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Mucoviscidose : progrès constants

Mucoviscidose : progrès constants
Mucoviscidose : progrès constants © DR
La Rédaction

De considérables avancées, commentées par le Pr Isabelle Sermet-Gaudelus*, ont été réalisées dans son traitement. 

Paris Match. Quelle est la fréquence de cette maladie génétique ?
Pr Isabelle Sermet-Gaudelus. Un bébé par jour (sur 4 500) naît dans notre pays avec cette maladie liée à la mutation d’un gène. Il faut que les deux parents aient une mutation de ce gène pour que la maladie s’exprime chez leur enfant. Un Français sur 25 est un porteur sain, c’est-à-dire non malade, mais susceptible de transmettre la mucoviscidose. Les garçons et les filles sont touchés à part égale. Depuis 2002, un test de dépistage systématique est réalisé en France le troisième jour après la naissance (prélèvement d’une goutte de sang sur un papier buvard).

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Comment se caractérise cliniquement cette maladie ?
Par une bronchite chronique avec toux et crachats ramenant un mucus très épais. Sans traitement, le patient s’encombre, les bronches s’obstruent et développent des infections bactériennes. Au fil des années, des lésions irréversibles et des destructions du tissu pulmonaire s’accumulent, jusqu’au stade d’insuffisance respiratoire terminale. La maladie retentit aussi sur d’autres organes : elle altère la digestion des graisses (risque de dénutrition), induit parfois un diabète, une cirrhose du foie, des sinusites chroniques. L’espérance de vie, qui était de quatre à six ans dans les années 1960, est supérieure à 50 ans pour un bébé né en 2018 avec la prise en charge actuelle. Et les nouvelles thérapies vont encore l’améliorer.

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Quel est le mécanisme en cause ?
Du fait de la mutation, la protéine CFTR est soit quasi-absente, soit peu active. Son rôle normal est de favoriser le transport du chlorure dans les sécrétions (bronchique, pancréatique, biliaire, etc.) pour assurer leur bonne hydratation. Dans la mucoviscidose les sécrétions sont épaisses et s’évacuent mal, l’impact sur les poumons étant le plus grave.

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En quoi consiste le traitement de base ?
Au niveau pulmonaire, la toilette bronchique est essentielle. 1. Kinésithérapie respiratoire quotidienne, souvent aidée d’aérosol (sérum salé hypertonique et mucolytique). 2. Antibiotiques en cas de poussées infectieuses, par voie orale ou veineuse selon la bactérie en cause. 3. Oxygène en cas d’insuffisance respiratoire sévère. 4. Des extraits pancréatiques avant chaque repas pour la digestion des graisses, avec, au besoin, un régime aidant la reprise de poids. Le sport est recommandé. Il peut être guidé par des professeurs d’activité physique adaptée (APA).

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Des médicaments d’avenir curatifs sont-ils envisageables ?
Nous disposons de nouveaux produits, activateurs de CFTR, dont deux particulièrement : l’ivacaftor et le lumacaftor. Leur utilisation dépend des mutations en cause et si elles sont identiques ou pas sur les deux chromosomes. 1. L’ivacaftor améliore beaucoup les symptômes et la fonction pulmonaire des sujets portant certaines mutations assez rares (10 % des cas). 2. Quand les sujets sont porteurs sur leurs deux chromosomes de la mutation la plus fréquente (delta F508), soit 50 % des cas, l’association ivacaftor et lumacaftor, possible à partir de 12 ans, permet une amélioration, mais moins nette et moins constante. Une administration plus précoce, dès l’âge de 6 ans, dont l’autorisation serait souhaitable, permettrait de retarder l’évolution de la maladie chez des patients encore peu symptomatiques. 3. Quand un seul des deux gènes altéré porte la mutation delta F508 (30 % des cas), l’association de trois molécules, encore à l’essai, semble prometteuse.

Quelle est la place de la greffe pulmonaire aujourd’hui ?
Tous les patients en insuffisance respiratoire terminale (moins de 30 % de la fonction pulmonaire) sont candidats à la greffe. Au moins 40 sont réalisées en France chaque année. n
* Responsable du centre de mucoviscidose et coresponsable de l’unité Inserm U1151, hôpital Necker-Enfants malades, à Paris.

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