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Nadar en 2 minutes

En bref

Sarah Bernhardt, Gustave Courbet, Charles Baudelaire, Eugène Delacroix… Tous ont posé devant l’objectif de Nadar ! De son vrai nom Félix Tournachon (1820–1910), Nadar est incontestablement le photographe des célébrités du XIXe siècle. Ce visionnaire et expérimentateur génial a marqué l’histoire de l’image en devenant le premier photographe aérien, mais aussi l’artiste du portrait photographique sensible, à l’heure du développement quasi industriel de ce nouveau médium.

Félix Nadar, Autoportrait au costume rayé
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Félix Nadar, Autoportrait au costume rayé, 1861

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Photographie réalisée à la lumière électrique • © J. Paul Getty Museum Digital image courtesy of the Getty’s Open Content Program

Il a dit

« La photographie est une découverte merveilleuse, une science qui occupe les intelligences les plus élevées, un art qui aiguise les esprits les plus sagaces – et dont l’application est à la portée du dernier des imbéciles. »

Sa vie

Né en 1820, Félix Tournachon est un vrai gamin de Paris et se trouve confronté assez jeune à la nécessité de travailler pour faire vivre sa famille. Il entre dans la presse, l’une des grandes industries du siècle. C’est par ce biais que le jeune homme se lie avec le milieu des artistes, en particulier Baudelaire. En 1838, il prend le surnom de Nadar.

D’abord caricaturiste pour certains journaux (notamment le célèbre Charivari), Nadar opte finalement pour la photographie, une technique encore jeune et expérimentale. La photographie fut d’abord considérée comme une invention scientifique, avant d’être reconnue comme une expression artistique. Avec audace, Nadar l’exploite en extérieur. En effet, en 1858, il est le premier à embarquer un appareil photographique dans un ballon, ce qui en fait le pionnier de la photographie aérienne !

Nadar est surtout célèbre pour la galerie de portraits des célébrités de son temps, écrivains, artistes et hommes politiques. Dans un premier atelier de la rue Saint-Lazare, il reçoit le beau monde. Nadar (qui s’est associé avec son frère Adrien) parvient à saisir la personnalité de ses modèles en supprimant les accessoires et les décors superflus. Il cherche à saisir la vérité, en jouant habilement des éclairages. Le portrait photographique est, à cette époque, un marché très concurrentiel, voire une véritable industrie. Il rencontre alors le succès commercial. Plus tard, Nadar cédera son commerce à son fils, Paul.

En 1860, Nadar ouvre une grande boutique boulevard des Capucines, sur cet axe fréquenté par le Tout-Paris. C’est l’un de ses étages qu’il louera aux peintres impressionnistes pour leur première exposition, en 1874. À cette époque, Nadar réalise de nouvelles prouesses techniques en parvenant à créer des éclairages artificiels lui permettant de réaliser des prises de vue sans lumière naturelle, notamment dans les catacombes.

Passionné de technologie, Nadar se lance dans la grande aventure de l’aérostation. En 1863, il fait construire un immense ballon capable d’embarquer plusieurs dizaines de personnes à bord. Malheureusement, cette invention ne rencontre pas le succès escompté. Lors de la Commune, en 1870, Nadar se rend célèbre en proposant de construire des ballons militaires. Grâce à l’un d’eux, Gambetta quitte Paris pour Tours, où s’organise la résistance à l’ennemi. Mais le développement de son invention n’est pas financé par le gouvernement.

Sa fin de vie est moins glorieuse. Ruiné, il s’installe dans le Midi. Un dernier sursaut de notoriété lui parvient lors de l’exposition universelle de 1900, où son œuvre est saluée. Le fonds d’atelier de Nadar est aujourd’hui conservé à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, mais de nombreux clichés se trouvent aussi dans les collections des plus grands musées du monde, dont le musée d’Orsay.

Ses œuvres clés

Félix Nadar, Charles Baudelaire
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Félix Nadar, Charles Baudelaire, 1854

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Photographie • Coll. musée d’Orsay, Paris • © RMN-Grand Palais / H. Lewandowski

Charles Baudelaire, 1854

Baudelaire et Nadar furent des amis de longue date, même si leur relation était complexe. Ce cliché appartient au fameux panthéon des célébrités édifié par le photographe à partir des années 1850. Cette photographie montre le poète décontracté, dans une pose simple et naturelle. L’esthétique du flou n’est pas fortuite : elle sert le propos du photographe, qui voulait dévoiler la personnalité intérieure de son modèle, un dandy rêveur.

Félix Nadar, Pierrot Surpris
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Félix Nadar, Pierrot Surpris, 1854

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Epreuve sur papier salé • 2,88 × 2,1 cm • Coll. musée d’Orsay, Paris • © Musée d’Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

Pierrot Surpris, 1854

Cette photographie témoigne de l’engouement pour les arts circassiens, le théâtre et les divertissements populaires à Paris au cours du XIXe siècle. Deburau popularisa le personnage de Pierrot au théâtre des Funambules. Ici, il mime une expression, en forçant le trait, et revisite la tradition italienne de la commedia dell’arte. La série réalisée par Nadar fut exposée avec succès lors de l’Exposition universelle de 1855, où elle reçut une médaille d’or.

Félix Nadar, Sarah Bernhardt, drapée en noir
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Félix Nadar, Sarah Bernhardt, drapée en noir, 1864

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Photographie • Coll et © BnF, département des Estampes et de la photographie

Sarah Bernhardt, drapée en noir, 1864

Ce portrait de la toute jeune tragédienne, encore timide, est bien différent des photographies ultérieures et plus célèbres de Sarah Bernhardt, où elle apparaît triomphante et sûre d’elle. La jeune femme de vingt ans en est encore à ses débuts, et la photographie révèle la fragilité de cette nouvelle pensionnaire de la Comédie française. Elle prend appui sur une colonne, un accessoire fréquent dans les œuvres orientalistes.

Par • le 12 novembre 2018
Retrouvez dans l’Encyclo : Nadar

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