, elle l’a prouvé en direct. La mauvaise connexion Internet la met non seulement en retard, mais lui fait perdre la plupart de ses aptitudes. Au lieu de nous amuser avec ses grimaces et ses blagues improvisées, elle se vautre à chaque interaction. Elle ne comprend les questions que lui pose son mentor et quand elle croit avoir compris, elle crache des définitions tirées de Wikipedia. « Qu’est-ce que ça veut dire être humain ? », lui demande-t-on. « L’adjectif relatif à l’être humain est le nom vernaculaire de la lignée humaine… », répond Sophia de manière mécanique. « Que veut dire être un robot », tente à nouveau Ben Goertzel. Même résultat.

Ben Goertzel demeure imperturbable. Il semble même amusé par les difficultés de sa voisine. De leur côté, les journalistes restent sur leur faim. Les ratés de Sophia permettent toutefois de garder espoir. Les robots ne sont pas près de prendre le contrôle de l’humanité (pour l’instant).

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