Tortues marines, l'indicateur de la pollution plastique

Par Sandra Carlotti

Bastia

Ce reptile présent en Méditerranée mange les déchets en mer qu'elle confond avec les méduses. En Corse, cinq tortues ont été retrouvées mortes sur les côtes. Explications avec la spécialiste Cathy Cesarini, bénévole au service des espèces protégées

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Dans le contenu stomacal d'une tortue de mer retrouvée morte sur les côtes, il n'est désormais plus rare de trouver toutes sortes de plastiques, comme de petits bidons, des bouchons... Pour ces reptiles, ils présentent le même aspect que leur aliment préféré, la méduse, et se retrouvent à avaler les déchets produits par l'homme.

À tel point que depuis deux ans, cette espèce protégée est devenue l'indicateur de la pollution plastique en Méditerranée. Un autre danger guette les tortues, les filets de pêche dans lesquels elles peuvent s'emprisonner et s'étouffer, leurs poumons étant situés juste sous la carapace.

En Corse, Cathy Cesarini est la seule représentante du réseau des tortues marines de Méditerranée française. Cette spécialiste du milieu marin, qui intervient également sur les échouages de mammifères (lire ci-dessous), est habilitée à intervenir lorsque des spécimens sont découverts morts ou blessés.

"Ce réseau est beaucoup plus récent que celui qui s'occupe des dauphins ou des baleines. Nous ne faisons pas de prélèvements systématiques mais des observations pour contribuer à alimenter la connaissance scientifique."

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Il y a quelques mois, elle a récupéré une tortue accidentellement attrapée par un pêcheur. L'animal a pu être pris en charge et soigné ensuite en Sardaigne, avant d'être réintroduite dans son milieu naturel. Ces animaux font leur apparition lorsque la mer est chaude, entre le printemps et l'automne.

Qu'il s'agisse de prendre en charge les tortues ou les mammifères, Cathy Cesarini est bénévole et ne dispose que de très peu de moyens. Grâce à un financement participatif et une aide de la Dreal*, elle a pu acheter quatre bassins de premiers secours qui sont désormais répartis en Corse. "Il y en a un sur la base de Stella Mare, à Solenzara, à Calvi et à A Cupulatta où se trouve également un vétérinaire référent. Cela nous permet de réagir plus rapidement."

Éclosion des petits sur la plage

Les tortues marines ne viennent sur le sable qu'une seule fois, pour y pondre leurs oeufs. Elles creusent un trou d'une quarantaine de centimètres de profondeur puis elles rebouchent le nid avant de rejoindre la mer. L'éclosion se produit environ un mois et demi plus tard, généralement la nuit. Les traces laissées sur la plage par les reptiles ressemblent aux marques du passage d'un tracteur. "Il ne faut pas hésiter à le signaler car le périmètre où les oeufs ont été déposés doit être délimité afin de les protéger", souligne Cathy Cesarini.

Les tortues peuvent pondre jusqu'à quatre-vingts oeufs, une stratégie de survie de l'espèce puisque très peu de petites tortues parviendront à l'âge adulte. En raison des prédateurs dont elles sont victimes. Leur croissance est lente, il leur faut en moyenne vingt ans pour atteindre l'âge de la maturité.

* Direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement.