Partager
Politique

La grosse déprime de certains socialistes au moment d'emménager à Ivry

L'emménagement du PS à Ivry-sur-Seine divise les socialistes entre nostalgiques de Solférino et adeptes d'un nouveau départ en banlieue parisienne.

1 réaction
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, dans la cour de Solférino, siège du parti, qui va déménager de Paris (VIIe arrondissement) à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne)

Nouveau siège du PS à Ivry : "les journalistes ne viendront plus nous voir"

AFP - JOEL SAGET

C'est un moment redouté par certains, attendus par d'autres : après plusieurs mois de tergiversation, le Parti socialiste a enfin emménagé dans son nouveau siège d'Ivry-sur-Seine lundi 12 novembre. Un "crève coeur" pour beaucoup d'élus et de militants socialistes encore attachés aux locaux historiques de la rue de Solférino, vendus en décembre dernier pour près de 45,55 millions d'euros à la société immobilière Apsys. Il était temps : les équipes socialistes étaient "sans domicile fixe" depuis septembre 2018, et la cession de leurs bureaux parisiens. Maintes fois retardée, l'inauguration du nouveau camp de base du PS, un ancien bâtiment industriel de quatre étages coincé entre les berges de Seine et la gare RER d'Ivry, a été une nouvelle fois repoussée car la date arrêtée correspondait à la journée de mobilisation des "gilets jaunes", le 17 novembre prochain. "Beaucoup d'élus ont émis le souhait d'être sur le terrain en cette journée particulière, confie l'élu marseillais Patrick Mennucci. Il n'y aurait pas eu de publicité plus négative pour le PS que de nous voir tous enfermés à Ivry en plein mouvement social."

A lire aussi >> A la rencontre des derniers militants socialistes français

"Il y a quand même le RER"

Face à la morosité ambiante, les cadres du Parti socialiste s'efforcent de dédramatiser ce départ sur fond de contraintes budgétaires. "Evidemment que c'est moins pratique, mais le problème, c'est surtout pour vous les journalistes : vous ne viendrez plus aux conférences de presse", s'amuse l'ancienne secrétaire d'Etat aux droits des femmes Pascale Boistard. "On ne parle que de ça mais ça ne mérite pas une telle attention, s'agace l'ancien frondeur Laurent Baumel. On ne va pas passer les vingt prochaines années à ressasser la défaite du Parti socialiste à la présidentielle." Le PS qui dispose encore de deux groupes parlementaires à l'Assemblée nationale et au Sénat ne perdra pas toutes ses attaches parisiennes - il pourra même dans certaines conditions organiser ses points presses dans les locaux mis à disposition par les deux chambres. "Et puis ce n'est pas comme si nous allions à Solférino tous les jours", fait remarquer l'ex-ministre hollandais Christian Eckert. "Avant, quand on arrivait gare de Lyon, il nous allait un changement en métro pour rallier Solférino. Aujourd'hui, avec le RER C, c'est direct. Il ne faut pas être tout le temps grognon...", tente de positiver Patrick Mennucci.

Cette unanimité de façade ne résiste pas aux critiques de certains cadres. L'ancien lieutenant de François Hollande, Stéphane Le Foll, qui s'était présenté face à Olivier Faure lors de l'élection du premier secrétaire du Parti socialiste au printemps dernier, juge ce déménagement saugrenu. "Ca ne m'a jamais plût", affirmait-il sur le plateau de Public Sénat en mai dernier. "Quand je pense que le parti communiste est resté, qu'il est toujours place Colonel Fabien, en utilisant son siège pour faire plein de choses, je me dis qu’on aurait quand même pu trouver d’autres solutions, que de bazarder un siège historique". Contacté, il campe sur ses positions : "Je n'étais pas favorable à ce déménagement. Je continue de le penser."

"Cela nous fera pas gagner d'électeurs"

Un autre cadre du PS regrette qu'on ait "sous-estimé la dimension symbolique de ce choix". "En quittant Paris, on installe un sentiment de relégation du Parti socialiste. On s'éloigne des lieux du pouvoir, des ministères, des assemblées..." Ce dernier estime en outre que ce déménagement ne permettra pas de renouer avec un électorat populaire, comme l'affirment parfois certains membres de la direction du PS. "S'installer à Ivry-sur-Seine, dans une ville communiste, ne suffira pas à insuffler une nouvelle ligne politique", critique-t-il. Une poignée de socialistes, comme l'ancien député de Seine-et-Marne Eduardo Rihan Cypel, aujourd'hui reconverti dans le privé, continuent d'espérer que ce changement est provisoire. "Il faut appréhender ce siège d'Ivry comme un lieu temporaire, transitoire, avant notre retour au premier plan qui nous permettra de revenir à Paris", explique-t-il. Et de verser une dernière larme sur Solférino : "C'est là bas que les complots les plus terrifiants, les coups les plus meurtriers, étaient ourdis."

Après la publication de notre article, l'entourage d'Olivier Faure nous a contacté pour nous assurer que les salariés qui ont emménagé cette semaine à Ivry étaient "débordants d'enthousiasme". "C'est un lieu ouvert, tout en transparence, qui n'a pas été choisi au hasard", assurent les conseillers du premier secrétaire du Parti socialiste qui voient dans ces nouveaux locaux le moyen de sortir d'un parti "recroquevillé sur lui même". Pour ce qui est des critiques, la direction du PS dit regretter les propos de quelques "grognards" qui se plaignent "sans même avoir consulté le plan des lieux". "Ce sont des gens qui ne se sont même pas déplacés à Ivry pour voir le siège", enfonce-t-elle.

1 réaction 1 réaction

Centre de préférence
de vos alertes infos

Vos préférences ont bien été enregistrées.

Si vous souhaitez modifier vos centres d'intérêt, vous pouvez à tout moment cliquer sur le lien Notifications, présent en pied de toutes les pages du site.

Vous vous êtes inscrit pour recevoir l’actualité en direct, qu’est-ce qui vous intéresse?

Je souhaite TOUT savoir de l’actualité et je veux recevoir chaque alerte

Je souhaite recevoir uniquement les alertes infos parmi les thématiques suivantes :

Entreprise
Politique
Économie
Automobile
Monde
Je ne souhaite plus recevoir de notifications