Wauquiez voulait inventer une écologie de droite, un an après il n'en est rien
Il y a un an, Laurent Wauquiez voulait inventer "une écologie de droite". Aujourd'hui, il soutient le mouvement contre la hausse du prix des carburants.
Depuis les débats parlementaires sur la loi agriculture et alimentation, Eric Diard a arrêté la viande. "Je me suis battu comme un fou contre l'élevage des poules et des lapins en cage, contre le broyage des poussins mâles, pour la vidéosurveillance dans les abattoirs… en pure perte", soupire le député LR des Bouches-du-Rhône. Le 15 septembre, il a aussi voté en vain l'amendement LREM inscrivant dans la loi l'interdiction du glyphosate . Cette nuit-là, les bancs des Républicains étaient quasi vides. Et ses quatre collègues présents ont tous voté contre.
"Un petit cochon, ce n'est pas un petit cochon, c'est un porc
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Au sein du groupe LR, Diard est "le végan". Défendre la cause animale dans un parti dont les deux mamelles électorales sont les agriculteurs et les chasseurs, c'est forcément passer pour un original. Et s'attirer les foudres du président des députés LR, Christian Jacob, ancien syndicaliste agricole. Lequel s'est agacé en réunion de groupe : "Un veau, c'est un veau, ce n'est pas un bébé vache! Un petit cochon, ce n'est pas un petit cochon, c'est un porc." Et Diard de marmonner : "Et un imbécile, c'est un imbécile…"
A droite, l'écologie est encore une terre inconnue
A droite, l'écologie est encore une terre inconnue. Et un amendement écrit par la FNSEA, où s'est nichée une faute d'orthographe, se retrouve dans une dizaine d'amendements LR, faute comprise. "L'écologie, c'est un champ en jachère depuis des années", résume pudiquement un proche de Laurent Wauquiez . Avant son élection à la tête du parti, ce dernier avait surpris en assurant, dans son discours au mont Mézenc, vouloir construire "une écologie de droite, [laquelle] passe par des projets et non par des contraintes, le sens de la mesure, le respect de notre héritage, un accueil raisonné du progrès technologique". Un an plus tard au même endroit, il n'a pas eu un mot sur le sujet. Chargé du projet LR, le député Guillaume Larrivé exhorte à la patience : "Ne sous-estimez pas la volonté de notre équipe de s'emparer vraiment de ce sujet." D'ailleurs, l'ex-président de l'Assemblée Bernard Accoyer et le député Julien Aubert planchent déjà dessus, dit-il.
"Cela leur coûtera cher dans les urnes
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Samedi 17 novembre, comme de nombreux responsables LR, Laurent Wauquiez participera au rassemblement contre la hausse du prix des carburants , sans doute chez lui, en Haute-Loire. La droite exige l'arrêt des hausses de taxes qui accompagnent la mise en œuvre d'une fiscalité écologique. Et tant pis si, en 2007, Nicolas Sarkozy avait lui aussi signé le "pacte écologique" de Nicolas Hulot, qui prévoyait, déjà, l'instauration d'une "taxe carbone en croissance régulière". "C'est de la démagogie pure, un retour en arrière coupable, s'énerve Patrick Mignola, président du groupe MoDem à l'Assemblée. Les Républicains ne veulent pas entendre le réchauffement climatique, ni l'impact sur la santé publique. Cela leur coûtera cher dans les urnes."
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L'écologie n'est pas une priorité pour les adhérents LR
A droite, cette position fait pourtant l'unanimité, y compris parmi ceux, comme le député LR Aurélien Pradié, qui se disent sensibles à l'écologie. En 2017, il a voté, avec quatre députés LR, la loi Hulot mettant fin à l'exploitation des hydrocarbures. Mais "ce débat n'a rien à voir avec la question écolo comme on voudrait nous le faire croire, affirme-t-il. C'est un sujet fiscal, et il faut l'aborder comme tel". Pour autant, "la droite a quelque chose à dire sur l'écologie", assure-t-il.
Serge Grouard, lui, n'y croit plus. L'ancien maire d'Orléans s'est mis en retrait de son parti, auquel il reproche son "aveuglement coupable" sur le sujet. "Comment peut-on ne pas être écolo aujourd'hui?, lance l'ex-président de la commission du développement durable de l'Assemblée. On est dans l'urgence absolue, mais ça n'intéresse pas la classe politique." En 2007, Sarkozy avait pourtant confié à Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet le "Grenelle de l'environnement". "C'est un des rares moments où nous avons vraiment progressé, se souvient Grouard. Depuis, il ne s'est plus passé grand-chose." En 2011, Sarkozy avait, il est vrai, décrété que l'environnement, "ça commence à bien faire". Trois ans plus tard, il se prononçait pour l'exploitation du gaz de schiste. Aujourd'hui, quand on les interroge sur leurs priorités pour l'Europe, les adhérents LR placent la lutte contre le réchauffement climatique en septième position, citée par seulement 18% d'entre eux. Le grand soir écolo à droite n'est pas pour demain.
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