Les Tontons flingueurs entrent à l’Université !

La jeune actrice Sabine Singen et Lino Ventura sur la gauche, alors que Francis Blanche vise de son pistolet la jeune fille, sur le tournage des Tontons flingueurs en 1963. ©Getty - Keystone-France/Gamma-Rapho
La jeune actrice Sabine Singen et Lino Ventura sur la gauche, alors que Francis Blanche vise de son pistolet la jeune fille, sur le tournage des Tontons flingueurs en 1963. ©Getty - Keystone-France/Gamma-Rapho
La jeune actrice Sabine Singen et Lino Ventura sur la gauche, alors que Francis Blanche vise de son pistolet la jeune fille, sur le tournage des Tontons flingueurs en 1963. ©Getty - Keystone-France/Gamma-Rapho
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“Faut r'connaître... C'est du brutal !”. Le film culte signé George Lautner et dialogué par Michel Audiard fait l’objet d’un colloque, du 13 au 14 novembre, à la Sorbonne, à Paris. Des universitaires passionnés décortiquent les tontons sous tous les angles possibles.

Les universitaires, ça étudie tout... “C'est même à ça qu'on les r'connaît !” Alors forcément, quand une bande de professeurs fans des Tontons se retrouve, les idées fusent. C'est ainsi qu'est né le colloque Les Tontons flingueurs, si c'est une oeuvre. Du 13 au 14 novembre, sous les ors de la salle Liard, traditionnellement réservée aux soutenances de thèses à la Sorbonne, le film culte sorti en 1963 devient un objet scientifique.

La marche de l'histoire
30 min

Une explication de texte comme pour un classique de la Littérature

L'image dans les Tontons flingueurs, métaphore et métonymie ; le monothématisme et l'athématisme comiques de la musique des "Tontons flingueurs" au service d'une sociologie du goût musical ; du film populaire à l'oeuvre culte... Autant de thématiques développées par une succession de professeurs ou de chercheurs.

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Nous voulions transformer cette oeuvre en objet scientifique.

Pour le professeur en Littérature comparée, Bernard Franco, il fallait "faire entrer à la Sorbonne" cette oeuvre "qui hante la mémoire collective" : "Nous voulions la transformer en objet scientifique". Il considère que le film Les Tontons flingueurs a "des choses à dire sur 1963, sur cette période de transition entre l'après-guerre et le monde moderne américanisé". 

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Le Billet de François Morel
3 min

Dans ce colloque, Bernard Franco donne un cours magistral sur les dialogues de Michel Audiard après les avoir "disséqué" comme il a pu le faire pour des classiques de la littérature française. Il s'est notamment intéressé aux métaphores et métonymies qui rythment le film : "Quand Fernand (le tonton, Lino Ventura) surprend sa nièce dans les bras de son amoureux : le jeune homme essaie de noyer le poisson en parlant d’élixir et de fiole, c'est une série de métonymies. Fernand lui répond qu'il les lui brise menu, c'est une métaphore." Bernard Franco explique qu'"il y a une rencontre de ces deux figures de styles opposées" pour opposer justement les deux personnages.

Les personnages, les dialogues, le registre littéraire et même la musique, tout est donc décortiqué.

"Mon père aurait sans doute souri"

Ouvert au public, sur inscription, le colloque est suivi par quelques étudiants en lettres ou en cinéma. D'autres universitaires sont aussi présents dans la salle ainsi que des nostalgiques. Invités à prendre la parole, ils ont assisté à une scène plutôt inattendue ce mardi 13 novembre lorsqu'un homme demanda des renseignements sur les recherches effectuée par une universitaire : 

En fait, je m'appelle Jacques Audiard...

Le fils de Michel Audiard, lui-même réalisateur, Palme d'Or en 2015, assistait incognito aux exposés. Intrigué par l'existence possible d'un scénario de travail annoté par son père, il demande alors à Isabelle Vanderschelden plus de renseignements. "Un libraire l'avait exposé en janvier dernier, explique-t-elle. Il disait que c'était l'héritage de la secrétaire de Michel Audiard." "Vous voulez dire la maîtresse de mon père ?" interroge Jacques Audiard. Éclats de rires dans la salle. "C'est sûrement une bonne source" s'amuse le réalisateur d'Un prophète.

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Jacques Audiard reconnaît que son père n'aurait sans doute pas imaginé que ses dialogues feraient un jour l'objet d'un colloque universitaire. "Parce qu'il n'avait pas ce réflexe culturel là", pense-t-il. Mais pour lui, "toute oeuvre peut devenir objet d'étude universitaire, ça s'appelle la culture populaire".

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